jeudi 24 janvier 2008

1997

Nous sommes à Léon dans un camping immense aux multiples étoiles. Piscines, toboggans, karaoké le soir, bal le samedi, commerces divers et beaucoup beaucoup de monde et de caravanes. Nous campons très simplement et nos places sont au bout du terrain, isolées, nous sommes les seuls à être si dépouillés et c'est tant mieux.
Nos deux tentes sont proches, le matin je n'ai que deux trois pas à faire pour donner le FK à G., j'enfile juste un tee shirt sur les épaules pour la décence, à six heures il n'y a pas grand monde debout. Elles sont plantées sur un petit monticule très utile en cas d'orage. Une table, quatre chaises, un réchaud, une glacière et des lits de camps, on est heureux. JP fait la gueule, mais cela fait maintenant quatre ans qu'il déprime dès qu'il quitte la maison... plus tard nous en aurons l'explication, en quittant la maison il quittait son amoureuse !

Nous allons tous les jours à la plage, mais ce jour là, direction le médecin... JP est malade ! La consultation dure un moment et, cela devient une habitude, JP est hospitalisé... nous partons à Dax !
Les infirmières sont adorables, très jolies, JP revit et moi aussi à l'idée de le laisser lui et sa tronche de cake quelques jours là bas. Pendant qu'il s'installe, ravit d'avoir la télévision dans la chambre, les enfants et moi partons faire quelques courses pour agrémenter son séjour. Dentifrice, shampooing, lecture, friandises... nous déposons tout ça, petits baisers et nous repartons à Léon, à la mer.

Même si en ce moment l'amour est loin d'être de folie entre JP et moi, j'ai le coeur serré de le voir mois après mois décliner, ne pas remonter la pente, sentir qu'il y a quelque chose qui ne tourne vraiment plus rond entre nous. Les enfants aussi sont un peu brouillardeux, alors tout d'abord trouver un marchand de glace italienne, les meilleures et les préférées, ensuite nous irons nous baigner, nous balader dans les forêts de pins, et ce soir nous mangerons des pâtes. Le moral de la troupe remonte, le soleil brille, et puis papa est si bien dans sa chambre, G. garde de bons souvenirs de ses hospitalisations et cela ne le tracasse pas plus que ça.


Le soir nous profitons de la sérénité accordée par l'absence de JP, nous bavardons un moment encore après le repas, allons ensemble faire la vaisselle puis les enfants rejoignent leur tente pour y lire un peu avant de s'endormir tranquillement. Je reste éveillée, allongée sur le lit de camp, suprême confort j'ai deux sacs de couchage, je lis un polar. Qu'est ce qui a fait qu'à ce moment là je me suis palpé la poitrine ? Stupeur !... je sens une boule très nettement dans le sein droit, ronde, dure, la taille d'une bille... je me glace. Est-ce possible qu'une nouvelle tuile nous tombe sur la tête ? Et pourquoi pas ? Serait-ce dans l'ordre des choses ? J'élabore déjà l'avenir, et si cela est vraiment grave ? JP dont l'espérance de vie est si ténue, les enfants encore si petits, G. à peine six ans, C. tout juste douze ans ? A ce moment un orage éclate, violent, une pluie drue qui inonde instantanément la partie basse du camping. J'enfile un maillot de bain, sors pour aller rassurer les enfants et surtout leur dire de rester enfermés. Déjà des voisins sont là pour m'aider. Ils ont des pelles avec lesquelles ils commencent à creuser autour des tentes pour permettre à l'eau à de s'écouler. Je m'approche de la tente, le craquement des éclairs suivi du tonnerre est effrayant, l'orage est juste au dessus, il faut hurler pour se faire entendre. Je me colle à la toile de tente et crie aux enfants de ne surtout pas sortir, de ne pas avoir peur, nous sommes là, ils ne risquent rien. Je vocifère, ils ne répondent pas ! Sans aucun doute terrifiés, mais ils obéissent, ce sont des amours.
Au bout de deux heures l'orage s'éloigne, je demande encore aux enfants de ne pas ouvrir la tente pour qu'elle reste étanche et je vais me coucher... épuisée je m'endors.

Six heures, l'heure du FK, j'ouvre la tente, profond sommeil, la tente est sèche, pas d'inondation.
Je me fais un café, continue mon polar, ce côté du camping est calme alors que plus loin les pompiers s'activent encore pour évacuer l'eau qui a envahit la plupart des caravanes et mobil homes. G. sort une tête toute chiffonnée, se frotte les yeux, me sourit
- Tu n'as pas eu trop peur cette nuit pendant l'orage ?
- Il me regarde étonné - l'orage ?
- Oui cette nuit quand je criais pour vous dire de ne pas sortir.
- Encore plus étonné, il n'a rien entendu. Ni lui, ni sa sœur ! Ils dormaient !
Il regrette, il aurait aimé voir les pompiers, aimé creuser autour de la tente, sortir la nuit en maillot de bain sous la pluie.

Les vacances continuent, j'arrive à faire abstraction de ce nodule. Si j'ai appris une chose depuis quelques années, c'est de profiter de l'instant, celui où l'on est vivant. Nous récupèrerons JP au bout d'une semaine, nous irons manger des moules, nous baigner dans les rouleaux et rejoindre un soir une copine de greffe qui habite près de la dune du Pilat, que les enfants dévalerons en criant de plaisir.

Tout compte fait nous avons cette année là passé de très bonnes vacances !

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Je n'ai peut être pas lu certains de tes anciens billets... mais que sont les FK ?

Il transmet énormément de nostalgie et d'amertume je trouve ton billet. Il m'a plongée dans un mélange de tristesse et de fatalisme... Et puis à la fin, on a comme l'impression que les trombes d'eau de l'orage viennent laver et mettre de l'ordre dans tout ça.

Anonyme a dit…

Je suis remontée dans tes archives... et j'ai vu le billet où tu expliques ce dont il s'agit !! Je retourne à ma lecture minutieuse de tes anciens billets :)

Anonyme a dit…

Ton talent naturel à nous faire partager les ambiances et les émotions est ahurissant. Merci pour cela.

Jipes Blues a dit…

Le sommeil des innocents ;o) Bien belle histoire de vacances réussies !