mercredi 11 décembre 2013

Au revoir

A cette époque nous squattions, tranquillement, en plein centre de la Petite France.

Strasbourg, petite rue des dentelles, maison à deux corps, reliés par une passerelle en bois couverte. 
Il y avait Charly, Francesca, Anne Marie et nos amants de passage. Au premier habitait un jeune couple, qui, il me semble, payait un loyer. Au rez de chaussé un local abritait une association de sourds et malentendants, et un ou deux appartements cachaient quelques vieilles personnes fantomatiques.
C'était notre maison, nous y étions bien, électricité, eau courante, pas de chauffage si ce n'est un radiateur électrique autour duquel nous nous serrions les soirs d'hiver.
On fumait un peu d'herbe, du shit, j'étais la reine des joints parfaits, on écoutait de la musique, tout le temps.
J'avais élu domicile sous les toits, un matelas, des bougies pour m'éclairer, une combinaison de plongée prêtée par mon grand frère dans laquelle je m'emmitouflais pour dormir au chaud, et, une radio à piles allumée toute la nuit. 

J'écoutais... STUDIO DE NUIT, chaque nuit, toutes les nuits.

J'aimais sa voix, les surprises des rencontres, fascination de cette vie nocturne parisienne. Du fond de ma province, de cette nouvelle vie d'indépendance, Jean Louis apportait le rêve d'un bonheur lointain. Higelin venait de sortir BBH75 et nous étions tous amoureux d'une cigarette, je découvrais Patti Smith, Brian Eno et Bryan Ferry, Lou Reed, je honnissais la variété française de cloclo et sardou.

Sous mon toit grelottante, Jean Louis me donnait l'envie de vivre, de découvrir, de supporter ma terrible solitude hivernale.

Il est parti hier... peut être retrouvera t-il Bashung

8 commentaires:

Sacrip'Anne a dit…

Oui, même si je n'ai pas vécu (ou alors que bébé) cette "grande époque", Foulquier fait partie de mes voix de radio, de référence. Tristesse.

Gilsoub a dit…

Oui triste nouvelle :-( entre ceux qui disparaissent et ceux que l'ont retire de l'antenne, les nuits radiophonique deviennent triste. Exit les Foulquier, Macha Béranger, Max Métier. Et le dernier viré Serge Le Vaillant que j'ai eu la chance de rencontrer et qui faisait les belle nuit de France Inter...

laurence a dit…

tristesse aussi, entre sa voix chaude à la radio avec ses émissions "Pollen" "y a d'la chanson dans l'air" etc... et surtout les superbes francofolies, Jean-Louis Foulquier a bercé mon adolescence, puis ma vie de jeune adulte jusqu'à aujourd'hui, grâce à lui j'ai découvert et adoré Higelin, Lavilliers etc.. et j'ai passé des moments mémorables et inoubliables à ces "francofollesnuits" de la Rochelle,
sa voix me manque déjà !

Calyste a dit…

C'est "drôle" : en lisant ton article, je pensais justement à Patti Smith, et tu la cite à la fin. As-tu lu son bouquin ? Il vient de ressortir dans une version "augmentée".

Valérie de Haute Savoie a dit…

Sacrip'Anne, c'était dans les années 75 tu n'étais même pas née :)

Gilsoub, Ahhh Max Ménier, mais ça c'était avant je crois bien. Il me semble que seul Serge Vaillant n'est pas dans mon panthéon, depuis quelques années je dors la nuit :)

laurence, pour moi, Foulquier, c'était vraiment ma découverte de la radio, la vraie, et c'est sa toute première émission de nuit qui me revient en mémoire. C'est lui aussi, avec un disquaire exceptionnel de Strasbourg, qui m'a fait découvrir la musique d'Higelin, Smith et consort. Avant je pataugeais.

Calyste, Patti Smith et Lou Reed ont été longtemps ma porte de sortie de l'angoisse. Je ne peux d'ailleurs me séparer des 33t de cette époque.

Sacrip'Anne a dit…

Je suis NEE en 75 !! Heureusement, j'ai peu entendre Foulquier souvent et plus tard :)

Otir a dit…

Même génération et mêmes souvenirs, donc. Merci pour cette rétrospective, l'hommage et la fidélité à ton blogue.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Imagine Sacrip'Anne, tu étais dans ton berceau et moi sous mon toit, déjà plongée dans la mélancolie de la vie :)

Otir, comme cela me fait plaisir ce passage, merci :)