vendredi 3 septembre 2010

père et fille

Il y aura le père me dit-elle, alors que sac en bandoulière et clefs en main je viens les prévenir que je file à l'état des lieux.
Malheur ! Je m'arrête un instant, m'accoude au comptoir, soupire. Le père ! Voilà des palabres en perspective. Rien de pire que les parents qui me font noter jusqu'à la mouche qui volète mollement dans le séjour.
Moins légère je dévale l'escalier.
Cet appartement dont le jeune locataire est parti sans laisser d'adresse, laissant des parents morts d'angoisse, m'a déjà donné du fil à retordre. Il a fallu en urgence mandaté un huissier, puis trouver une entreprise de nettoyage qui rendrait un aspect plus salubre à cet antre. Faire changer les serrures, réparer la plomberie, et maintenant, l'état des lieux avec le père et sa fille.
Je suis à l'heure, ouf, en passant devant l'immeuble je les vois, l'un et l'autre, entourés de sacs et petits meubles, sur le trottoir, pourvu qu'il y ait une place sur le parking arrière. Je claque la porte, respire un grand coup, c'est parti mon kiki !

Bonjour !
Ils sont tendus, souriants. Le père a une bonne gueule, nous grimpons l'escalier, la fille toute rougissante, muette, jeunette. Loin de l'andouille que l'on m'a décrite, une gamine qui s'émancipe, qui adore son papa c'est tout.
L'appartement est propre, sans plus. Les murs sont blancs, quelques traces, j'arpente lentement les pièces, note le plus précisément trous, taches, chocs, lentement, l'écriture la plus lisible possible. J'ai trouvé un stylo très fin, moi qui adore faire de gros pâtés, très fin mais qui me donne tout de même la souplesse que j'aime.
Le père et la fille m'écoutent énumérer ce que je constate, opinent sans mots dire, ils suivent sagement.
Je donne quelques conseils de ménage, connaît-elle la région ?
Je les mets en garde pour la porte d'entrée. De dehors sans les clefs on ne rentre pas ! Toujours avoir sa clef avec soi. C'est important, dès l'instant où je donnerai les clefs, si cela vous arrive, l'ouverture de la porte sera à votre charge.
Nous avons presque terminé, la cave a été vue, il suffit maintenant d'identifier toutes les clefs, les compter, puis nous signerons les documents. Je prépare le trousseau des clefs indispensables pour accéder à l'immeuble et l'appartement, verrou et serrure, je les donne à la fille. Mettez les dans votre poche, comme cela aucun risque de vous retrouvez dehors. Elle rit un peu bêtement.
Bon emménagement.
Au revoir.

Je viens de m'asseoir au bureau, le temps de me laver les mains, faire pipi, plongée dans un dossier je ne fais pas vraiment attention à l'agitation autour de moi. Ludivine et Samuel sont hilares. Je saisie au vol une histoire de porte fermée "Ils se sont enfermés dehors, tu verrais le père." Elle rit de plus belle. "Elle est pas finie ça c'est sûr".
Je lève les yeux, interroge. C'est quoi cette histoire de clefs ?

Tu sais, ceux que tu viens de faire rentrer... la fille elle a laissé les clefs à l'intérieur !

14 commentaires:

Olivier Autissier a dit…

C'est à la fois unique, et si drôle :)

Anne a dit…

Oui.

Y a des gens comme ça pour lesquels il n'y a pas grand chose à faire.

Bon. J'espère qu'ils se sont décoincés, depuis ! Et puis l'expérience vient par la pratique !

Gilsoub a dit…

Tête en l'air un jour, tête en l'air toujours ;-)

Saperli a dit…

eh bien elle a subi le baptême du feu ! Elle devrait s'en souvenir...

Floh a dit…

Ca y est elle est bizutée, plus que la pendaison de crémaillère à faire sur le palier donc!
Merci de ce petit récit quotidien ;)

BrB a dit…

Que celui ou celle qui ne s'est jamais retrouvé enfermé à l'extérieur jette la première clé...

lanfeust55 a dit…

Acte manqué ? elle ne veut pas quitter papa :D En tous cas, elle a du se sentir bête la pauvre :(

Eperra a dit…

C'est que c'est stressant un premier "chez soi"...<

cultive ton jardin a dit…

J'ose rien dire, le nombre de fois où ça m'est arrivé! la pire, c'est en descendant la poubelle, ma fille de quelque 18 mois à l'intérieur.

J'ai filé... au commissariat, faut croire que je les ai émus, parce que faute de m'accompagner (pas le temps) ils m'ont filé un énorme trousseau de cambrioleur. Dedans, la clé qui allait bien. Ouf.

Je jure que c'est véridique, en plus dans un quartier chaud, les pentes de la Croix Rousse, années 70.

Comme quoi, Brassens avait raison, "ya des agents bien singuliers!"

Calyste a dit…

Ça m'est arrivé juste avant le déménagement, pendant les travaux. J'ai filé chez mon père qui avait un trousseau de trois ou quatre kilos. Le temps que je revienne, l'ami qui m'aidait était grimpé par la cour, en s'agrippant à la colonne du vide-ordures et avait ouvert de l'intérieur. Je lui ai passé un gros savon: j'ai le vertige et rien que d'imaginer....

Valérie de Haute Savoie a dit…

Eh bien je ne me rappelle pas que cela me soit arrivé, du moins pas au point qu'il ait fallu faire venir un serrurier !

Lanfeust, je n'y avais pas pensé à ça :o)

Calyste, le fou ! Elle habite au dernier étage, et heureusement qu'elle n'a pas eu cette idée là.

Cultive mon jardin, mais quel cauchemar ! Je ne savais pas par contre que les flics avaient toutes possibilités pour rentrer chez nous :oD

Anne, oui heureusement nous avons trouvé un serrurier qui y est allé très vite. Le rageant de l'histoire, pour elle, c'est que nous avions fait changé toutes les serrures (donc tout tout neuf) en raison du départ sans crier gare du précédent locataire.

PPN à voir mon fils, pas toujours :o)

Saperli, un sacré baptême là !!

Gilsoub, elle en a la tête c'est sûr.

Olivier, à lire les commentaires ce n'est semble t-il pas si unique il semblerait.

Floh pas sûr que cela soit quotidien, mais sans nul doute plus que ces deux mois d'été particulièrement désertés ;o)

BrB, je crois que j'en ai une telle hantise, que je préfère vérifier plutôt deux fois qu'une moi :o)

Tili a dit…

Ça m'est arrivé aussi, plusieurs fois... dont ne où un copain à escaladé la paroi de l'immeuble ce qui a amené la police (sic).
Bon, au moins ils sont baptisés des clés là, ils devraient vite en donner un double à des gentils voisins ;-)

Lancelot a dit…

Moi ça m'est arrivé une fois quand j'étais étudiant, mais ce n'était qu'à moitié ma faute : j'étais sorti pour jeter, par la fenêtre du couloir de l'étage, un coup d'oeil au côté du parking sur lequel je n'avais pas vue depuis chez moi, pour voir si un copain arrivait. Il y a eu un courant d'air, la porte s'est claquée. J'étais en slip et tee-shirt, j'avais l'air vraiment fin... Heureusement, la concierge, rigolarde, était là, et a débloqué la porte depuis l'extérieur, avec un tournevis. A l'époque c'était possible, si on n'avait pas donné un tour de clé au préalable, évidemment.

Bon ben espérons que ça lui servira de leçon, à la "petite godiche" !

Valérie de Haute Savoie a dit…

Tili, le coup du copain qui grimpe la façade je trouve cela extrêmement angoissant non ?

Lancelot, en slip et tee shirt :o) J'aurais voulu être là !