Je n’avais que quelques jours lorsque j’ai été baptisée. Et longtemps, très longtemps, je n’ai pu imaginer la vie sans appartenance à une religion, quelle qu’elle soit, toujours sous le regard de Dieu.
Il m’accompagnait, assez gaiement, tout au long de ma journée. Il avait ses anges, chargés de l’aider dans mes diverses demandes, je n’étais jamais seule. Bien sûr certains jours je me serais presque laissée aller à penser que rester à la maison au lieu de m’ennuyer à la messe serait plus agréable, mais vite vite j’effaçais cette "mauvaise pensée" et je suivais la famille au complet à l’église.
Jusqu’à la septième j’étais dans une école privée catholique, une heure de religion chaque semaine, confession durant les heures de cours à la chapelle, procession pour la Vierge Marie au printemps, crèche dans chaque classe avant Noël… la religion réglait notre vie sans que cela ne me pèse. C’était comme ça… j’étais née dans une famille catholique voilà tout !
Petit à petit mes parents prirent leur distance avec la religion et nous suivîmes, bien content de ce petit côté rebelle. C’est comme cela que, pas un de nous ne fit sa communion solennelle, au grand dam de mes grands parents. Déjà nous n’allions plus à la messe et le vendredi il nous arrivait de manger de la viande, mais il fallut encore quelques années avant que l’on abandonna totalement ce qui nous restait des traditions telles que les messes de Noël et celle de Pâques.
Le temps passa, je devins maman. Sans me poser de question il était évident que nous ferions baptiser C. Un ami très proche de notre famille était prêtre, un prêtre que j’aimais pour son esprit d’ouverture, intelligent et qui serait à même d’accueillir ma fille dans cette religion qui me posait tout de même de plus en plus de questions, mais il mourut brutalement et avec lui mourut le désir du baptême.
Resta alors la crèche sous le sapin, et les anges bienfaisants et charmants.
Naquit G., démarrage chaotique dans la vie et un jour qu’il semblait perdre la bataille contre une bactérie redoutable, un prêtre vint me trouver et me proposa de lui donner le sacrement. Je refusais poliment, je n’avais pas la tête à ça.
Un peu plus tard, G. trottant ventre en avant, lors d’une fête chez des amis très pratiquants, attira le regard d’un curé vieillissant.
-Et ce petit, il n’est pas baptisé ?
-Non !
-Mais alors, s’il lui arrive quelque chose, il restera dans les limbes !
Je rétorquais que si Dieu jugeait un enfant sur les actes de ses parents, il ne méritait pas d’être Dieu.
Pourtant, malgré la grande distance que j’ai pris aussi bien avec la religion qu’avec les croyances, il m’est quasi impossible d’être tout à fait athée. Agnostique, il me reste ancrée cette impression d’être constamment observée, et qu’un jour, j’aurais à rendre compte de TOUS les actes de ma vie !
Je n’ai pris conscience de cela que tout dernièrement lors d’une conversation avec G. – Si mes parents nous ont laissé une grande liberté de penser, la religion elle, a phagocytée durablement mon être. Apparemment ce n’est pas le cas de G..
Peut être C. aura-t-elle plus subi les restes de mon éducation religieuse… il faudra que je lui demande !
Il m’accompagnait, assez gaiement, tout au long de ma journée. Il avait ses anges, chargés de l’aider dans mes diverses demandes, je n’étais jamais seule. Bien sûr certains jours je me serais presque laissée aller à penser que rester à la maison au lieu de m’ennuyer à la messe serait plus agréable, mais vite vite j’effaçais cette "mauvaise pensée" et je suivais la famille au complet à l’église.
Jusqu’à la septième j’étais dans une école privée catholique, une heure de religion chaque semaine, confession durant les heures de cours à la chapelle, procession pour la Vierge Marie au printemps, crèche dans chaque classe avant Noël… la religion réglait notre vie sans que cela ne me pèse. C’était comme ça… j’étais née dans une famille catholique voilà tout !
Petit à petit mes parents prirent leur distance avec la religion et nous suivîmes, bien content de ce petit côté rebelle. C’est comme cela que, pas un de nous ne fit sa communion solennelle, au grand dam de mes grands parents. Déjà nous n’allions plus à la messe et le vendredi il nous arrivait de manger de la viande, mais il fallut encore quelques années avant que l’on abandonna totalement ce qui nous restait des traditions telles que les messes de Noël et celle de Pâques.
Le temps passa, je devins maman. Sans me poser de question il était évident que nous ferions baptiser C. Un ami très proche de notre famille était prêtre, un prêtre que j’aimais pour son esprit d’ouverture, intelligent et qui serait à même d’accueillir ma fille dans cette religion qui me posait tout de même de plus en plus de questions, mais il mourut brutalement et avec lui mourut le désir du baptême.
Resta alors la crèche sous le sapin, et les anges bienfaisants et charmants.
Naquit G., démarrage chaotique dans la vie et un jour qu’il semblait perdre la bataille contre une bactérie redoutable, un prêtre vint me trouver et me proposa de lui donner le sacrement. Je refusais poliment, je n’avais pas la tête à ça.
Un peu plus tard, G. trottant ventre en avant, lors d’une fête chez des amis très pratiquants, attira le regard d’un curé vieillissant.
-Et ce petit, il n’est pas baptisé ?
-Non !
-Mais alors, s’il lui arrive quelque chose, il restera dans les limbes !
Je rétorquais que si Dieu jugeait un enfant sur les actes de ses parents, il ne méritait pas d’être Dieu.
Pourtant, malgré la grande distance que j’ai pris aussi bien avec la religion qu’avec les croyances, il m’est quasi impossible d’être tout à fait athée. Agnostique, il me reste ancrée cette impression d’être constamment observée, et qu’un jour, j’aurais à rendre compte de TOUS les actes de ma vie !
Je n’ai pris conscience de cela que tout dernièrement lors d’une conversation avec G. – Si mes parents nous ont laissé une grande liberté de penser, la religion elle, a phagocytée durablement mon être. Apparemment ce n’est pas le cas de G..
Peut être C. aura-t-elle plus subi les restes de mon éducation religieuse… il faudra que je lui demande !
10 commentaires:
J'ai été baptisé, très tôt, par un curé ami de ma mère. Il fut professeur en son temps à Thônes, puis de très longues années curé de Collonges-sous-Salève avant de couler une paisible retraite au presbytère d'Excenevex. Il était aussi mon parrain.
Je ne suis pas croyant et je crains beaucoup des dérives religieuses, même si l'un n'a rien à voir avec l'autre.
J'ai souvent parlé du sujet avec lui, il était très ouvert, très tolérant. Jamais il ne m'a jugé, jamais il n'a émis la moindre critique au fait que je ne crois pas. Il a été, quand il l'a fallu, le "père".
Je dérive vers le hors sujet, mais je sais Valérie que ces noms de villages te parleront :)
Tu es plutôt dans le sujet je trouve.
Le prêtre ami de ma famille était comme ton parrain, et c'est sans doute ce qui m'avait donné envie de lui confier ma fille. Il y a aussi qu'en Alsace la religion est encore très présente, alors imagine il y a cinquante ans !
Ce qui m'étonne Valérie c'est que tes parents aient pris leurs distances avec la religion alors que tu avais déjà 10-11 ans (fin de 7e). Ils étaient donc dans la trentaine. Il me semble qu'en général ce genre de virage se prend plus tôt dans la vie, soit à l'adolescence, soit dans la première moitié de la vingtaine. Le changement d'opinion de tes parents a-t-il eu une raison particulière ?
J'ai aussi eu une éducation très catholique puis avec un archevêque dans la famille plus un Père et quelques religieuses, tout ça était normal.
Ma petite révolution à moi fut de choisir Jésus comme interlocuteur à l'adolescence et bien évidemment de délaisser les offices religieux.
Pourtant; j'ai fais un mariage à l'église et après d'infructueux essais pour être enceinte: j'ai solonellement offert à Dieu ces futurs bambins. Avec les années; je les ai toujours sentis sous sa protection. Je n'ai jamais angoissé à leurs sujet.
Quand ils étaient petits, dans le village où on habitaient au Québec, je me suis beaucoup impliquée durant 5 ans au niveau du catéchisme de la Première communion. De présenter Jésus comme un ami, un grand frère me plaisait bien.
Évidemment mes enfants ont reçu les sacrements d'usages: baptême, Première communion et Communion solonelle.
Ce qui n'empêche pas ma fille d'être mariée à un musulman depuis 3 ans et de naviguer dans ce nouvel univers religieux. J'estime qu'elle ne nie pas sa religion pour autant.
Kinkapricorne - Mes parents sont nés dans une Alsace ultra religieuse, ma grand'mère maternelle ne faisait rien sans l'accord de son prêtre, ma gran'mère paternelle était plus délurée étant veuve très jeune. Cette génération née dans les années trente, était encore très "coincée" par les dogmes. Ils ont beaucoup travaillé en groupe (avec des amis et ce fameux prêtre) pour arriver à se défaire de cette éducation religieuse.
Béo - Nous nous sommes mariés à la mairie, je ne me voyais pas le faire à l'église n'ayant plus aucune affinité avec le catholicisme, mais il me restait cette culpabilité hérité de mon éducation faite à l'école qui me poussait à baptiser ma fille.
J'ai eu aussi une éducation très catholique... Agnostique aussi depuis longtemps, s'il ne me reste pas, je crois, "cette impression d’être constamment observé", c'est vrai que j'ai d'autres vestiges, d'autres mécanismes gravés à jamais quelque part en moi... Un certain sens de la culpabilité, sans doute. Ou des superstitions, comme le "goût des cierges" que je me suis découvert récemment...
Moi je n'ai pas eu d'éducation religieuse, ce qui me semble un plus, vu les souvenirs que ça laisse à la plupart des gens. Je n'ai pas l'impression d'être observée, mais accompagnée. Ou alors, l'impression d'une sorte de prière amère et perpétuelle.
Avoir le sentiment que tous ses actes sont observés, voilà qui me laisse songeuse. Je n'imaginais pas que la religion c'était aussi ça. Sais-tu que tu me donnes envie d'écrire un billet parce que tu réveilles des souvenirs ?
Baptisé, communion solenelle, louvetaux et puis servant de messe rien que ca ! Il faut dire que pour moi la religion c'etait la jolie messe en latin et puis surtout un curé humaniste le Père Jean qui nous emmeneait en camps de vacances à Angy dans l'Oise. Après ca c'est gâté suite a une discussion sur les possessions du Pape et du Vatican depuis j'ai quitté l'église. Je crois a une présence mais qu'elle est son nom aucune idée, j'essaye surtout d'avoir foi en l'homme :o)
Tiens moi aussi j'ai fait partie des guides de France :) mais mon esprit trop rebelle ne m'a pas permis d'y rester.
Il me semble que la religion est de plus en plus un prétexte de clivage, de repli, loin de la tolérance qu'elle prône. Je suis comme toi Jipes, j'ai foi en l'homme... pffff il faut en avoir en ce moment !
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