vendredi 27 mai 2022

La solitude dans le couple


Puisque nous étions allés à Paris pour fêter Pâques avec mes parents, ce long week-end de l'Ascension, nous le passerions en Alsace dans notre maison familiale.

Je me suis réveillée comme de nombreuses fois à 4h20, et vers cinq heures, cinq heures trente je me suis levée pour préparer ce petit séjour. Le repassage, casque vissé sur les oreilles à rattraper les élucubrations de Meurice puis les Pieds sur terre, arroser les plantes, lire un peu de "Sagan à tout allure" en buvant mon café jusqu'à ce que JP se lève. 


Pendant que JP prépare sa boite de médicaments pour le week-end, tout en parlant avec lui, j'ai dépoté la trentaine d'oignons de narcisses que j'ai mis dans un sac en plastique pour les apporter en Alsace. Je lui dis que je vais les planter sous l'oiseau d'Hervé en espérant que cette fois-ci les oignons ne seront pas bouffés par les mulots. Ah et puis, je prends aussi le muguet fané que je vais mettre vers Chamade, c'est l'endroit parfait pour qu'il se développe. Je pose le sac sur la glacière dans laquelle j'ai mis tous les légumes et fromages du réfrigérateur.


JP se douche, prépare ses affaires, je finis de laver les toilettes et la salle de bain. J'aime laisser l'appartement impeccable pour notre retour. Il reste encore à plier les habits pour que je puisse fermer la valise. Tiens dis-je à JP, descend les bouteilles-papiers et la poubelle pendant que je termine.

Je passe la serpillère, JP a oublié de prendre la poubelle, il remonte et je lui demande de la jeter, il obtempère et nous commençons à remplir la voiture. Il y a tous les tableaux que nous avons rapportés de Paris et qui encombraient le tout petit appartement de mes parents, la glacière, la valise les chaussures.


On quitte Annemasse relativement à l'heure que je m'étais fixée et nous roulons. Nous roulons et je bavarde, JP conduit. 
A un moment je parle de mes narcisses à planter et un doute soudain... Tu as bien pris le sac d'oignons ?

Silence...

Il l'a jeté, avec les poubelles, je me suis fait chier ce matin devant lui à déterrer les oignons, foutant de la terre partout, faisant une remarque sur le gros pot en terre vernissé jaune que j'allais pouvoir réutiliser, et une fois de plus, une fois de plus, je réalise qu'il ne m'écoute pas, jamais. Il semble là et pourtant il est ailleurs, loin.
Bah, il ne s'excusera pas, il ne le fait jamais "J'ai compris me dit-il, tu vas faire la gueule tout le week-end !"
Bah non, c'est pas dans ma nature, et puis je suis passée à autre chose. Evidemment, réaliser une fois de plus que je parle dans le vide, ne me réjouis pas.

Quand nous sommes arrivés, la maison était tout endormie, dans une végétation foisonnante, les oiseaux pétillaient comme des fous, la vie est trop courte pour s'emmerder pour si peu de choses.

vendredi 20 mai 2022

des petits riens

Le jour est déjà levé depuis un moment, les oiseaux s'égosillent, quelques voitures passent dans la rue et j'entends le goutte à goutte du trop plein de mon arrosage taper sur la rambarde en zinc sous ma fenêtre, l'été avant l'heure qui est si agréable et pourtant si angoissant.

Ma semaine qui finit a été particulièrement calme, peu d'appels au bureau, aucun état des lieux, morte saison. Je croise les doigts, tant je déteste faire des états des lieux, mais mes locataires ont peu la bougeotte. La fin du mois sera un peu plus agitée, plusieurs sorties de maison, T5, T3, un petit studio, quelques entrées qui suivent immédiatement les sorties, les appartements vides sont rares.

Mes parents reprennent du poil de la bête, je retrouve leurs voix bien plus tonique. Maman à nouveau organise des repas avec leurs amis et Papa, bien que vite fatigué, mais qui ne le serait pas à bientôt 93 ans, reprend ses balades au Luxembourg, ravi de voir ce printemps si radieux. 

Mon calamondin qui a subit en fin d'hiver une attaque terrible de cochenilles blanches, perdant la quasi totalité de ses feuilles, se couvre de fleurs et de jolies petites pousses vert tendre. Le parfum délicat d'oranger me transporte à Lisbonne lorsque j'y étais allée fêter mes soixante ans avec C.

Le parfum des fleurs accompagne mes souvenirs, je rêverais de pouvoir garder dans des flacons le délice du lilas, de l'oranger, du muguet, du seringat et toutes ces merveilles printanières. Je m'arrête souvent en vélo, plonge mon nez dans une fleur, ferme les yeux, et remontent alors des images de mon enfance toujours liées à un parfum. Le covid m'avait retiré ce plaisir durant 15 jours, et vivre dans ce monde sans odeur m'avait stupéfiée, tant l'odorat m'est essentiel.

Je voudrais reprendre le chemin de ce blog, pourquoi m'est ce si difficile ?

mardi 3 mai 2022

la vie parfois un peu plus dure

 Le 31 mars mes parents quittaient leur Airbnb pour regagner leur appartement repeint à neuf. Enfin ! Parce que le petit studio qu'ils avaient loué manquait cruellement de confort et de lumière. Durant ce court séjour dans un quartier éloigné du leur, ils avaient été dépouillés de leurs portefeuilles et en avaient été très secoués. Il était temps qu'ils soient de nouveau chez eux pour se remettre de leurs émotions.

Ma soeur, seule encore à habiter Paris depuis que mon frère et ma belle-soeur ont émigré dans le sud de la France, est venue dans la soirée voir si tout allait bien, et c'est là qu'elle a trouvé mon père grelottant et fiévreux. L'oxymètre montrant un problème de saturation elle a décidé de l'emmener aux urgences et dans la nuit, les résultats sanguins sont revenus positifs au covid. Bien qu'il ne soit pas en détresse respiratoire, vu son grand âge, il a été décidé de l'hospitaliser à Garches les services parisiens étant saturés, et le lendemain c'est maman qui est partie, toujours accompagnée de ma soeur, dans un service à Broca pour le covid également. 
Papa est rentré le 7 avril sur les rotules et depuis traine une fatigue assez intense, maman est restée jusqu'au 12 très fatiguée aussi. Il y a l'âge, il y a des problèmes de santé autres que ceux liés au covid, il n'est pas évident de vieillir.

A Pâques en général nous passons quelques jours en Alsace, mais nous n'avions pas vu mes parents depuis la thèse de G.. Ils étaient restés à Paris à Noël. Tout ces évènements m'ont angoissée et nous avons décidé d'y aller quatre jours. C. étant à Oléron, nous avait laissé les clefs de son appartement. Nous sommes arrivés le vendredi Saint, en voiture, pour pouvoir rapporter une grosse malle en paille, souvenir de l'ile Rodrigues, qui attendait sagement à la cave depuis. 

Certes mes parents sont épuisés par ce foutu covid, mais pour l'avoir eu fin 2021, je connais cette fatigue incommensurable. Ils aimeraient retrouver leur tonus d'avant et je leur souhaite de tout coeur. 
Il a fallu que ma soeur mette en place un vrai suivi médical, qu'elle trie et classe des tonnes de papier. 

Ils auraient voulu aller voir mon frère dans le sud, en profiter pour découvrir le nouvel appartement de J., leur petite fille, mais le cardiologue qui a vu papa, lui a formellement interdit. Il doit d'abord revoir son traitement, et peut être attendre que l'opération prévue en mai,  déjà reportée une première fois pour juin et maintenant sans doute encore plus tard, soit faite.

Alors, évidemment, il est parfois difficile de rester serein.

dimanche 1 mai 2022

une agréable conclusion

Après une nuit assez courte, à réfléchir comment ferions-nous si je ne pouvais pas prendre l'avion, nous avons pris notre dernier petit déjeuner en admirant une dernière fois la fontaine de Trevi, et dégustant des cappuccino du haut de notre roof top. Une dernière douche dans notre salle de bain en marbre, ranger nos valises que nous laissions à l'accueil, et en route pour les jardins surplombant Rome. 

Nous avons tout fait à pied, des kilomètres sous le doux soleil printanier, et nous avons grimpé nombre de marches, et sommes bien sûr allées voir si par hasard, les azalées avaient déjà été installées sur l'escalier de la Trinita dei Monti. Ils étaient bien là, quasiment toutes les fleurs en bouton, il fallait imaginer ce que cela donnerait dans une ou deux semaines. Et puis nous sommes allées dans le grand parc dans lequel se trouve la Villa Borghese. Mais impossible de la visiter, trop de monde et les seuls créneaux disponibles étaient bien trop tard. Nous serions déjà en vol à cette heure là.


Dans un bassin, des tortues se réchauffaient sur les pierres sortant de l'eau, des canards pataugeaient pendant que les pigeons leur cherchaient des noises faute de mieux. Cela manquait de fleurs, nous étions sans doute un peu trop tôt dans le printemps, mais la balade était fort agréable.

Nous avons pris un dernier repas, dans un petit restaurant près de notre hôtel, il était temps de prendre le train pour l'aéroport. Voir si l'on m'accepterait...


Il semble que cela soit assez classique après tout, et l'agent de la compagnie s'est contenté de vérifier que j'étais bien inscrite sur le vol. C. m'a accompagnée jusqu'à la salle d'embarquement, et une fois qu'elle était sûre que je prenais mon avion, m'a embrassée et est partie de son côté. 
Nous avions passé quatre jours parfaits, et j'ai eu un gros coup de blues en la quittant. Je me suis installée à côté d'un couple qui avaient la chance d'être au hublot. Un peu avant le départ, j'ai jeté un oeil autour de moi, et j'ai vu qu'une rangée complète était vide, alors vite vite j'ai pris mes affaires et me suis installée au hublot où j'ai pu voir durant tout le voyage, la mer, les paquebots, les Alpes, les champs et les villages, laissant mon imagination broder des histoires avant de retrouver la terre ferme.


J'avais 65 ans et fait un très beau voyage...