lundi 28 avril 2025

quelques nouvelles


C'est aujourd'hui ma fête, la fête de toutes les Valérie d'ailleurs, et dehors le soleil brille.

JP a refait la même allergie qu'il avait faite en juillet 2016, avec le même médicament apparemment. Mais en 2016 malgré des tests assez complets, il n'avait pas été prouvé que c'était tel ou tel médicaments. Alors, pour éviter la récidive, trois médicaments avaient été arrêtés, remplacés par trois autres qui avaient été bien supportés. Sauf qu'il semble bien que l'on ait cette fois-ci trouvé le semeur de catastrophe. Un médicament que l'on trouve en vente libre, mais qui, mélangé à tout le cocktail que prend JP, devient une bombe destructrice. Hospitalisé en urgence au milieu de la nuit entre le 14 et le 15, il essaye de s'en remettre, mais il va en avoir pour un moment avant de reprendre des forces. La dernière fois il avait fallu deux mois, nous en sommes à 15 jours, c'est pas demain la veille que nous irons crapahuter en Charente Maritime chercher notre futur logement. 

Alors je tricote, je lis, je me suis remise au yoga stretching, je tente de garder le moral, mais ce début d'année est tout de même un peu difficile. 

Allez ! Hauts les coeurs, un bélier ne se laisse jamais abattre.

dimanche 13 avril 2025

grenouille et grisaille

petite grenouille verte oléronaise


A peine avais-je eu mon nouveau vélo bleu-canard, que nous sommes repartis en Haute Savoie. Deux jours de grand beau temps qui nous a tout de même permis de déjeuner aux Ecluses sur la terrasse et de faire une balade jusqu'à St Denis sur des pistes quasiment vides. Dimanche à dix heures nous avons pris la route, très ensoleillée, très calme et rapide. Moins de neuf heures plus tard nous nous posions dans nos pénates, un dernier verre de pineau des Charentes avant de faire un petit tour d'arrosage aux dernières plantes qui devraient déménager avec nous.

Mardi nous avons fêté mes soixante huit ans aux Trésoms à Annecy, grâce à un bon cadeau de mes anciennes collègues reçu lors de mon pot de départ à la retraite. Délicieux repas, où nous n'avions que les boissons à notre charge (un bon budget malgré tout), et une petite bougie avec les deux cafés offerts par la maison. D'habitude cela ne me fait ni chaud ni froid, mais cette fois-ci cela m'a un peu chagrinée. Est-ce parce que je suis à la retraite ? Est-ce parce que je suis maintenant à moitié orpheline ? 
Je me souviens que lorsque nous avons enterré ma grand-mère paternelle, morte à un âge respectable, papa avait pleuré, évidemment sans effusion, mais c'était suffisamment rare pour que cela m'ait frappée. Plus tard il m'avait dit qu'il était maintenant totalement orphelin,  dernière ligne avant sa mort. 

Il y a aussi que j'en ai un peu marre d'être le cul entre deux chaises. Ni là, ni ailleurs. J'ai tellement hâte de déménager, d'être à nouveau vraiment chez moi. Nous avons discuté avec une notaire, pensant que cela nous éclaircirait notre avenir, mais elle semblait peu à même de nous informer sur nos possibilités et nous a conseillé d'aller voir notre banquier. Rendez-vous est pris pour la fin du mois. 

Il pleut, JP est malade au fond du lit, le ciel est gris. 

Allez ! Il est temps de se bouger les fesses !

vendredi 4 avril 2025

sur l'île


Ici, dans cette île si calme hors saison, je tente de mesurer l'absence qui semble encore irréelle. C'est la première fois que nous y sommes aux tout débuts du printemps, et même si le ciel n'est pas toujours engageant, tout y est plus paisible.

Nous avons flâné sur la plage pour voir les grandes marées, et j'ai cassé mon beau vélo bleu ciel un jour en changeant de vitesse. Trop vieux et surtout jamais révisé, cela m'aurait coûté plus cher de le faire réparer. J'ai donc maintenant un vélo bleu-canard, d'occasion, avec des freins et des vitesses qui passent sans solliciter de dérailleur (responsable de la mort de mon destrier plus si fier). Et je découvre que maintenant il est exigé que les vélos soient identifiés avec un code-barre. Je m'attends dans pas longtemps à devoir payer une nouvelle taxe, même si la raison officielle serait d'après le vendeur, de permettre lors de vol, de retrouver plus facilement le propriétaire (mon oeil).

Court séjour mais nous reviendrons rapidement. Nous avons un logement à trouver et il est plus que temps de nous y mettre.

samedi 15 mars 2025

Ce jour là


Nous avions passé un très beau mois d'août, le premier ensemble depuis des années, mes parents, JP et moi, souvent un frère, une soeur, des amis, quelques fois nous quatre simplement. Je me l'étais promis, dès ma retraite, je pourrai enfin m'occuper un peu plus des mes parents. 
Nous l'avions passé dans notre maison d'Alsace, nous avions beaucoup bavardé, raconté nos souvenirs, réglé quelques petits malentendus, bien picolé, fait découvrir des saveurs de chips étonnantes, régalé d'excellents repas, mon père très fatigué avait fait de nombreuses siestes, mais aussi de belles balades.
Au hasard d'une conversation, nous avions parlé d'Oléron où depuis que mon père ne pouvait plus conduire, ils n'étaient plus allés. Et si, avais-je proposé, nous y allions avec vous ? Nous serions vos chauffeurs, nous lourions un Airb'nb dans le coin comme cela vous pourriez profiter de la maison tranquillement.  Evidemment cela les tentait fort, JP proposait d'y aller au printemps. Tu sais, lui avais-je dit, à ces âges il ne faut pas remettre à plus tard certaines idées.
JP a trouvé une location à quelques minutes à pieds de la maison, a acheté les billets de train, et dès notre retour de Tunisie, nous nous sommes retrouvés tous les quatre sur cette île que mon père aimait tant.

Un jour, papa avait souhaité marcher jusqu'à la plage. Nous étions partis tous les trois, maman préférant rester à la maison, il lui semblait impossible d'aller si loin, souffrant trop du dos, la marche l'épuisait. Vaillamment nous avons d'un bon pas, traversé le village, pris le chemin dans la forêt, et enfin débouché sur la plage face à l'île de Ré.
Il faisait beau, l'île était incroyablement proche, on voyait parfaitement le pont et même certaines maisons. 

Papa alors a commencé à raconter ses souvenirs d'enfance, petit garçon partant de longues semaines avec sa mère, sur cette île que nous touchions des yeux. Jamais il n'avait évoqué devant moi ces souvenirs que je croyais disparus. Plus tard j'ai regretté ne pas les avoir enregistrés, mais il me semblait alors important d'être là, à ce moment, toute entière. J'écoutais, bouleversée, me disant que c'était peut être une façon de dire au revoir à sa vie. 

Rien ne pouvait me laisser entrevoir ce qui allait arriver si vite. Le diagnostic mortel ne serait fait que deux mois plus tard.

jeudi 13 mars 2025

dernier voyage

Il a fallu attendre que l'urne soit disponible après la crémation. Nous avions fait la cérémonie le jour de la St Valentin, tellement de morts à Paris, un seul crématorium, mon père était donc resté tranquillement seize jours au funérarium de Cochin. 

Le 18 février je suis allée la chercher, marchant dans les rues de Paris ensoleillées ce jour là. On m'avait donné une boite en carton pour pouvoir l'emporter plus facilement, dieu que c'est lourd les cendres de son père. Je n'avais pas fait 100 mètres, que le fond du carton a cédé, juste le temps de le retenir avant que mon père termine sur les pavés face au Val de Grâce. Tellement lourd.

Tenant le carton de travers, j'ai traversé le 5ème, mes bras épuisés si rapidement qu'il me fallait faire des pauses. Alors je choisissais les endroits les plus agréables pour déposer le carton, le temps de reposer mes bras. Je lui parlais doucement, sa dernière traversée de Paris. La rue St Jacques, puis le Boulevard St Germain, la place Maubert et enfin la rue de Bièvre. 

Maman avait choisi une urne simple, bleu nuit, sur laquelle avait été collée la plaque dorée avec le nom et les prénoms complets de celui qui depuis ma naissance m'avait accompagné. Je l'ai posé devant la grande fenêtre, que le temps de mon séjour parisien il soit encore un peu là, devant le square qui doucement commençait à frémir du printemps annoncé. 

Plus tard nous l'emporterons dans notre maison d'Alsace où il reposera à côté de mon frère.

lundi 10 mars 2025

savouration




J'ai quitté Paris mercredi à 18h18, une valise remplie à la va-comme-ch'te-pousse, un train bondé, un soleil resplendissant.

A 21h29 je suis arrivée à Genève, JP m'attendait, et même si j'étais triste de quitter ma mère, j'étais vraiment très contente de retrouver l'appartement, mon lit, mon confort si pratique. J'étais partie pour quinze jours, je suis restée quarante neuf jours, j'ai perdu mon père, j'ai un peu découvert ce Paris tant honni, j'ai mis ma vie entre parenthèse.

Voilà, je suis de retour, je repars bientôt en Charente Maritime, pour commencer sérieusement à prospecter. Evidemment je reviendrai à Paris toujours pour aider maman qui doit apprendre à vivre seule, alors que cela faisait 72 ans qu'elle vivait avec mon père, et 72 ans qu'ils s'aimaient follement. Mais là, tout de suite, je savoure mon café au lait, assise à mon bureau, dans le calme de l'appartement.


vendredi 28 février 2025

apprendre l'absence

Il n'y a vraiment que la lecture d'un bon livre qui me permette de ne pas me noyer dans la tristesse, et Les semeuses magnifique livre que j'ai reçu en cadeau de C. à Noël m'a enfin sortie de la torpeur dans laquelle j'étais engluée depuis fin janvier. Bien sûr l'absence est là, d'autant plus vive que chaque jour je rejoins maman là haut à côté du Panthéon. L'appartement où trône la belle photo de mon père, sur le bord de la cheminée, et où restent encore tant de marques de sa vie.

Aujourd'hui, pour la première fois depuis deux mois, elle passera une journée seule, du moins sans ma présence. C'est une journée test, puisque normalement je quitte Paris en début de semaine prochaine. Cela permettra de voir si elle peut effectivement se débrouiller, ce que je suppose pour l'avoir vue remonter la pente, garder son amour de la vie, et ne pas se laisser aller. Mais puisqu'elle a énormément de difficulté, suite à son accident, pour marcher, il faut voir ce qui peut la laisser autonome et libre, tout en lui permettant de vivre décemment. 

J'ai donc pour la première fois une journée libre à Paris et je ne sais que faire de toute cette liberté...