Nous passions nos vies dans les photomatons. Ces appareils qui magiquement nous restituaient nos portraits en quelques minutes nous amusaient follement. Dès que nous étions ensemble, nous filions dans la cabine, un ou deux francs, quatre photos et hop la collection s'enrichissait d'un nouvel instant de notre vie. Nous en avions des sacs pleins, il fallait à chaque fois se renouveler. Parfois nous acceptions, après supplications, qu'un ami nous rejoigne. Il entrait avec nous dans la cabine mais nous gardions le portrait, c'était déjà un privilège de poser avec nous.
Nous avions quasiment le même âge, elle était née juste un jour avant moi. A dix huit ans, alors que je prenais mon indépendance, elle avait eu une petite fille. Cela n'avait pas changé notre amitié, au lieu d'être deux, nous étions trois. Nous trimballions partout avec nous son enfant chérie, elle était mariée, mais je n'ai pas le souvenir que son mari ait fait partie une seule fois de nos sorties. Elle s'était mariée juste parce qu'elle était enceinte, des larmes pleins les yeux, mais rapidement elle avait quitté ce mari, gentil, mais si loin de nous.
Longtemps inséparables, puis nous éloignant lentement l'une de l'autre, notre amitié restait forte.
Insidieusement elle avait rejoint des contrées trop éloignées pour moi, plongée dans l'histoire de G.
Je savais qu'elle allait mal...
Début juillet 96, en vacances en Alsace dans la maison familiale, le soleil illumine la cuisine, nous préparons le repas. La porte est ouverte et virevolte dans l'air chaud des papillons velours. Je lave la salade dans l'évier en grès, JP prépare les poulets, mon père qui s'occupe du four à pain se retourne et dit
- Tu ne connaissais pas une Nadia B. ?
- Si ! Pourquoi ?
- J'ai vu son avis de décès dans l'Alsace, si tu veux je l'ai découpé.
J'étais là, regardant les arbres à travers la fenêtre, les mains inertes dans la salade, des larmes coulant doucement sur mon visage. Elle avait abandonnée sa vie trop lourde et ne m'avait pas appelée.
Nous avions quasiment le même âge, elle était née juste un jour avant moi. A dix huit ans, alors que je prenais mon indépendance, elle avait eu une petite fille. Cela n'avait pas changé notre amitié, au lieu d'être deux, nous étions trois. Nous trimballions partout avec nous son enfant chérie, elle était mariée, mais je n'ai pas le souvenir que son mari ait fait partie une seule fois de nos sorties. Elle s'était mariée juste parce qu'elle était enceinte, des larmes pleins les yeux, mais rapidement elle avait quitté ce mari, gentil, mais si loin de nous.
Longtemps inséparables, puis nous éloignant lentement l'une de l'autre, notre amitié restait forte.
Insidieusement elle avait rejoint des contrées trop éloignées pour moi, plongée dans l'histoire de G.
Je savais qu'elle allait mal...
Début juillet 96, en vacances en Alsace dans la maison familiale, le soleil illumine la cuisine, nous préparons le repas. La porte est ouverte et virevolte dans l'air chaud des papillons velours. Je lave la salade dans l'évier en grès, JP prépare les poulets, mon père qui s'occupe du four à pain se retourne et dit
- Tu ne connaissais pas une Nadia B. ?
- Si ! Pourquoi ?
- J'ai vu son avis de décès dans l'Alsace, si tu veux je l'ai découpé.
J'étais là, regardant les arbres à travers la fenêtre, les mains inertes dans la salade, des larmes coulant doucement sur mon visage. Elle avait abandonnée sa vie trop lourde et ne m'avait pas appelée.
7 commentaires:
ffffiou.
Que dire. Que j'ai vécu quelque chose que ton texte me rappelle.
Mon amie et moi aussi avons passé des heures de délire dans les photomaton.
Nous nous sommes aussi perdues de vue.
Elle est allé très mal aussi.
je ne sais pas ce qu'elle est devenue
J'ai lu ton message plusieurs fois...
J'ai regardé les photos une à une, plusieurs fois. Qu'elles sont belles ! Que vous êtes belles dessus. Il y a ce truc dans les photomaton, ce grain, et cette posture.
Et puis, ma vue s'est brouillée.
Il remue ce billet.
Bonne journée Valérie
malgré la tristesse qu'il dégage, il est beau ton billet, ton souvenir de Nadia, qu'on dirait ta soeur (laquelle des deux est elle ?), il est beau ton blog, malgré la tristesse parfois
c'est une perte irrémédiable, douloureuse. Mais reste ces sourires et cette complicité, elle t'a fait en partie , t'a construite , elle est en toi et reste cette joie partagée si présente sur les photos. à très bien tôt et bon week end, merci énormément pour ton message , du coup je vais me secouer. Chicorée
Les photos sont très touchantes, même sans ton texte.
Merci de nous avoir parlé de Nadia. Elle restera avec nous, en nous...
Tu es une amie précieuse, Valérie.
Tu auras eu la chance d'avoir une complice alter ego, précieuse chose que cela et malgré la tristesse évidente, il reste le souvenir de ces superbes moments !
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