mercredi 27 juillet 2016

un soupir

J'étais dans la pénombre de cette chambre d'hôpital, attendant que JP revienne de son scanner. Le vieux monsieur d'à peine soixante seize qui en paraissait quinze de plus, dormait enfoui sous ses couvertures, dehors quelques oiseaux pépiaient, je twittais, j'attendais, pas de bruit...

Et puis la fille du vieux monsieur que j'appelais en mon for intérieur, Maître Yoda tant il lui ressemblait, est arrivée, a posé son sac, s'est approchée du lit et a dit : Papa je suis là. Il a vaguement ouvert un oeil, noir, et a replongé dans un sommeil profond.

Nous sommes restées silencieuses, un moment, puis nous sommes regardées. Il a l'air si gentil votre père. Il a l'air a-t-elle dit, il est terrible en réalité. Nous avons entamé une conversation, chuchotée, son père avait une tumeur au cerveau, faisait des crises d'épilepsie et puisque caractère de cochon, refusait toute aide chez lui. Il était donc là, en surveillance, le temps de l'adaptation du médicament.
Seul depuis deux ans.

Assise sur la table, balançant légèrement les jambes, regardant son père dormir, moi dans le fauteuil bleu à roulettes, l'Ipad posé sur mes genoux. Le ventilateur bruissant. Puis, dans un soupir elle a dit : Les deux années passées ont été rudes. Ma mère d'abord, puis ma soeur un an après et le treize novembre mon fils, au Bataclan.

Mes yeux se sont noyés de larmes, le silence s'est posé comme un voile, sous ses couvertures Maître Yoda dormait.



11 commentaires:

Gilsoub a dit…

Je n'ai pas de mots...

Marie a dit…

Triste rencontre... A moi aussi, les mots manquent

C a dit…

Et toujours ton écriture attentive au monde, dont transparaît si finement l'appréhension physique des choses et de l'environnement :) j'aime ce que tu vois avec tes mots.

Anonyme a dit…

Très triste pauvre dame.
Odile

Anne a dit…

Et je me demande comment elle est toujours debout...

Lapunaise a dit…

Un coup de poing à l'estomac. Le souffle court et les larmes aux yeux.
Malgré tout merci. Ca remet mes ennuis en perspective.

Pablo a dit…

Quelle force ou quelle personne la pousse-t-elle à vivre. Entrevoit-elle des fois la lueur d'un espoir. Ou vit-elle sa vie comme un cauchemar, anesthésiée par la douleur infinie. (Ce jour-là, la lueur c'était la lumière de tes yeux à travers tes larmes).

Toujours des bises.

dieudeschats a dit…

(Et... le scanner de JP ?)

samantdi a dit…

Il y a des personnes sur lesquelles une malchance terrible s'acharne, il faut une grande force à cette dame pour continuer à s'occuper de son père comme elle le fait.

DoMi a dit…

Juste terrible.

Valérie de Haute Savoie a dit…

DDC rien absolument rien et c'était plutôt bien