Un soir, tout au début de 1975, nous avions eu une réunion familiale. Je vois encore ce cercle où mon père présidait. Ma mère étant une fois de plus à Paris pour une énième séance d'analyse, il y avait donc mes trois frères, ma sœur et moi-même, objet de cette réunion extraordinaire. Je ne me rappelle plus exactement comment s'est déroulée cette réunion, le sujet brûlant étant des clefs perdues et devait donc en ressortir qui de nous cinq en était le responsable. Bien évidemment c'était moi, tout le monde le savait, mon père en premier, mais il fallait dramatiser cette perte pour que sans doute je prenne conscience de la gravité de la chose. Je vois encore mon père, face à moi, m'exhortant à dire au moins un mot, et moi muette jusqu'au boutiste, absente. Après m'avoir accusée, entre autre, d'avoir donné ces clefs à mes copains (délinquants il va sans dire) pour qu'ils viennent cambrioler notre appartement, mon père excédé leva la séance et partit à une réunion. Mes frères et sœur reprirent tranquillement le chemin de leurs chambres, moi je décidais de quitter une fois pour toute cette famille dans laquelle je n'avais plus ma place.
Dans un sac je glissais une chemise de nuit, un pull, quelques affaires et sur la pointe des pieds je quittais l'appartement. Sur le palier mon courage rafraîchi par le noir du dehors, je choisis de grimper au grenier où je savais trouver un endroit pas trop froid pour dormir ma première nuit de liberté. Je me souviens de l'étroitesse de ma couche, je grelottais, des bruits, craquements, d'une nuit où je ne dormis que d'un œil. Le lendemain je traînais en ville, et comme j'avais faim, au culot, j'allais manger à la cantine du lycée. Ensuite j'ai un grand flou, je sais que je suis restée quinze jours à me balader librement.
Un jour je pris le train pour Strasbourg. Comment me suis-je retrouvée chez Armand A. ? Il était l'amant de mon amie Josiane, sans doute m'avait elle conseillée d'y aller ? Toujours est-il qu'il m'avait proposée de passer la nuit chez lui. J'étais à l'époque très immature malgré mes dix sept ans et très intimidée par cet homme de dix ans mon aîné, mais la perspective de dormir dans un lit était tellement tentante que j'acceptais son invitation. Il me prépara un lit de fortune sur son canapé et rejoignit sa chambre. J'enfilais ma chemise de nuit et tentais de m'endormir. Au milieu de la nuit il vint me chercher "Viens, il fait vraiment froid, tu seras mieux dans mon lit". J'avais très froid c'est vrai, je le suivis donc docilement et me couchais chastement à côté, près du bord, gardant mes distances. Ensuite... il effleura mes pieds, lentement s'approcha, enleva ma chemise de nuit, il me déflora...
Voilà ! Une bonne chose de faite !
Je basculais dans la cour des grandes et même si cela n'avait pas été un grand moment de plaisir c'était malgré tout une étape cruciale qui s'était plutôt bien passée.
La suite avait été moins drôle, tout d'abord Armand avait été furieux que je ne l'aie pas prévenu de ma virginité, puis Josiane folle de rage me bannie à jamais de sa vie.
Mais tout compte fait, se faire dépuceler par un excellent musicien présageait une vie sexuelle plutôt artistique.
Grandie dans ma tête, je décidais de rentrer à la maison. Mon père ne m'adressa pas la parole pendant deux mois, personne ne parla de cet épisode, j'attendis mes règles avec un peu d'appréhension, mais dieu que je me sentais forte maintenant.
Armand pris de mes nouvelles avec beaucoup de gentillesse, m'offrit des places régulièrement pour ses concerts et quelques mois plus tard je quittais pour de bon ma famille et pris mon envol.
Dans un sac je glissais une chemise de nuit, un pull, quelques affaires et sur la pointe des pieds je quittais l'appartement. Sur le palier mon courage rafraîchi par le noir du dehors, je choisis de grimper au grenier où je savais trouver un endroit pas trop froid pour dormir ma première nuit de liberté. Je me souviens de l'étroitesse de ma couche, je grelottais, des bruits, craquements, d'une nuit où je ne dormis que d'un œil. Le lendemain je traînais en ville, et comme j'avais faim, au culot, j'allais manger à la cantine du lycée. Ensuite j'ai un grand flou, je sais que je suis restée quinze jours à me balader librement.
Un jour je pris le train pour Strasbourg. Comment me suis-je retrouvée chez Armand A. ? Il était l'amant de mon amie Josiane, sans doute m'avait elle conseillée d'y aller ? Toujours est-il qu'il m'avait proposée de passer la nuit chez lui. J'étais à l'époque très immature malgré mes dix sept ans et très intimidée par cet homme de dix ans mon aîné, mais la perspective de dormir dans un lit était tellement tentante que j'acceptais son invitation. Il me prépara un lit de fortune sur son canapé et rejoignit sa chambre. J'enfilais ma chemise de nuit et tentais de m'endormir. Au milieu de la nuit il vint me chercher "Viens, il fait vraiment froid, tu seras mieux dans mon lit". J'avais très froid c'est vrai, je le suivis donc docilement et me couchais chastement à côté, près du bord, gardant mes distances. Ensuite... il effleura mes pieds, lentement s'approcha, enleva ma chemise de nuit, il me déflora...
Voilà ! Une bonne chose de faite !
Je basculais dans la cour des grandes et même si cela n'avait pas été un grand moment de plaisir c'était malgré tout une étape cruciale qui s'était plutôt bien passée.
La suite avait été moins drôle, tout d'abord Armand avait été furieux que je ne l'aie pas prévenu de ma virginité, puis Josiane folle de rage me bannie à jamais de sa vie.
Mais tout compte fait, se faire dépuceler par un excellent musicien présageait une vie sexuelle plutôt artistique.
Grandie dans ma tête, je décidais de rentrer à la maison. Mon père ne m'adressa pas la parole pendant deux mois, personne ne parla de cet épisode, j'attendis mes règles avec un peu d'appréhension, mais dieu que je me sentais forte maintenant.
Armand pris de mes nouvelles avec beaucoup de gentillesse, m'offrit des places régulièrement pour ses concerts et quelques mois plus tard je quittais pour de bon ma famille et pris mon envol.
5 commentaires:
C'est plutôt l'ouverture d'une opéra majeure !
(Je réalise quelques heures après que j'aurais dû dire « un opéra majeur » ; pourquoi "opéra" est masculin en français ? va savoir ! :-) ).
Eh ben, t'en as eu du courage! Je ne m'entendais pas du tout avec mes parents, mais je n'ai jamais eu le courage de faire une fugue. En fait, j'ai plutôt réussi à leur faire un tel chantage qu'ils ont fini par me payer un petit studio pour que je leur fiche la paix...
Quel caractère et quel humour ! J'aime bien ton estimation : voila une bonne chose de faite !
Plus que du courage, je parlerais de totale inconscience, d'immaturité complète. Mais je me suis bien amusée !
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