mardi 20 décembre 2016

transition

Dans ma boite mail ce matin, une demande relayée par l'AFME d'un infirmier souhaitant recueillir des témoignages de parents d'enfants ayant quitté le secteur pédiatrique pour celui des adultes dans le cadre du suivi de la greffe.
Je suis prête évidemment à apporter mon témoignage, c'est un peu le seul devoir qui me reste après le don qui à sauvé G., mais dieu qu'elle est loin maintenant cette transition qui fait, lorsqu'elle se passe, un peu peur.
Durant dix sept ans, c'est moi qui ai accompagné G. à chaque fois qu'il devait partir à Paris, St Julien, ou simplement pour une prise de sang bien avant que le soleil ne se lève. C'était moi aussi qui me levais sans bruit, pour lui donner son immunosuppresseur avant qu'il ne se réveille. C'était ainsi, cela ne m'a jamais pesé, j'accompagnais l'enfant que j'avais mis au monde, dans un avenir que j'espérais moins chahuté.
Les voyages à Paris nous procuraient des moments de complicité, bien sûr souvent chargés d'angoisse, mais je n'ai gardé que les rencontres, les instants de grâce, le reste est enfoui et ne ressort que rarement.
2009 a sonné la fin de la période en pédiatrie, je travaillais depuis peu dans l'agence, c'est JP qui a fait le dernière visite à Paris avec G., la fameuse transition du secteur enfance à celui de l'adulte. J'ai eu le coeur serré, mais avec le recul je me dis que symboliquement c'était assez sympa que ce soit son père qui l'accompagne dans ce grand bouleversement.

Et puis G. est parti de la maison, pour Grenoble, puis Angers, les Comores, la Réunion, Angers à nouveau. Il a pris en main sa vie, son traitement, sans que jamais il n'ait failli.

Je me souviens de ce médecin qui avait prédit qu'il ne serait jamais autonome avec une mère aussi omniprésente. Moi j'avais confiance, j'avais simplement envie de lui rendre la vie la plus normale possible.



5 commentaires:

Sylvie a dit…

J'ai la gorge nouée en te lisant . Les larmes ne sont pas loin .
Le coeur d'une maman .
Tu as fait ce que tu estimais devoir faire et tu l'as bien fait .

Dr. CaSo a dit…

Ce médecin qui t'a critiquée ne devait pas être parent elle-même/lui-même, pour dire une telle ânerie!

Valérie de Haute Savoie a dit…

Sylvie, de toute façon on est embarquée dans l'histoire :)

Dr CaSo, j'ai eu plusieurs fois ce genre de réflexion et par plusieurs médecins ou infirmière. Et dans mon entourage d'ailleurs aussi ;)

pascaline a dit…

Ce soir pétrie d'angoisse parce qu'un recommandé m'attend à la poste et que je ne sais pas ce que ça peut bien être je suis tombée sur votre article "Je hais les avis de lettre recommandée ..." (en tapant bêtement dans google "recommandé" et un truc comme "angoisse" je sais plus). Depuis je lis vos posts, intriguée par votre métier, bercée par votre humanité et bien sûr poussée par la curiosité. J'ai écrasé quelques larmes ça et là ... mais c'est ce post qui me fait régir le plus.
Je travaille dans le domaine de la Recherche Clinique. Je suis chef de projet et j'aide les médecins qui ont une idée (nouvelle façon de soigner, nouvelle indication pour un médicament) à écrire leur protocole, à le mettre en oeuvre.
De temps en temps je fais des infidélités aux médecins de mon hôpital et mon équipe soutient des associations de malades. Ainsi l'an passé j'ai aidé une association de lutte contre une maladie rare de l'enfant à mettre en place une grande enquête sur cette fameuse transition entre les services de pédiatrie et de médecine adulte.
Donc ce n'est pas du tout la même enquête mais merci d'avoir accepté de participer à celle qui vous a été proposée. Merci d'avoir fait l'effort de vous replonger dans ces souvenirs et de les avoir partager avec ce médecin. La recherche clinique ou épidémiologique (surtout quand il s'agit d'enquête) repose à 70% sur les gens qui acceptent de participer. Bien à vous

Valérie de Haute Savoie a dit…

pascaline, j'espère que ce recommandé n'était pas vraiment important. Je suis redevable, éternellement, à la médecine qui m'a sauvé mon fils. C'est une façon de les remercier encore et encore, et je suis contente de savoir que cela peut effectivement un peu servir.