mercredi 27 novembre 2024

Fragile


Vers minuit je suis allée me coucher, après avoir regardé Bienvenue en terre inconnue, histoire de me laver le crâne de toutes les mauvaises nouvelles égrenées durant la journée sur les ondes. Depuis vingt deux heures mon téléphone est sur silencieux, automatiquement, comme je l'ai programmé bien avant ma retraite. En le posant à côté de moi je vois brièvement que mon petit frère a posté un message. C'est bientôt Noël, il est habituel que l'un ou l'autre de mes frères et soeur me questionnent pour des idées de cadeaux, j'ouvre WhatsApp et là, brutalement, le sol se dérobe.  Une longue conversation c'est déroulée, silencieusement,  alors que je me baladais au Népal. Mon père allait être hospitalisé, à minuit donc, le pire moment pour un homme de cet âge, les hôpitaux débordés, le personnel exténué. Il avait nous expliquait ma soeur, le bras paralysé depuis deux jours, et en bon médecin qu'il reste avec peut être va savoir, des gênes paysans, il avait attendu que l'un de nous les appelle au téléphone pour évoquer ce problème. Ne pas se plaindre, ne pas déranger...

Grâce à ma soeur qui navigue dans le milieu médical parisien comme un poisson dans l'eau, il a été pris en charge très rapidement, et il semblerait que cela soit dû à un nerf coincé. Je suis tellement soulagée qu'il n'ait pas eu à traîner dans les couloirs durant des heures, que ce ne soit pas un AVC, un infarctus, quelque chose qui le diminuerait un peu plus.

On le sait tous que le fil qui retient l'épée de Damoclès est de plus en plus fragile, mais est-on jamais préparé à dire au revoir à ses parents ?

14 commentaires:

Anonyme a dit…

Votre question de fin de billet résonne, est-on jamais préparé à dire au-revoir à ses parents ? Et eux, le sont-ils à laisser leurs enfants ?
Ayant perdu mes parents depuis bien longtemps (plus de 50 ans pour mon père et de 30 ans pour ma mère), je commence à m'interroger sur la seconde.
Tant mieux que votre père ait été pris en charge rapidement et dans de bonnes conditions, espérons qu'il se remette au mieux, que ce ne soit rien de plus grave qu'un nerf coincé.
Cela fait quelques temps que je n'ai pas commenté même si je vous lis toujours avec beaucoup de plaisir. Bonne retraite à Saintes.
Je vous embrasse
Chantal (celle des toilettes sèches pour Bleck)

Hermione a dit…

Ma mère est morte fin novembre il y a 6 ans et chaque année, je retombe dans une tristesse crasse quand arrive cette période. Quand arrive décembre, cette noirceur me quitte petit à petit. Oui, on s'y prépare, mais ça reste en nous.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Chantal, vous avez perdu vos parents très jeunes 😟 Mes parents aiment la vie, et bien qu'ils disent être préparés, je n'en suis pas si sûre. Sans doute justement parce qu'ils nous pas envie de nous quitter, comme nous n'avons pas envie qu'ils nous quittent.

Valérie de Haute Savoie a dit…

On s'y prépare... du moins on a l'impression de s'y préparer. Mon grand père est mort le jour de l'anniversaire de ma mère, et cela à noirci irrémédiablement cette journée pour elle.

Sacrip'Anne a dit…

Pour avoir fréquenté cette idée de trop près pendant quelques mois, je dirais que même si on est "prêt" au sens de continuer notre vie sans eux, il y aura toujours des choses irrésolues, des absences plus lourdes que d'autres... bref. courage à vous tous.

AlainX a dit…

Si tu savais comme je me réjouis de constater un point commun : moi aussi je suis en mode silencieux à partir de 22 heures !
Bon, je me permets cette petite plaisanterie, parce que tu dissipes l'inquiétude que j'avais pour toi en lisant la suite, mais la fin épisode se termine bien.
Cela me ramène à ton titre : oui, nous sommes terriblement fragiles et cependant on a beaucoup de force pour traverser la vie… au fil de l'épée…
Non, nous ne sommes pas préparés à l'au revoir à nos parents. Les miens sont décédés tous les deux il a de nombreuses années. Je garde quand même le souvenir des dernières paroles de mon père en quittant la chambre d'hôpital où il était assez mal en point. « Au revoir mon fils ! ». J'aurais dû comprendre que c'était : Adieu. Il est mort dans la nuit.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Oui on sait que c'est inexorable, mais le vide de cette absence, nous ne pouvons l'envisager dans sa réelle dimension...

Valérie de Haute Savoie a dit…

Bon mon gros problème depuis quelques temps, c'est que je me décale de plus en plus, m'endormant bien plus tard qu'avant. Et maintenant je me réveille entre sept heures et sept heures et demi et cela me donne mauvais conscience 😅
Les dernières paroles de ton père résonne et m'ont mises les larmes aux yeux. Tout cela est très sensible, de plus en plus sensible...

Bleck a dit…

Voilà LE sujet difficile où chacun de nous est confronté et qui relativise absolument toute autre réflexion.

Bleck

Valérie de Haute Savoie a dit…

un sujet que nous évitons encore avec mes frères et soeur, mais que chacun je pense, a présent dans son esprit de manière douloureuse.

Calyste a dit…

Et puis l'ironie de la mort : ma mère, bien malade, est morte après mon père qui allait bien ....

Valérie de Haute Savoie a dit…

Calyste, cela arrive souvent que ce soit ceux qui ont aidé les malades, qui meurent avant. C'est souvent épuisant de s'occuper d'un grand malade...

ddc a dit…

On peut s'y attendre, on peut anticiper certains aspects, mais je pense qu'on n'est jamais prêt à affronter le chagrin et le manque... Courage à vous, à toi.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Oui DDC, on n'y est jamais prêt 😢