Ma marraine m'avait offert pour mes huit ans, un livre de cuisine.
Nous adorions faire la cuisine !
Maman avait ses "Recettes faciles de Françoise Bernard", notre bible s'appellerait maintenant "La cuisine est un jeu d'enfant de Michel Oliver".
Depuis tout petit nous traînions à la cuisine, regardant maman préparer le repas. Touiller une béchamel jusqu'à ce qu'elle ait la bonne consistance, battre des blancs en neige et s'amuser à retourner le saladier épatés de ne voir rien tomber, trier les lentilles, peler les carottes... très tôt le virus nous avait saisi, mais ce livre là allait nous lancer pour de bon vers la piste aux étoiles Michelin !
Nous avions, sous l'œil vigilant maternel, élaboré notre toute première recette. Allumer le four, y poser un certain nombre de bananes, refermer le four, attendre vingt minutes, ouvrir le four, se munir de "bischeleu"(*) pour ne pas se brûler, poser les bananes sur des assiettes, retirer la peau du dessus et saupoudrer d'une cuillerée à café de sucre. Le dessert était près, bien évidemment délicieux !
Petit à petit nous nous étions enhardis. Après avoir reproduit la tasse étalon qui devait nous permettre de ne rien rater, nous nous étions attaqués au poulet au sel. Maman était revenue du marché avec un gros poulet et surtout des kilos de sel.
Le principe était simple, la recette encore plus. Il fallait dans un plat mettre deux tasses de gros sel, posez le poulet dessus, puis en verser tout autour six tasses. Six n'étant de loin pas suffisant, nous avions dû déverser plus de deux kilos jusqu'à recouvrir complètement notre volatile. Au four une heure et demi !
Toute la troupe attendait, à la sortie du four. A moi l'honneur, étant détentrice du savoir culinaire, de casser la fameuse croute. Poc poc, elle était partie en petit bout, laissant bien cachés dans les plis et replis, des grains de sel en quantité. Arghhh qu'il était salé !
Tout en savourant ce sel au poulet, nous avions longuement décortiqué le pourquoi et le comment de cette recette qui semblait pourtant si simple et qui aurait due être si délicieuse. Il fallait que nous retentions la chose en l'améliorant. H. proposa de mouiller légèrement le sel une fois disposé autour du poulet. Maman racheta donc un poulet, des kilos de sel, supervisa à nouveau la confection, et H. se chargea de briser la gangue. Rien n'y faisait, le sel nous asséchait la bouche.
Pourquoi, dit T., ne mélangerions nous pas le sel avec du blanc d'œuf ? Et revoilà maman achetant une volaille, du sel et cette fois-ci des œufs. Mélanger le sel au blanc d'oeuf cru ne fut pas si facile, loin de ce que l'on avait imaginé, la cuisine devenait lentement un vrai champ de bataille, mais bientôt la bête fut domptée, et sa sortie du four attendue par tous. Hélas !... Là encore, le sel supplantait tout !
Et si, suggéra papa, vous tentiez autre chose ? Ce livre recèle, à n'en pas douter, bien d'autres délicieuses recettes à découvrir !
(*) Bischeleu : vraisemblablement "petites poignées" - apparemment cela pourrait aussi dire petit coussin d'amour ou poignée d'amour :)
Nous adorions faire la cuisine !
Maman avait ses "Recettes faciles de Françoise Bernard", notre bible s'appellerait maintenant "La cuisine est un jeu d'enfant de Michel Oliver".
Depuis tout petit nous traînions à la cuisine, regardant maman préparer le repas. Touiller une béchamel jusqu'à ce qu'elle ait la bonne consistance, battre des blancs en neige et s'amuser à retourner le saladier épatés de ne voir rien tomber, trier les lentilles, peler les carottes... très tôt le virus nous avait saisi, mais ce livre là allait nous lancer pour de bon vers la piste aux étoiles Michelin !
Nous avions, sous l'œil vigilant maternel, élaboré notre toute première recette. Allumer le four, y poser un certain nombre de bananes, refermer le four, attendre vingt minutes, ouvrir le four, se munir de "bischeleu"(*) pour ne pas se brûler, poser les bananes sur des assiettes, retirer la peau du dessus et saupoudrer d'une cuillerée à café de sucre. Le dessert était près, bien évidemment délicieux !
Petit à petit nous nous étions enhardis. Après avoir reproduit la tasse étalon qui devait nous permettre de ne rien rater, nous nous étions attaqués au poulet au sel. Maman était revenue du marché avec un gros poulet et surtout des kilos de sel.
Le principe était simple, la recette encore plus. Il fallait dans un plat mettre deux tasses de gros sel, posez le poulet dessus, puis en verser tout autour six tasses. Six n'étant de loin pas suffisant, nous avions dû déverser plus de deux kilos jusqu'à recouvrir complètement notre volatile. Au four une heure et demi !
Toute la troupe attendait, à la sortie du four. A moi l'honneur, étant détentrice du savoir culinaire, de casser la fameuse croute. Poc poc, elle était partie en petit bout, laissant bien cachés dans les plis et replis, des grains de sel en quantité. Arghhh qu'il était salé !
Tout en savourant ce sel au poulet, nous avions longuement décortiqué le pourquoi et le comment de cette recette qui semblait pourtant si simple et qui aurait due être si délicieuse. Il fallait que nous retentions la chose en l'améliorant. H. proposa de mouiller légèrement le sel une fois disposé autour du poulet. Maman racheta donc un poulet, des kilos de sel, supervisa à nouveau la confection, et H. se chargea de briser la gangue. Rien n'y faisait, le sel nous asséchait la bouche.
Pourquoi, dit T., ne mélangerions nous pas le sel avec du blanc d'œuf ? Et revoilà maman achetant une volaille, du sel et cette fois-ci des œufs. Mélanger le sel au blanc d'oeuf cru ne fut pas si facile, loin de ce que l'on avait imaginé, la cuisine devenait lentement un vrai champ de bataille, mais bientôt la bête fut domptée, et sa sortie du four attendue par tous. Hélas !... Là encore, le sel supplantait tout !
Et si, suggéra papa, vous tentiez autre chose ? Ce livre recèle, à n'en pas douter, bien d'autres délicieuses recettes à découvrir !
(*) Bischeleu : vraisemblablement "petites poignées" - apparemment cela pourrait aussi dire petit coussin d'amour ou poignée d'amour :)
17 commentaires:
Je t'ai déjà dit à quel point j'aime tes souvenirs d'enfance? Oui, tant pis je le redis.
Ce qui m'épate, c'est qu'après chaque échec, ta mère continuât d'acheter des des poulets pour vos expériences culinaires... ! (elle devait avoir foi en vous). Sinon, cet acharnement dans vos recherches me rappelle ces labos modernes dertains grands chefs, où ils travaillent dans la découverte de nouveaux plats...
(oups : "dertains" = de certains)
Zut ! Je croyais que vous aviez fini par atteindre la perfection ! :-))
Moi aussi j'aime toujours autant tes souvenirs d'enfance.
Ah mais non! Mais non mais non mais non! Il va falloir nous raconter la fin, ou tu laisses pour demain?
Parce que moi aussi, il me semblait qu'une croûte de sel se mélangeait à autre chose.
Et puis quoi, vous avez trouvé quoi? ;)
Délicieux ! J'adore le sel de tes billets!
Délicieux ! J'adore le sel de tes billets !
L'anonyme ci-dessus s'appelle Oxygène; :-)
Ma mère fait cuire du poisson en croûte de sel comme ça, mais en laissant la peau non écaillée me semble-t-il pour qu'au moment de la dégustation le sel et la peau s'enlèvent facilement et la chair est très fondante...
Tous ces petits souvenirs sont délicieux... on en reprendrait !
Tous ceux qui prétendent que je porte des bicheleux se veront dévorer sans autre forme de procès.
Moukmouk tu m'as fait rire dès le réveil :D
Bricol-girl merci infiniment !
Pablo, elle même améliorait sans cesse ses recettes. Et je crois qu'elle aimait nous voir cuisiner ;)
Mel, au bout d'un certain temps mon père s'est lassé de croquer du sel je crois :)
Floh, nous sommes passés à une recette dont hélas je n'ai pas retrouvé la trace et même maman n'a pu me renseigner,qui s'appelait "les croissants Caroline" et qui n'avait pas non plus vraiment les faveurs de mon père :D
Oxygène, du sel il en était plus que question. Est-ce toi aussi qui anonymement donne la recette du poisson en croute ? Je l'ai faite une ou deux fois et là effectivement, si on n'écaille pas le poisson avant, le résultat est plus que probant !
Je l'ai! Je l'ai!
Ce livre, je l'ai reçu pour mon anniversaire alors que j'avais 6 ou 7 ans. Ça fait peut-être 30 ans que je ne l'ai pas ouvert, je ne me souvenais même plus de sa présence dans mon étagère. Quelle bouffée de souvenirs d'enfance tout d'un coup en lisant ce billet!
Lazuli66 as-tu aussi la pâtisserie est un jeu d'enfant ??? C'est fou comme j'aimais ces deux livres :)
Non, je n'avais que la cuisine...et je trouvais qu'il n'y avait pas assez de recettes de desserts.
Nous aimions bien faire les friands mais nous n'avions pas les moules hélas :)
Je suis comme Pablo : je suis fasciné par ta Maman qui inlassablement, accepte de racheter un poulet (et du sel !) pour laisser les enfants tenter leur expérience culinaire ! Ma mère à moi m'aurait sorti de la cuisine en me balançant les marmites à la tête dès l'ébauche de ma première velléité de faire un plat tant soit peu compliqué !
En revanche, les 'Recettes Faciles de Françoise Bernard', je l'ai ! Il m'a été offert par... ma mère, jutement, qui, ayant toutes ses recettes en tête, et ne voulant plus innover, a décidé de désencombrer ses étagères ! J'en ai hérité ! (il y a des recettes géniales dedans, d'ailleurs)
Et ma fille se l'est acheté lorsqu'elle a quitté la maison :)
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