dimanche 20 novembre 2016

Anguille sous roche



Anguille, c'est comme cela que son père "Connait tout", l'a nommée lorsqu'elle est née.
Anguille accrochée à un bidon, ballottée dans une mer noire, et qui meurt, seule, dans cette immensité. Elle tente avant de sombrer, de se remémorer sa vie, sur son île Anjouan. Son père, sa soeur, la vie de pêcheur, les boeufs et les ânes qui pètent. Sa maison à Mutsamudu, la terrasse de laquelle elle voit la Médina, les barques qui rentrent le soir, le soleil se lever, l'amour.

C'est une langue qui m'est étrangère, déroutante à laquelle il faut s'accrocher comme Anguille s'accroche à son bidon. Il m'a fallu une bonne centaine de pages pour être enfin happée à ne plus pouvoir lâcher le livre. D'ailleurs, une fois happé, il n'est plus de livre, on est sur cette île, on marche avec Anguille, on aime et on espère.
Et même si Anjouan n'est pas Rodrigues, j'y ai retrouvé ces plages où reviennent les pêcheurs, le soleil qui assomme, le vent et la mer qui est toujours si près.

Il est écrit d'une seule phrase, une vague dans laquelle meurt Anguille.

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