mardi 2 février 2021

janvier déjà...

Je tricote mes petits carrés de coton, 95 empilés dans un grand sac, chaque soir un nouveau, et si je continue à ce rythme, il me resterait encore un mois à cliqueter des aiguilles en regardant l'écran, le livre du moment, le temps qui passe doucement. Ensuite il faudra coudre joliment tout ça, et voir si les couleurs choisies sont belles entre elles. Trois fois par jour aussi, je m'arrête, m'assieds, pose mon smartphone en équilibre, choisis une vidéo, casque sur les oreilles, et je respire, lentement, cinq minutes, cela me fait du bien. 
Mes parents ont eu samedi matin leur première injection de vaccin contre le covid, ils devront attendre un mois pour la deuxième injection, alors qu'il est préconisé de la faire vingt jours après la première. J'espère que malgré cela ils seront moins vulnérables. 
Et puis je télétravail, trois jours par semaine, je fais des états des lieux de sortie, beaucoup de licenciements en Suisse, je somatise, je n'aime pas cette situation d'enfermement, j'attends le printemps et le 4 février, j'aurai tenu un mois sans alcool. 

Alors Champagne !

Je lis tout de même un peu et voici les livres de janvier :

André Schwarz-Bart
Le dernier des Justes (prix Goncourt 1959)
J'ai commencé ce livre en début d'année dernière. C'était un cadeau de C. pour Noël. Il n'y a pas de mots pour raconter ce livre, je l'ai refermé avec ce désespoir que me procure à chaque fois l'ignominie de l'Holocauste. Et pourtant, bien que très lourd, il dégage une poésie si triste, si fataliste. Commencer l'année en finissant cette histoire, contrairement à ce que j'ai ressenti tout au long de ce livre, m'a donné une sorte d'apaisement. La beauté du geste d'Erni, le dernier des justes, entourant les enfants mourants dans la chambre à gaz et leur promettant un paradis où toute l'horreur vécue serait effacée et où l'amour baignerait leur vie, console de tant de monstruosité.

Laurent Petimangin
Ce qu'il faut de nuit (meilleur premier roman de la rentrée littéraire 2020)
J'ai eu le cœur brisé par ce roman. Si un de mes enfants avaient pris un chemin politique radicalement différent du mien, s'il avait choisi de suivre des faschistes, malgré mon immense tristesse, je n'aurai jamais pu couper les ponts comme le fait le père de Fus. Je ne pourrai jamais ne plus aimer un de mes enfants, quelque soit ce qu'il aurait fait. Ce roman est sombre, lourd, il reste si présent une fois le livre refermé.

Peter May
L'île au Rébus
L'histoire se passe sur l'île de Groix, étant coincée en haute Savoie, cela me fait rêver. J'ai parcouru, via Google earth, les chemins pris par Enzo McLeod, l'enquêteur appelé par la belle-fille d'un homme tué il y a vingt ans et dont cette mort reste encore une énigme. Elle avait reçu, juste avant le meurtre, un appel de son beau-père, la prévenant qu'il laisserait des indices pour que son fils trouve le meurtrier, mais celui-ci hélas étant mort très peu de temps après son père, personne n'avait réussi à les résoudre. C'est McLeod spécialiste du genre, qui s'y attaque. Bon polar, qui ne révèle qu'en toutes dernières pages cette énigme.

Vanessa Springora
Le consentement
Conseillé par ma libraire, ce livre fait froid dans le dos, et fait chuter de leur piédestal plusieurs célébrités dont Françoise Dolto (hélas). Vanessa, très jeune fille, rencontre à la faveur d'un diner mondain, Gabriel Mazneff qui la prend dans ses filets et dont il lui faudra des années pour s'en échapper. C'est terrible, même si je n'ai pas été subjuguée par l'écriture. GM comme il est appelé dans le livre est un personnage abject.

Camille Kouchner
La familia grande
En refermant ce livre, je me suis dit que tous ces adultes qui ont élevé Camille et ses frères et sœur, était maltraitants. Il reste peut être Marie France Pisier que l'on peut sortir du lot, mais Evelyne la mère est terriblement malsaine, la grand'mère également, Bernard Kouchner affreux, et bien évidemment, le plus abject, ce beau-père, profitant de la situation et violant Victor, peut être d'autres ? Le doute est légitime. Que cela ait réveillé les consciences, que le Metooincest éclose, pas étonnant, ce livre est une bombe qui ne peut que faire réfléchir. Est ce que moi aussi je suis passée à côté de ces violences faites aux enfants. Ne pas savoir si ses propres enfants ont eu à subir cela, lors de gardes, à l'hôpital, quand je n'étais pas là pour protéger. Je ressors de ce livre réellement bouleversée.

11 commentaires:

Marpatch a dit…

Pfff ! j'avais hésité à acheter le livre de CK, craignant un coup de pub,on me l'a offert pour mon anniversaire ...Aucun regret. J'ai fait la même constatation, la grand-mère était déjà bien déjantée ...Puis pourquoi avoir 3 enfants alors que l'un et l'autre parent étaient plus préoccupés par leur vie professionnelle que par l'"élevage" de leurs enfants. Cette reconnaissance sociale masque une indigence éducative. Et que dire du comportement d'OD ? Ignoble ...Ca me fait rager de penser que ces gens là ont pu passer pour des modèles de "bien-pensance".
Il faut remettre les faits, dans la suite de "il est interdit d'interdire" et des participations de Matzneff aux émissions de Pivot (je m'en souviens), de la pétition signée par les "élites intellectuelles" pour la défense de la pédophilie …cela parait ahurissant, scandaleux de nos jours...

Matoo a dit…

Tu vas rire mais je retiens le polar sur l'Île de Groix, je joue carrément la prudence !!! :DDD L'époque étant déjà très morne, j'ai du mal à m'en rajouter. :(

Dr. CaSo a dit…

Je me suis moi aussi mise à lire du Peter May :) Je lis en ce moment L'île des chasseurs d'oiseaux je crois que ça s'appelle en français (en anglais, The Blackhouse) et c'est pour l'instant très déprimant mais excellent. J'écoute mes bouquins, moi, je trouve ça plus pratique pour crocheter en même temps.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Marpatch oui c'est très choquant de réentendre des émissions ne datant pas de si longtemps, où l'on riait de ces hommes attirés par des adolescent-e-s. Mon père qui était pédo-psychiatre, dès ma toute petite enfance, nous mettait en garde et était d'une vigilance absolue nous concernant. Tous les psychiatres heureusement ne riaient pas des ravages que cela produisait.

Matoo, le pire est que maintenant nous regardons Your Honnor et que c'est là aussi terriblement angoissant. Je te comprends, je me suis aussi calmée en lisant maintenant un apparemment excellent Dan Simmons :D

Dr CaSo, oui j'ai lu cela sur ton blog ;) tu me diras ce que tu en penses

Calyste a dit…

Moi, je voulais arrêter la cigarette mais pas le moment, sans doute. Je dois pas somatiser moi aussi puisque irruption d’eczéma (ou de psoriasis) !

Calyste a dit…

"pas mal somatiser", pardon

Valérie de Haute Savoie a dit…

Calyste, la période n'est pas vraiment propice pour ce genre de choses, ou alors, au contraire, cela nous fait nous concentrer sur autre chose que ce foutu covid. En tous cas ce soir c'est rupture de dry-january, avec un apéro en visio. Mais je vais rester sage, j'ai chopé un virus non covid si j'en crois le test mais qui me met à plat :)

Anonyme a dit…

J'aurais un mal fou à ne pas consommer d'alcool pendant un mois. Je l'ai fait pourtant voilà une dizaine d'années et suite aux conseils d'une neurologue... 3 mois sans consommer une goutte, et puis ça n'a modifié aucun critère biologique ou médical, alors j'ai repris une consommation que je juge raisonnable mais parfois trop importante, c'est tellement bon l'alcool festif.

Bleck

Valérie de Haute Savoie a dit…

Bleck, oui cela n'a pas d'effet sur le foie, je l'ai lu dernièrement, mais cela permet de reprendre les rênes et d'espacer ensuite les apéros du soir. Le confinement nous avait donné un rythme très serré, et JP avait souvent des brûlures la nuit qui l'empêchaient de dormir. Nous allons nous faire de temps en temps un petit apéro le soir, mais je n'ai plus envie que cela soit quotidien

Ginou a dit…

Je n'ai lu ni "le Consentement", ni "La Familia Grande"...J'attends des jours meilleurs et une plus grande disponibilité d'esprit. Par contre j'ai vu et écouté les deux auteures à "La Grande Librairie": très impressionnée !

Valérie de Haute Savoie a dit…

Ginou, le consentement est assez mal écrit, l'autre est très facile à lire, mais je comprends qu'en ce moment il est parfois difficile de lire des histoires lourdes :)