Quelques enfants finissent de ranger leurs chaussons, d'autres ont déjà enfilé leurs cagoules, des mamans s'attardent cherchant une chaussure, un gant, le sac du goûter, je bavarde avec la maîtresse. Cet après-midi toute la classe a visité la grande école et les enfants ont passé une évaluation pour détecter d'éventuelles difficultés, G. est content, il aime l'école, il aime apprendre, il n'y a pas de doute il ira au CP l'année prochaine. Madame C. me dit combien elle aime ce petit garçon "Vous n'imaginez pas ce que cet enfant m'apporte comme bonheur, c'est ma dernière année d'institutrice, j'ai vu tant et tant d'enfants mais celui là est différent, c'est un soleil, il illumine ma vie". Je suis émue et nous nous embrassons toutes les deux en souriant.
Demain pas d'école ! On se dit " A jeudi ! "
Brrr il fait froid, la bise nous gèle le nez, on court on court et demain on ira au parc.
Tu as pris ton goûter ? Ton écharpe ! Regarde les arbres sont givrés. G. me donne la main, nous marchons d'un bon pas, l'école est juste à côté. De la cuisine on peut voir la cour de récréation. Au passage piéton on croise le papi qui revient tenant par la main Alexandre, un copain de G.. "Mais... il n'y a pas classe ?" Il baisse la tête, bougonne "... maîtresse... mari... mort... école fermée" et s'en va d'un pas incertain. Je n'ai pas compris, pas d'école ? "Allez viens on va voir "
C'est écrit sur une feuille blanche " En raison du décès de Madame C. l'école est fermée aujourd'hui".
Madame C., notre maîtresse ?
Nous sommes là, plantées devant l'affichette, hébétées - Morte ! - Mais comment peut on mourir comme ça, brusquement, en pleine vie ! Dans ce temps suspendu les enfants courent, s'appellent, sautent sur les bancs. On est là sans mot, s'accrochant à cet instant où l'on espère encore une erreur, et puis il faut partir, rentrer à la maison, expliquer simplement que la maîtresse est morte, hier, et que l'on ne la verra plus, plus jamais.
5 décembre 1996
Demain pas d'école ! On se dit " A jeudi ! "
Brrr il fait froid, la bise nous gèle le nez, on court on court et demain on ira au parc.
Tu as pris ton goûter ? Ton écharpe ! Regarde les arbres sont givrés. G. me donne la main, nous marchons d'un bon pas, l'école est juste à côté. De la cuisine on peut voir la cour de récréation. Au passage piéton on croise le papi qui revient tenant par la main Alexandre, un copain de G.. "Mais... il n'y a pas classe ?" Il baisse la tête, bougonne "... maîtresse... mari... mort... école fermée" et s'en va d'un pas incertain. Je n'ai pas compris, pas d'école ? "Allez viens on va voir "
C'est écrit sur une feuille blanche " En raison du décès de Madame C. l'école est fermée aujourd'hui".
Madame C., notre maîtresse ?
Nous sommes là, plantées devant l'affichette, hébétées - Morte ! - Mais comment peut on mourir comme ça, brusquement, en pleine vie ! Dans ce temps suspendu les enfants courent, s'appellent, sautent sur les bancs. On est là sans mot, s'accrochant à cet instant où l'on espère encore une erreur, et puis il faut partir, rentrer à la maison, expliquer simplement que la maîtresse est morte, hier, et que l'on ne la verra plus, plus jamais.
5 décembre 1996
4 commentaires:
oh quelle histoire de la vie terrible, et ce quotidien qui continue avec les enfants qui jouent ! à bientôt,
La vie, ça va, ça vient. Pas facile d'expliquer tout ça aux enfants...
J'en frisonne ! C'est une terrible histoire.
Cela avait beaucoup plus secoué les parents que les enfants. Eux avaient rencontré leur nouvelle maîtresse, qui hasard total était la fille de nos anciens voisins et que j'avais connue toute petite ;)
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