jeudi 14 janvier 2016

ces mauvaises odeurs qui sentent si bon

Je marchais le nez au vent, l'esprit en apesanteur, lorsqu'une mobylette filant avec son jeune conducteur m'a dépassée bruyamment. Seul engin à moteur dans la rue piétonne, il a laissé dans son sillage une odeur de carburant qui m'a projetée avec délice quarante ans plus tôt.

Mon Solex, mon Solex adoré !

Je l'avais payé avec l'argent gagné vaillamment chaque soir, faisant du ménage dans un centre de réadaptation, mon beau Solex. Je me souviens de cette sorte de délivrance, de liberté absolue, pouvoir me déplacer en filant comme une comète dans les nuits noires de la ville.
Il était tout à moi, acheté avec Mon argent, j'étais reine du monde et lorsque je l'enfourchais, je me sentais puissante et magnifique.

Je l'ai aimé, vraiment aimé, je le trouvais tellement beau. Et chaque matin à peine ma cigarette allumée, je me réjouissais de savoir que m'attendait en bas, dans ma rue, ce Solex chéri qui ne me quitterait plus jusqu'au soir.

Sans doute ai-je dû le revendre, jamais on ne me l'a volé.

Il n'y a plus de solex dans les rues, seule la mémoire frissonne encore de cette puissance majestueuse.

10 commentaires:

Mel a dit…

Ah oui, le Solex, pour mes parents aussi c'était synonyme de liberté. Mon père s'en faisait prêter un je crois pour aller voir ma mère...
C'est bien étonnant qu'à notre époque fan de "vintage" personne n'ait tenté de le relancer.

Lucienne a dit…

Quel bon souvenir que le Solex ! J'en ai eu un moi aussi et c'était synonyme de liberté !

Calyste a dit…

Mythique, le Solex . J'en ai eu un moi aussi, qui m'a offert mes premiers moments de réelle liberté. Quand je suis parti à Lyon, je l'ai laissé chez mes parents. Et mon père, lors de l'un de leurs nombreux déménagements, l'a laissé dans la cave de l'ancien appartement. Je lui en ai voulu longtemps. Et puis, un jour, j'ai vu le dépanneur de vélos du coin de ma rue, à Lyon, en tester un qu'il venait de bricoler. Même réaction que toi : le bruit du Solex, son odeur, sa beauté ! J'aurais voulu le lui racheter mais je n'en ai plus jamais revu. Et puis les rêves doivent rester rêves, non ?

Valérie de Haute Savoie a dit…

Ah mais Men en réalité tu es une gamine :D

Lucienne Bertrand je suis contente de voir que je ne suis pas la seule a avoir tant aimé le solex pour la liberté qu'il nous donnait.

Calyste, parfois j'ai eu envie aussi d'en acheter un, pour retrouver le plaisir de faire démarrer en abaissant le moteur, de pédaler dans les montées, retrouver des sensations de mon tout début d'indépendance.

Emilie a dit…

Je ne suis pas si jeune que ça, mes parents m'ont eue très jeunes, tout simplement.

Mel a dit…

La majorité était encore à 21 ans... donc tu vois.

Mel a dit…

C'est pas Emilie, c'est Mel, hein.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Mel mais la majorité a changé sous Giscard non ? Moi j'étais déjà bien née :D

laurence (@lopalomita) a dit…

han mais je suis trop contente de voir que toi aussi cette odeur du carburant (de mobylette pour ma part) te transporte des années auparavant ! c'est dingue comme ça me rappelle les copains qui en avaient, on montant derrière (sans casque bien sûr), on les essayait... bref synonyme d'adolescence, de bande de copains, de cheveux dans le vent et de sentiment de liberté... je peux même te l'avouer : ça me serre le cœur quand je sens ça, j'ai l'impression d'un paradis perdu... dis , Valérie, c'est ça devenir vieille ?

Valérie de Haute Savoie a dit…

Vieille ? Pourquoi les souvenirs seraient uniquement la marque de la vieillesse ? Lopalomita, déjà petit on a des souvenirs ;)