A 18 ans et quatre mois, éjectée de ma famille, je découvrais la vie exaltante de la jeunesse mulhousienne. Je m'étais trouvé un "appartement" rue Vauban, sous les toits, composé de 2 pièces et une cuisine avec eau courante mais froide. D'un côté du couloir ma chambre et la cuisine, de l'autre une pièce chambre d'amis. Personne ne montait sous les combles et j'avais une paix royale. Bien sûr en Hiver il faisait froid, très froid même, mais j'étais chez moi, Heureuse. Juste en face il y avait une caserne peu fréquentée certes, mais où des plantons non fumeurs dont j'avais fait la connaissance, m'offraient leur cartouche de gauloise sans filtre. A la guerre comme à la guerre, nous roulions donc nos joints à la Gauloise. Un peu plus loin, un bistrot de quartier m'avait accueillie comme serveuse. Ma première bière tirée avait fait douter un instant le patron du bien fondé de mon embauche, mais assez vite j'étais devenue la reine du faux col, du CRS (café rhum sucre) et des tomates. Le premier jour, hormis la bière composé de 4/5ème de mousse et d'un fond de liquide, j'avais joliment présenté un jus de tomate avec le sel de céleri et la petite cuillère, le tout apporté sur un plateau avec grâce. L'air ahuri du client s'attendant à un truc plus alcoolisé, m'avait fait prendre toute la dimension de mes lacunes bistrotières, vite rattrapées par la suite. J'oubliais parfois de me réveiller, mais mon insouciance d'alors faisait tomber toutes la velléités agressives et vaille que vaille je faisais mon apprentissage de la liberté.
Un soir, Anne Marie, se mit en tête de me faire goûter un acide. Une pyramide pour être tout à fait précise. Elle rassura ma crainte de "perdre ma tête" et religieusement nous prîmes chacune une moitié de ce petit cailloux. Attentive au moindre changement environnemental, je ne bougeais pas de mon lit. Je regardais ma chambre très spartiate, un matelas par terre, un mur peint de quelques nuages blancs sur fond bleu, une radio et un tourne disque (33 et 45 tours). Rien, rien de rien. Nous discutions, toujours aux aguets, mais décidément cet acide devait être éventé.
Cela devait faire une bonne demi-heure que nous nous vautrions de rire en regardant le mur en face lorsqu'Anne Marie me dit "je crois bien qu'on est raide" - Nous l'étions totalement et nous décidâmes de faire un tour. Je nouais avec chic un foulard autour de ma tête, de peur qu'elle ne s'envole, et nous dévalâmes les escaliers, riant à s'étouffer. Dehors il faisait nuit, personne mis à part le planton. On partit à l'aventure et très vite tombâmes sur une voiturette d'handicapé. Un tricycle dont le volant se déplaçait d'avant en arrière pour le faire avancer. Nous l'enfourchâmes et cahin-caha, priment à contre sens l'avenue de Colmar. Nous n'avions pas fait 10 mètres qu'une voiture de police nous arrêta. Panique totale ! Pour me donner de la contenance je défis mon foulard et me mouchais avec, sous le regard interrogatif d'un des policiers. De son côté, Anne Marie plus habituée aux acides, maîtrisait un peu mieux la situation. Ils engagèrent la conversation, nous invitant pour la fin de leur service, mais nos réponses étant assez décousues, l'un deux me dirigea dans les yeux sa lampe de poche. Mes pupilles restèrent obstinément dilatées.... Il se retourna et dit à son collègue "laisse, elles sont défoncées". Ils nous demandèrent où nous avions trouvé le tricycle afin d'aller le remettre à sa place et nous souhaitèrent une bonne fin de soirée.
Notre fou rire repartit de plus belle et nous continuâmes notre périple jusqu'au levé du soleil.
Un soir, Anne Marie, se mit en tête de me faire goûter un acide. Une pyramide pour être tout à fait précise. Elle rassura ma crainte de "perdre ma tête" et religieusement nous prîmes chacune une moitié de ce petit cailloux. Attentive au moindre changement environnemental, je ne bougeais pas de mon lit. Je regardais ma chambre très spartiate, un matelas par terre, un mur peint de quelques nuages blancs sur fond bleu, une radio et un tourne disque (33 et 45 tours). Rien, rien de rien. Nous discutions, toujours aux aguets, mais décidément cet acide devait être éventé.
Cela devait faire une bonne demi-heure que nous nous vautrions de rire en regardant le mur en face lorsqu'Anne Marie me dit "je crois bien qu'on est raide" - Nous l'étions totalement et nous décidâmes de faire un tour. Je nouais avec chic un foulard autour de ma tête, de peur qu'elle ne s'envole, et nous dévalâmes les escaliers, riant à s'étouffer. Dehors il faisait nuit, personne mis à part le planton. On partit à l'aventure et très vite tombâmes sur une voiturette d'handicapé. Un tricycle dont le volant se déplaçait d'avant en arrière pour le faire avancer. Nous l'enfourchâmes et cahin-caha, priment à contre sens l'avenue de Colmar. Nous n'avions pas fait 10 mètres qu'une voiture de police nous arrêta. Panique totale ! Pour me donner de la contenance je défis mon foulard et me mouchais avec, sous le regard interrogatif d'un des policiers. De son côté, Anne Marie plus habituée aux acides, maîtrisait un peu mieux la situation. Ils engagèrent la conversation, nous invitant pour la fin de leur service, mais nos réponses étant assez décousues, l'un deux me dirigea dans les yeux sa lampe de poche. Mes pupilles restèrent obstinément dilatées.... Il se retourna et dit à son collègue "laisse, elles sont défoncées". Ils nous demandèrent où nous avions trouvé le tricycle afin d'aller le remettre à sa place et nous souhaitèrent une bonne fin de soirée.
Notre fou rire repartit de plus belle et nous continuâmes notre périple jusqu'au levé du soleil.
4 commentaires:
Ah ben on en apprend de belles sur ce blog ;)
Nous sommes bien de la même génération !
Nous sommes nées dans ce temps béni où la pilule et l'absence du sida nous laissait une totale liberté :D
J'ai vécu une histoire presque semblable mis ce n'était pas de l'acide. Quel fou rire !
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