mardi 15 mars 2016

on est pas là pour se faire plaisir.

En arrivant, mon caddie vide, dans le hall de l'hypermarché où le samedi je vais faire mes courses, il y avait les bénévoles des restaurants du coeur qui faisaient une collecte. 
Les directeurs de magasins ont compris le bénéfice qu'il y avait à faciliter le choix des clients pour ces actions là. Dans les allées, des palettes de riz, spaghettis, coquillettes, sucre et autres produits premier prix et de base sont disposées et bien sûr ce sont ces produits là que l'on attrape d'une main pour se garder bonne conscience.
Depuis qu'un jour, alors qu'avec ma fille nous avions choisi plein de bons produits, nous réjouissant de faire plaisir, dont un énorme pot de Nutella et des plaquettes de chocolat bio, nous nous étions fait remonter les bretelles par un des bénévoles, plus jamais je n'ai cherché à choisir. Riz, pâtes, sucre, cette année j'ai fait un écart, un gros paquet de miel pop's en souvenir de l'enfance de G. qui n'aimait que cela, shampooing familiaux, encore du riz, et mes courses à moi.
J'arrive à la caisse, et pour que mes comptes soient plus faciles à faire, je place en premier tous ce que je destine aux copains de Coluche, vient ensuite le reste, mes courses à moi. La jeune caissière passe les articles, je jette tout cela en vrac dans mon grand sac, le plus rapidement possible.
Brusquement elle s'arrête, me regarde et dit d'un petit air entendu "Ah c'est pour la collecte que vous avez acheté ce que j'ai passé au début !?!"
Je lève la tête, la regarde, un peu étonnée le temps que je comprenne ce qu'elle voulait me dire. Et calmement je lui réponds.
Oui c'est pour la collecte. Un jour on m'a dit sèchement, alors que je déposais mes cadeaux choisis avec soin, que j'aurais mieux fait de prendre des produits de premières nécessités, des produits de base, ceux qui sont sur les palettes, pas ces machins dont apparemment ils n'en auraient aucune utilité. Ce jour là j'ai perdu toute envie de m'impliquer et depuis j'achète ce riz, ces pâtes, ce sucre que je ne choisirai ni pour moi, ni pour personne.
Je lui ai souris, elle a continué à passer mes articles, j'ai payé, lui ai souhaité une bonne journée, et suis allée déposer sans plaisir mes kilos de premiers prix au stand où déjà s'amoncelaient d'autres kilos de premier prix.
En fond sonore passait le disque des enfoirés...

13 commentaires:

Pascale a dit…

J'avoue qu'à chaque fois mon coeur balance (pas longtemps hélas, chez moi en ce moment les moyens manquent, j'ai choisi de participer à un "kisskissbankbank" pour le projet d'une amie, je n'ai pas les moyens de donner partout, plus ça va, plus mes heures de travail se réduisent), entre acheter plus au détriment de la qualité ou moins mais meilleur. J'essaie de couper la poire en deux.
Cette fois j'ai acheté des produits de toilette, la marque du magasin où je fais mes courses.
Mais en tout cas, quoi que je donne, je suis toujours largement remerciée par les bénévoles à qui je remets mes achats, je pense que je l'aurais assez mal pris de ma faire engueuler pour quelques douceurs! Il y a d'autres manières de faire passer le message, non?

Valvita a dit…

J'ai lu je ne sais plus trop où, que les produits de marque n'arrivaient que très rarement aux restos du coeur, qu'entre-temps, divers "bénévoles" s'étaient servis. Dis-toi donc que cette fois tu es sûre que des gens dans le besoin vont profiter de tes achats.

J'ai retrouvé où j'avais lu (dans les commentaires) : https://vergiberation.wordpress.com/2015/12/28/les-restos-du-coeur-empoisonnent-ils-les-pauvres/

Mel a dit…

C'est triste ce que tu racontes, Valérie. Je n'ai jamais été confrontée à ce discours avec la banque alimentaire. Je leur demande ce dont ils ont besoin en priorité, la dernière fois c'était, entre autres, des petits pots pour bébé. J'ai pris ceux que j'aurais acheté pour mon enfant à l'époque où il était petit. Bref.

Chantal a dit…

Samedi, j'ai fait des courses dans un petit supermarché où j'ai pris la poche donnée par un bénévole. Ce monsieur a demandé des produits pour le petit-déjeuner, j'ai donc acheté du lait UHT, du Ricoré, de la confiture, du pain grillé et du thé, tout ça de marque. J'ai pris comme pour moi -ou à peu près, sachant que je ne consomme que du lait frais-, je trouve déplacé les remarques sur ce qui doit être donné, marque ou pas, chacun.e faisant en fonction de ses moyens et/ou ce qui lui paraît bien. Et je trouve dommage les "disparitions" dont parle Valvita.
Je suis assez mal à l'aise face à la pauvreté, la misère de toutes sortes. Est-ce que je dois donner une pièce ? Un sourire, quelques mots sont-ils bienvenus lorsque les personnes attendent de l'argent ? Est-ce que ces quelques pièces vont changer leur vie ? Comment ne pas laisser tout ce monde au bord du chemin ?
Je suis un peu perdue et parfois il m'arrive de refuser de voir, de savoir, comme si les problèmes allaient disparaître par enchantement. Malheureusement, je n'ai pas ce pouvoir.

Cleanettte a dit…

C'est vrai que c'est compliqué: donner trop bien pour que cela ne profite pas à ceux qui en ont besoin, ça m'ennuierait fortement et je sais que ça arrive aussi par chez moi. Du coups quand je donne, je prends des produits que je connais et que je prends aussi pour moi de la marque du magasin, et plutôt des produits qui me semble plus intéressant nutritionnellement que les pates que les plus démunis achètent d'eux même. Je prends des fruits en conserve, des conserves des poissons, du paté. Ce week-end j'étais trop en vrac pour réfléchir à quoi prendre en même temps que mes courses alors je me suis contenté d'acheter le DVD comme tous les ans.

laurence ( @lopalomita) a dit…

alors là je suis scotchée... il aurait vertement regretté ses reproches le bénévole... c'est scandaleux tout de même et ça m'aurait vachement énervé... quel dommage qu'il t'ai enlevé ce plaisir de faire bien avec le cœur... moi il aurait pu se "gratter" !

Valérie de Haute Savoie a dit…

Pascale, ben nous aussi cette année on a dû réduite considérablement nos donc, c'est comme ça. Quand on peut on le fait.

Valvita, cela ne m'étonna qu'à moitié, mais j'espère et pense que c'est plutôt rare non ?

Mel, ici dans l'hyper marché, il semble que les palettes soient remplies en fonction des besoins.

Chantal, j'avoue que je suis un peu démotivée, j'achète et donne, mais communiquer me tente moins.

Cleanette, le dvd non :D j'ai une sorte d'exaspération instantanée dès que je le vois :D

laurence, bah j'étais aussi scotchée et cela m'a vraiment peinée, c'est tout.

Anonyme a dit…

Ben tiens, voilà une idée afin de tenter de relancer le petit commerce, que les instances charitables fassent leur office à l'entrée de chez Monsieur Raymond charcutier traiteur, au tabac journaux du coin, chez Mâme Louisette le fruits et légumes et dans la boutique de Monsieur Matthieu l'épicier... pas plus con qu'autre chose !!

Bleck

looloo a dit…

Bonjour, Valérie,

Je crois qu'une des raisons pour lesquelles les bénévoles n'aiment pas qu'on donne des produits "chers", est que peu de gens le font, du coup ils se trouvent avec une petite quantité à partager en je ne sais combien de parts, alors ils aiment autant avoir des produits de la même marque, et c'est vrai que comme en général c'est moins cher, on peut en acheter plus et donc leur en faire profiter davantage également. J'achète en général des produits bios, donc plus chers que les autres, mais... quand c'est la crise, je me contente des produits les moins chers dans un simple supermarché. J'achète du bio par respect pour la nature, mais quand c'est impossible, je me dis que mes parents, qui avaient le bio en horreur, ont vécu jusqu'à 86 et 85 ans... Je dis ça tout en sachant qu'ils ont pollué notre terre...

Biz,
lulu

C a dit…

Ici les produits "marque repere", "discount", "premier prix" trônent fièrement dans les containers où ils sont le must, le produit chicissime que ne peuvent se payer que les expats... tu as donc fait les mêmes courses que ta fille... avec bien plus de choix! :)

Anonyme a dit…

On peut imaginer également une sorte de Banque Alimentaire exclusivement pour anciens riches, le genre de truc avec les 2 ou 3 bénévoles en grande tenue tenue de louffiat gantés de blanc équipés de Caddies chromés, ils seraient postés à la sortie de Fauchon voire du Bon Marché ou face à la mairie du 6 ème... ils feraient un tri rigoureux "Pardon Monsieur nous tolérons les boites de sardines mais uniquement de La Belle Îlloise, bien entendu..." Ne rigolez pas on y arrive, on y arrive...

Bleck

Dr. CaSo a dit…

Je ne fais jamais ce genre d'achats. Par contre, je donne de l'argent tous les mois à deux associations dont une locale (cours de musique pour les enfants défavorisés de la ville). Comme ça, pas de soucis. Mais dans la situation que tu décris, je ne me laisserais pas énerver par un bénévole comme ça, c'est pas pour lui/elle que je ferais ces dons, faut pas se laisser énerver/décourager par des idiots et le faire payer par les gens qui seront reconnaissants de ton aide, eux!

Valérie de Haute Savoie a dit…

Anonyme ce serait effectivement une idée ;)

looloo oui après coup je me suis dit que cela était sans doute leur idée.

C. Tu sais combien sont vendus les kilos de riz dans ces emballages ? soixante douze centimes !! Imagine ce que touchent les agriculteurs !!!

Bleck ?? les sardines de la Belle iloise ne sont pas bio ceci dit, mais très bonnes effectivement :D

Dr CaSo, mais cela ne m'a pas énervée loin de là, je me suis sentie même un peu honteuse :(