lundi 4 juin 2007

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Ils ont reposé la sonde, m'ont dit que je pouvais remonter dans la chambre avec mon enfant. Le médecin me donnerait les résultats plus tard.
J'ai pris dans les bras mon bébé, les quatre étages avalés par l'ascenseur, nous avons retrouvé la petite chambre aux volets descendus, ne laissant passer qu'une lumière tamisée.
Sur l'étagère, les petits pots presque tous remplis, uniformément de blanc.
Se retrouver seuls un instant, reprendre des forces, donner le sein... Faire comme si cette parenthèse pouvait se refermer sans dommages.

Notre venue à Paris avait été l'occasion pour mon frère et ma sœur de venir voir leur nouveau petit neveux, ma mère également là papillonnait, à mille lieux de mon angoisse. Laurence, amie de coeur, avait fait exprès le voyage de Béthune pour admirer ce futur copain de son fils, né quelques mois plus tôt. Tous le monde bavardait, ce n'était après tout qu'une formalité. Mon bébé était l'objet d'émerveillement, il n'y avait que moi pour le penser malade.

Et puis elle est arrivée !

Il n'y avait plus qu'elle, mon petit et moi.... Elle est rentrée dans la chambre, a demandé que tous le monde sorte, qu'il ne reste plus que moi, la maman, et lui, mon fils.
Elle s'est assise, a jeté un oeil sur l'étagère et ses petits pots, m'a regardée droit dans les yeux, les a baissés pour sourire à mon bébé, puis calmement a donné le diagnostic.
" A 99%, nous pensons à une atrésie des voies biliaires" - d'une voix blanche je me raccroche à ce petit 1% - "Et si ce n'est pas une atrésie ?" Son regard foudroie mes derniers espoirs.

Alors, cet enfant qui depuis la naissance pleurait et semblait toujours mal dans les bras, cet enfant qui ne connaissait qu'un sommeil agité et douloureux, s'endormit paisiblement dans mes bras pendant que je sombrais.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Il en faut un amour si grand, si fort, pour revisiter toutes ces douleurs.

C'est un bien beau billet, qui serre la gorge et force l'admiration - pour avoir su flotter et porter tout cela.

Amitiés.