samedi 3 décembre 2016

longueur d'onde


Le bail est signé, les sous empochés, fiche de boite aux lettres complétée, allez on file faire l'état des lieux. C'est à deux pas de l'agence, nous y allons ensemble à pied. Il est jeune, travaille en Suisse, un peu austère, en chemin je tente une ou deux phrases, lui demande quand il a visité l'appartement. Du bout des lèvres il me répond, je comprends qu'il l'a vu avant qu'il soit refait à neuf, parquets, murs, plafond, je l'ai visité le matin même et je l'ai trouvé vraiment beau.
J'aime faire entrer des locataires dans des beaux appartements, propres, spacieux, bien placés, lumineux. Je suis contente, épuisée mais contente et nous marchons d'un bon pas.
On démarre par le garage, grand, propre, électricité et porte qui ferme parfaitement. Puis on va voir la cave, petite mais saine (important pour pouvoir y stocker des valises ou cartons) porte en bon état, les sous sols sont eux aussi très propres. Nous montons voir la boite aux lettres, remplie de publicité que je mets dans la corbeille prévue, la porte ferme à clef, sans jeu, parfait.
Dans l'ascenseur aux dernières normes, je souris, me réjouie de le voir découvrir l'appartement qui était franchement moche. J'ouvre la porte, le fais entrer, le regarde... rien... Il est debout, inexpressif.
Une petite mouche est posée sur le chambranle de la porte de la cuisine immaculé, délicatement il l'attrape, l'approche de ses yeux, et dit d'une voix sévère "j'espère que ce n'est pas une punaise de lit." Puis montre du doigt une cloque de deux centimètres sous la toile de verre neuve "Là c'est décollé !"
Oui je suis là pour ça, je constate, note, ferai le nécessaire pour que cela soit recollé. Mon énergie est au ras du parquet, j'écris, il inspecte sans un sourire. Pointe du doigt le moindre petit défaut , il est réfrigérant.
Et lorsque, ouvrant le meuble au dessus du lavabo il s'offusque que les tablettes en verre soient parsemées de traces de goutte d'eau, je lâche l'affaire.
Quelle tristesse...

9 commentaires:

Chantal a dit…

Oh oui, quelle tristesse ! Et quelle déception que de ne pas être sur la même longueur d'ondes et de rencontrer -si on peut parler de rencontre- quelqu'un d'aussi fermé, incapable d'apprécier le beau. Il ne donne pas envie ce monsieur d'échanger, en est-il seulement capable ?
Oubliez-le vite et concentrez-vous sur les personnes positives.
Passez un bon week-end.

Anonyme a dit…

Un casse-couilles restera toujours un casse-couilles (peut se conjuguer au féminin) il en existe un certain nombre, mais il existe tellement plus d'individus agréables et souriants mais je ne sais pourquoi, on à toujours tendance à se remémorer l'attitude des connards.

Cet appartement ainsi que ton professionnalisme, il ne le méritait pas.

Bleck

Pascale a dit…

Espérons qu'il soit aussi méticuleux le jour où il quittera cet appartement...

Mel a dit…

Ouh là, en voilà un qui ne donne pas envie, c'est tellement dommage ! J'espère qu'il n'est pas trop représentatif de personnes que tu vois défiler. Moi, ça m'aurait fait plaisir, ce grand coup de neuf ! Quand j'étais locataire, j'ai été confrontée au meilleur comme au pire (je vous épargnerai ces expériences), ça m'est arrivée une seule fois d'arriver dans un appart rénové et je n'ai pas caché ma joie !

DoMi (Dorémi) a dit…

Me suis fait la même réflexion que Pascale…
Bonne fin de semaine !

Sylvie a dit…

Pour être austère il est austère !

Sylvie a dit…

J'espère que tu passes un bon week-end , reposant et sans stress .

Marpatch a dit…

Quel métier peut bien exercer un pareil pisse-froid?

Valérie de Haute Savoie a dit…

Je pense que la réputation des agences étant tellement catastrophique, que les nouveaux locataires sont persuadés pour la plupart que nous ne sommes là QUE pour les arnaquer. Que si je suis enjouée c'est UNIQUEMENT pour leur cacher quelque chose. Quand j'entends la description qui est faite des agences immobilières sans distinction, je suis souvent désolée. Mais l'époque est à l'agressivité, c'est comme ça. Je ne peux qu'essayer de ne pas me laisser envahir par elle.
Je raconte ces brèves immobilières sans jugement.