jeudi 3 septembre 2015

coup de fil



Mercredi 5 août, treize heures trente, le téléphone sonne. Tiens me dis-je, ils sont en retard aujourd'hui, les vendeurs de toutes sortes qui écorchent les noms de famille et sans gêne coupent nos apéros sous le ciel oléronnais.

C'est mon tour de décrocher, JP plongé dans son Candy crush ne bronche pas.

Allo ! dit d'un ton sec, déjà prête à raccrocher
- Mme MèredeValérie ?,
Non c'est sa fille (et qui ne t'achètera rien crois moi)
- Mme MèredeValérie n'est pas là
Non elle n'est pas là (et dans deux secondes je raccroche mon pépère)
- Euh... écoutez... je suis le médecin urgentiste qui a fait hospitaliser votre mère cette nuit pour un problème cardiaque
Et c'est fou comme dans la seconde, images, questions, angoisse et fatalisme s'entrechoquent et provoquent une gigantesque tempête silencieuse et épuisante. 
Je suis à terre et debout, calme et ravagée. Est elle encore en vie ? Et puis pourquoi appelle t-il ici ? 
- Je voulais avoir de ses nouvelles.

Je suis si calme, si calme. Je n'en ai pas lui dis-je, je ne savais pas, je cherche à comprendre et bêtement dit, mais mon père est médecin, sous entendu appelez le lui. D'une voix sèche il répond que oui certes mon père est médecin mais que cela n'empêche pas qu'il devait la faire hospitaliser en urgence.
Oui oui, bien sûr
Il veut un numéro pour les appeler, mais celui qu'il a est celui de Paris que mon père a dû renvoyer ici. Pourquoi ? Est elle si mal qu'il ne peut plus gérer la situation ?
- Mais vous avez bien un numéro de portable.
Ben non je n'ai pas et de toute façon mes parents n'utilisent que très rarement leur téléphone.

Je vais appeler mon frère qui est à Paris, lui doit savoir, je vous rappelle, donnez moi votre numéro.
Il hésite, rechigne, j'insiste, je vais lui donner, promis, des nouvelles, promis !
Il le donne à contre coeur. J'appelle ma belle soeur chérie qui tombe littéralement des nues.

Il faudra encore une bonne demie-heure avant que l'on sache qu'elle était restée à Cochin le temps d'examens poussés, puis renvoyée avec mon père à quatre heures du matin. Le matin même puisque la tension montée à 20 était redescendue, que le coeur semblait en bon état, ils prenaient le train à dix heures, pour des vacances en Alsace, épuisés, mais mordant la vie à pleine dent.

Je mettrai deux bonnes journées à me remettre de cette émotion, gardant une angoisse sourde qui ne pourra s'estomper qu'une fois la batterie d'examens qu'elle doit encore passer début septembre pour expliquer l'incommensurable fatigue qu'elle traîne depuis plusieurs mois.



6 commentaires:

Mel a dit…

Comme je comprends ton angoisse ! J'espère que les examens vous rassureront et/ou vous éclaireront.

Gilsoub a dit…

ah ouais quand même, le genre de truc qui te réveille au téléphone !

Dr. CaSo a dit…

Oh la, quelle angoisse en effet! Je pense fort à vous tous!!! Ce genre de coup de téléphone est ma hantise, avec toute ma famille si loin de mois. Grosses bises!

Valérie de Haute Savoie a dit…

Oui comme tu le dis Dr CaSo, cela devient au fil des ans, de plus en plus angoissant et pourtant l'on sait que cela arrivera. Je tente absolument de ne pas me faire submerger avant l'heure, mais certaines fois, cela est impossible.
Gilsoub, cela glace même lors d'une canicule
Mel moi aussi je croise les doigts pour que nous soyons rassurés.

Nadya a dit…

C'est le genre d'acsenceur émotionnel que l'on aime pas prendre !
J'espère que ça va aller et que les résultats seront rassurants pour ta maman.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Oui moi aussi Nadya. On croise les doigts ;)