Je rentrais d'un rendez-vous, j'avais pris la voiture pour la faire un peu rouler, pour que la batterie ne se vide pas comme cela a déjà été le cas deux fois cette année, j'avais mis la radio et je tombais en plein interview qui je ne sais pourquoi parlait de Tixier. Juste Tixier. Mais il me semble bien qu'il parlait de Tixier Vignancour. Tiens ? Il est mort pensé-je, et puis non, il devait l'être depuis longtemps.
J'avais quoi, 8 ans sans doute. Ce jour là, le soleil inondait notre chambre, ma soeur et moi sautions sur un lit, excitées comme les enfants peuvent l'être sans raison. Il faisait beau, le printemps nous réjouissait, les fenêtres ouvertes laissaient entrer cette saison nouvelle, pleine de piaillements d'oiseaux, les trottoirs qui résonnent plus sec sous les pas des passantes aux escarpins printaniers. Nous avions dû commencer à sautiller, puis les rebonds des ressorts nous avaient entrainées de plus en plus haut, riant, et soudain, l'une de nous avait chanté une ritournelle de trois mots "Et Tixier Vignancour, et Tixier Vignancour, et T..." Nous chantions de plus en plus fort, riant comme des folles, hurlant ces trois mots sur trois notes, 1es répétant, de plus en plus excitées, lorsque la porte s'est ouverte violemment, nous stoppant net dans notre folie, sur mon père blême. D'un mot il nous fit taire.
Qu'est ce qui nous avait pris ? Pourquoi hurlions nous ce nom ? Aucune idée.
En écoutant la fin de l'interview, j'ai compris que cet affreux bonhomme dont le nom nous faisait tellement rire, se présentait alors aux élections présidentielles. Mon père de gauche, vomissant cet homme, ne pouvait entendre sous son toit, ce nom scandé par deux petites filles, toutes fenêtres ouvertes.
7 commentaires:
Tu vois Valérie, je ris aux éclats dans ma cuisine tout en lisant ce billet et en buvant un deuxième café parce que j'ai vécu le même type d'anecdote.
Je suis pré-ado, j'ai une voix juste très forte et j'adore une certaine mélodie je me souviens parfaitement d'un dimanche matin où je descends les 3 niveaux de la maison familiale en hurlant "L'Internationale" tout le quartier pouvait m'entendre et mon père était Gaulliste... à chaque fois que j'entends un groupe de manifestants chanter cet hymne, je suis ému.
Bleck
Moi aussi Valérie j'ai ri,parce que ton histoire est tout à fait amusante et aussi pour une autre raison: j'ai réalisé notre grande différence d'âge; j'étais dans ma 3ème année de Fac quand Tixier avait été candidat à la Présidence !
Le nom me disait quelques chose alors un tour sur Wikipedia, et du coup je comprend ton père ! JM Le Pen était son directeur de campagne pour les présidentiels de 1965. Moi je ne m'en souviens pas, je n'avais que quelques mois ;-)
Oh bah mince, c'est la première fois que j'entends parler de ce type !!! :DD
Il ne méritait certes pas un tel hommage ! J'espère que ton père vous a fait rincer vos bouches ! Il a dû en rire après coup ?
Bleck, mon père aurait nettement plus apprécié que nous chantions cela :D
Giroud, eh bien tu le les fais pas ;)
Gilsoub c'est sûr, et puis ce type ne mérite même pas qu'on s'en rappelle :D
Matto, QUOI ? Bon je te pardonne évidemment ;) Je préfère d'ailleurs que ta culture soit plus tournée vers l'art que vers ce genre de personnage :)
Calyste, je crois qu'une fois son coup de gueule, il nous a expliqué simplement quel sinistre personnage c'était :)
J'ai fait autre chose : écrire des gros mots !!!! :):):):) On ne disait pas de gros mots à la maison. Quand ma mère est tombée sur la feuille ............... j'ai pris une raclée !
Alors, on ne vous lit plus depuis septembre. SNIF. ça me manque. J'aime bien vous lire.
J'espère que vous allez bien.
Amicalement
Nathalie de Nancy
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