mardi 15 décembre 2015

des paquets et des hommes

Je pèse tout ce que je vais mettre dans les deux paquets que je prépare amoureusement, je pèse et je peste de devoir noter ce qu'il y a dans chaque carton, le prix des cadeaux envoyés, le contenu qui doit être bien détaillé et qui enlèvera d'un coup la surprise de l'ouverture. 

Ah si seulement je pouvais simplement poster ces paquets sans autre note que leurs adresses, s'il n'y avait pas ce foutu passage en douane qui rend aléatoire la réception d'un cadeau encore emballé. Cette distribution qui souvent s'étire sur plusieurs semaines. Je râle et me revient alors ce que me racontait C. dimanche.
Deux jeunes syriens, embauchés aux Comores pour un chantier, trajet aller payé par la boite et puis... plus rien, ni salaire, ni retour. Ils sont là, abandonnés, sur une île qui ne peut les garder, un avenir qui deviendrait abominable s'ils rentraient chez eux, leur village en ruine, la famille décimée. De Syrien à Si rien !
Cela semble si loin et puis tout à coup ils deviennent vivants, leur histoire prend corps, et on réalise combien ces hommes et ces femmes sont abandonnés de tous.

Alors mes deux paquets un peu chiants à faire, je me dis que j'ai de la chance de n'avoir que cela comme emmerdes et je voudrais pouvoir ouvrir ma porte à ces deux jeunes, tout jeunes hommes qui n'ont d'avenir que l'exode ou la guerre.

3 commentaires:

Valvita a dit…

Tu connais cette page en anglais ? http://www.humansofnewyork.com/ L'auteur arrête généralement des gens dans la rue à New York et les interview. En ce moment il fait des articles centrés sur des réfugiés syriens. Très très triste.

Dr. CaSo a dit…

Je pense souvent à ces gens ces temps-ci. Comme Valvita, je lis Humans of New York depuis un ou deux ans, et ces temps-ci, je me dis souvent que j'ai beaucoup de chance. Et par exemple la nuit, quand le chauffage de ma voisine m'énerve, je me dis que ce n'est pas le bruit des bombes, que je suis en sécurité avec ma Calinette, et je me rendors vite. La surprise des cadeaux arrive simplement un peu plus tôt, à la lecture de l'étiquette, mais c'est quand même une surprise :)

Valérie de Haute Savoie a dit…

Valvita je suis nullissime en anglais, je sais dire yes no et éventuellement ouataïmeizite. Alors imagine lire un article complet :(

De CaSo oui moi aussi, j'ai les mêmes pensées lorsque je rentre, qu'il fait bon, que la maison sent la bonne odeur de la vie tranquille...