jeudi 17 décembre 2015

la visite

Adossées contre le mur gris vert du hall de cet hôpital qui accueille une fois encore Garance, nous attendons.
Tout à l'heure nous avons fait la queue dans la petite cafet, sandwich que nous dégustons tranquillement  en bavardant avant que la porte du service daigne s'ouvrir aux visiteurs.
Solène traverse des orages dans son couple, désemparée par cet avenir qu'elle n'imaginait pas, tout en mordant à pleines dents dans son pain aux graines, réfléchit et analyse. De collègues nous sommes devenues copines, ensemble depuis plus de sept ans, un bail. Parfois un médecin affairé, stéthoscope autour du coup, blouse volant vivement au rythme de ses pas, passe. L'ascenseur s'arrête, un homme indécis sort, perdu, droite, gauche, hésite et lentement s'en va.
Pas de bruit, à travers les vitres les montagnes enneigées se perdent dans les nuages. Les minutes s'égrènent doucement et arrivent sans bruit sur l'ouverture attendue. Nous longeons le couloir, elle est là, couchée et vulnérable.
Son sourire s'éclaire de nous voir toutes les deux, mais vite il faut ressortir, couloir, attendre, à nouveau adossées, regardant une femme au regard perdu, accrochée à la main courante aller, retour, aller...
De la chambre les aides soignantes s'activent, quart d'heure volé à notre visite, la porte s'ouvre, nous revenons et elle s'illumine, elle a déjà oublié que nous étions là à l'instant...

5 commentaires:

Mel a dit…

J'espère qu'elle ne souffre pas trop... Et que ce n'était pas trop douloureux pour vous, de voir qu'elle avait déjà oublié.

DoMi a dit…

Mon cœur se serre pour elle, pour vous.

Dr. CaSo a dit…

Que c'est cruel, les heures de visites si courtes, quand le temps est si précieux. Je pense fort à elle et à tous ceux qui l'aiment!

Valérie de Haute Savoie a dit…

Ce qu'il y a de terrible, c'est que petit à petit notre Garance se perd dans nos souvenirs. C'est pour elle qu'il faut avoir de la compassion, nous continuons notre vie, rions, nous énervons, chantons...

Dorémi a dit…

Dans son malheur elle ne se rend plus compte de ce qui lui arrive et c'est pour les autres, pour vous, que c'est difficile…