être mère

En vacances de la mi septembre à début novembre, G. en profite pour se ressourcer chez nous et chez ses copains de fac. Le 21 il soutenait son mémoire de Master dont il aura le résultat incessamment, puis filait à Noirmoutier se faire un petit week-end avec des copains pour revenir ensuite chez nous et s'occuper entre autre de notre ex-dromadaire. Là tout de suite il est à Grenoble et ce soir refête avec d'autres copains, il en profite, les trois prochaines années risquent d'être intensives en travail.

Cette semaine, ayant reçu d'une collègue une courge énorme et intransportable sur mon vélo, j'ai demandé à G. s'il pouvait venir la chercher en voiture et du coup cela me permettrait de le présenter à mes compagnes de labeur qui le souhaitent depuis longtemps.
"Mais ne vient pas habillé comme un clochard" (G. n'aime rien moins que ses shorts molletonnés, ses débardeurs bien lâches, la coolitude assumée). Oui maman dit avec son grand sourire qui me fait fondre.
Il arrive en jean, pull léger bleu marine, baskets propres et rasé. Présentation faite, lui debout un peu timide, mes trois jeunes collègues assises le dévisageant nous allons ensuite faire un tour vite fait, dire bonjour à ma responsable qui elle aussi souhaitait le rencontrer et puis Marie avec qui nous bavardons un petit moment. Il repart avec sa courge sous le bras chercher Chamade qui sort de son opération.
Revenant au bureau, mes collègues sont plongées dans leurs dossiers, pas un mot sur mon fils adoré, rien de rien. Mon ventre se tord de tristesse, celui que je chéri ne semble pas avoir eu le moindre intérêt pour les trois jeunes femmes de son âge.

Toujours G. me dit "c'est toi qui me vois beau, c'est la nature qui fait que les mères trouvent leurs enfants beaux, pour qu'elles ne les abandonnent pas" "tes collègues ne veulent pas te faire de la peine, elles te disent ce que tu as envie d'entendre".
G. se trouve moche, d'une intelligence normale sans plus, ce qu'il réussi tous le monde peut le réussir.

L'agence petit à petit se vide, je termine un bail, il ne reste plus que Marie et moi. Je vais lui dire au revoir avant de partir. "Mais que ton fils est beau me dit-elle, quel charme, ses yeux, son sourire, qu'il est beau Valérie". Je suis émue, très émue, lui dit ma peine ressentie. "Mais non Valérie, je t'assure il est vraiment craquant, il a l'air en plus si gentil".
Je pourrai au moins lui dire que Marie l'a trouvé beau, il me dira que c'est mon amie...

Hier, revenant dans notre petit open space, je surprends mes trois collègues en pleine conversation. Chloé qui rougit facilement, en me voyant se colore brutalement, Feïza et Nina se marrent. Il est charmant ton fils Valérie, vraiment charmant dit Feïza, hein Chloé il serait parfait pour toi. Nina renchérit C'est sûr, il a l'air trop gentil, pfff et sa carrure tu es en sécurité avec un mec comme ça et son sourire et et et  Elles n'arrêtent plus. Tu crois Valérie que l'on pourrait se faire une soirée avec lui ? Seules hein, tu viendrais pas forcément. Elles se voient déjà au mariage de mon fils et Chloé, imagine tu as Valérie en belle mère et JP trop sympa. En plus toi qui aime les mecs intelligent Whaou là t'es servie.

Mais bien sûr dira G., c'est parce que ce sont tes collègues, pour ne pas te faire de la peine...