Puisque nous étions allés à Paris pour fêter Pâques avec mes parents, ce long week-end de l'Ascension, nous le passerions en Alsace dans notre maison familiale.
Je me suis réveillée comme de nombreuses fois à 4h20, et vers cinq heures, cinq heures trente je me suis levée pour préparer ce petit séjour. Le repassage, casque vissé sur les oreilles à rattraper les élucubrations de Meurice puis les Pieds sur terre, arroser les plantes, lire un peu de "Sagan à tout allure" en buvant mon café jusqu'à ce que JP se lève.
Pendant que JP prépare sa boite de médicaments pour le week-end, tout en parlant avec lui, j'ai dépoté la trentaine d'oignons de narcisses que j'ai mis dans un sac en plastique pour les apporter en Alsace. Je lui dis que je vais les planter sous l'oiseau d'Hervé en espérant que cette fois-ci les oignons ne seront pas bouffés par les mulots. Ah et puis, je prends aussi le muguet fané que je vais mettre vers Chamade, c'est l'endroit parfait pour qu'il se développe. Je pose le sac sur la glacière dans laquelle j'ai mis tous les légumes et fromages du réfrigérateur.
JP se douche, prépare ses affaires, je finis de laver les toilettes et la salle de bain. J'aime laisser l'appartement impeccable pour notre retour. Il reste encore à plier les habits pour que je puisse fermer la valise. Tiens dis-je à JP, descend les bouteilles-papiers et la poubelle pendant que je termine.
Je passe la serpillère, JP a oublié de prendre la poubelle, il remonte et je lui demande de la jeter, il obtempère et nous commençons à remplir la voiture. Il y a tous les tableaux que nous avons rapportés de Paris et qui encombraient le tout petit appartement de mes parents, la glacière, la valise les chaussures.
On quitte Annemasse relativement à l'heure que je m'étais fixée et nous roulons. Nous roulons et je bavarde, JP conduit.
A un moment je parle de mes narcisses à planter et un doute soudain... Tu as bien pris le sac d'oignons ?
Silence...
Il l'a jeté, avec les poubelles, je me suis fait chier ce matin devant lui à déterrer les oignons, foutant de la terre partout, faisant une remarque sur le gros pot en terre vernissé jaune que j'allais pouvoir réutiliser, et une fois de plus, une fois de plus, je réalise qu'il ne m'écoute pas, jamais. Il semble là et pourtant il est ailleurs, loin.
Bah, il ne s'excusera pas, il ne le fait jamais "J'ai compris me dit-il, tu vas faire la gueule tout le week-end !"
Bah non, c'est pas dans ma nature, et puis je suis passée à autre chose. Evidemment, réaliser une fois de plus que je parle dans le vide, ne me réjouis pas.
Quand nous sommes arrivés, la maison était tout endormie, dans une végétation foisonnante, les oiseaux pétillaient comme des fous, la vie est trop courte pour s'emmerder pour si peu de choses.