Nonchalante, je passais le Bissel. Il semblait faire ses allers retours un peu mou entre les chaises sans aide, mon bras devenu mécanique le guidant alors que je rêvais déjà, en chemise de nuit, statue sur le tapis, prête à plonger dans mon lit. A la salle de bain, J. et T., respectivement de corvée "mettre, et, débarrasser la table" se brossaient les dents, ne restait qu'H. qui, à la va-vite, remplissait le lave-vaisselle. Papa dans son bureau, s'attaquait à la paperasse tandis que maman bordait le petit dernier tout en lui racontant une histoire.
Soudain, dans ce lent assoupissement de la vie familiale, retenti une sirène, telle un grand loup hurlant sa peine par delà les toits de la ville. La première plainte figea l'ensemble familial. M'ébrouant de ma torpeur, je filai coller mon nez sur la vitre glacée, la rue endormie et noire ne laissait rien deviner du probable drame qui se jouait quelque part. Au galop les deux brossés dentaire m'avaient rejoint tandis que H. pointait son nez alors que la plainte s'était muée en une sorte de long hurlement modulé plein d'excitantes angoisses.
Papa sorti de son bureau surplombait maintenant l'ensemble réjouit et piaillant.
Au dessus des toits le ciel mouvant rougeoyait.
Alors arriva une chose incroyable, invraisemblable. Maintenant que même maman, s'était déplacée pour jeter un regard dans ce ciel plein d'étincelles, papa les yeux brillants dit : " Les enfants, allez vite vous habiller, nous allons voir ce qui se passe !".
A peine dit, comme une volée de pigeon nous étions dans nos chambres, nous jetant sur les vêtements du jour, plongeant sous le lit pour la chaussette égarée, vite vite, quelle histoire !
Une rapide inspection maternelle, et nous dévalions en riant les escaliers de bois, papa en éclaireur. Pouf pouf pouf pouf la grosse ariane avalait les quatre marmots, papa au volant mettait le contact, nous partions à l'aventure c'est sûr.
Comment a t-il su ? Comment savait-il où se diriger ? Mystère ! Mais en quelques instants nous étions devant le plus grand feu jamais vu. Il avait garé la voiture dans une rue minuscule, nous étions sortis en rang d'oignon, fébriles, nous tenant fermement la main. Il nous avait fait traverser la rue où ne se pressaient que des piétons, les gros camions rouges, à l'œuvre, stationnaient, une centaine de mètres sur la gauche.
C'était un gigantesque entrepôt de peinture qui fondait sous nos yeux. Collés à la palissade, le nez entre les planches, nous regardions fascinés les bidons exploser en gerbes galactiques. A tour de rôle, juchés sur les épaules du père, nous embrassions la scène , les joues chauffées par fournaise.
Et puis il avait fallu rentrer, sagement nous coucher, les yeux encore remplis des volutes dorées, ébahis par ce père que nous découvrions si proche de notre enfance.
Soudain, dans ce lent assoupissement de la vie familiale, retenti une sirène, telle un grand loup hurlant sa peine par delà les toits de la ville. La première plainte figea l'ensemble familial. M'ébrouant de ma torpeur, je filai coller mon nez sur la vitre glacée, la rue endormie et noire ne laissait rien deviner du probable drame qui se jouait quelque part. Au galop les deux brossés dentaire m'avaient rejoint tandis que H. pointait son nez alors que la plainte s'était muée en une sorte de long hurlement modulé plein d'excitantes angoisses.
Papa sorti de son bureau surplombait maintenant l'ensemble réjouit et piaillant.
Au dessus des toits le ciel mouvant rougeoyait.
Alors arriva une chose incroyable, invraisemblable. Maintenant que même maman, s'était déplacée pour jeter un regard dans ce ciel plein d'étincelles, papa les yeux brillants dit : " Les enfants, allez vite vous habiller, nous allons voir ce qui se passe !".
A peine dit, comme une volée de pigeon nous étions dans nos chambres, nous jetant sur les vêtements du jour, plongeant sous le lit pour la chaussette égarée, vite vite, quelle histoire !
Une rapide inspection maternelle, et nous dévalions en riant les escaliers de bois, papa en éclaireur. Pouf pouf pouf pouf la grosse ariane avalait les quatre marmots, papa au volant mettait le contact, nous partions à l'aventure c'est sûr.
Comment a t-il su ? Comment savait-il où se diriger ? Mystère ! Mais en quelques instants nous étions devant le plus grand feu jamais vu. Il avait garé la voiture dans une rue minuscule, nous étions sortis en rang d'oignon, fébriles, nous tenant fermement la main. Il nous avait fait traverser la rue où ne se pressaient que des piétons, les gros camions rouges, à l'œuvre, stationnaient, une centaine de mètres sur la gauche.
C'était un gigantesque entrepôt de peinture qui fondait sous nos yeux. Collés à la palissade, le nez entre les planches, nous regardions fascinés les bidons exploser en gerbes galactiques. A tour de rôle, juchés sur les épaules du père, nous embrassions la scène , les joues chauffées par fournaise.
Et puis il avait fallu rentrer, sagement nous coucher, les yeux encore remplis des volutes dorées, ébahis par ce père que nous découvrions si proche de notre enfance.
10 commentaires:
Ma première stupeur fut de lire qu'il existait déjà des lave-vaisselles à cette époque ^^
Et sinon, je n'en reviens pas de la réaction de ton père non plus ! Aucun de vous n'est devenu pyromane j'espère ;-)
Eh oui DDC, il faut dire que mère de cinq enfants,ma mère avait très vite opté pour cette invention magique.
Ce matin, la lumière à peine allumée, je me suis précipitée sur l'iphone posée sur la table de nuit pour vite aller voir ton récit qui m'enchante tous les matins............
Han mon dieu, le Bissel !!!!!!!!!!!!!!!!
Le bissel !!!!!!
Cette fascination du feu pour les enfants atteint souvent aussi les pères :)
Ton père, comme bon père de famille, a flairé le feu pour le trouver.
« Le premier détecteur d'incendie est un père de famille qui dit : "vous ne sentez pas le brûlé ?" Les pères sentent les feux tout de suite et ils le disent comme alarmés, tout en essayant de ne pas alarmer. "Je dirais que ça sent un peu le brûlé". Si quelqu'un allume une allumette, "vous ne croyez pas que ça sent un peu le brûlé ?" ; si quelqu'un fait griller du pain, "vous ne croyez pas que ça sent un peu le brûlé ?". Les détecteurs de fumée sont faits en nez de père de famille. (...) Quand un camion de pompiers passe dans la rue, les hommes le suivons des yeux et regardons au loin comme si on allait voir la fumée à l'horizon, inquiets, un peu comme si on disait : "je vous le disais, que ça sentait le brûlé". » (Luis Piedrahita, "Le feu et les extincteurs - Faites vos feux, messieurs !" dans "Dieu créa le monde en sept jours... et ça se voit !" [esp], 2007)
Je préfère, et de loin, ce père là...
Je me suis faite la même réflexion que DDC ;-)
Lili, du coup le samedi et le dimanche je te souhaite de n'ouvrir les yeux que très tard, puisque de mon côté je fais la grasse matinée et comme mes billets sont aussitôt publié dès que fini, ce n'est pas pour tout de suite :)
Anne, tu as donc aussi connu le Bissel ? L'avantage était que l'on pouvait nettoyer le tour de la table sans bruit pour les voisins.
Madeleine, mon père était très introverti, ne montrait que très rarement ses émotions. C'est pour cela que nous avons été stupéfait par cette sortie nocturne et le plaisir en a été décuplé.
Ah Pablo, j'adore toujours les petites touches que tu ajoutes à mes billets :)
Erin, mon père est un vrai et bon père, mais l'époque de ce geste violent était l'époque de mes frasques à répétition. Je crois sincèrement qu'ils n'en pouvaient plus et ne savaient absolument plus comment faire.
Quel magnifique souvenir!
Moi aussi c'est le Bissel qui m'a bien fait sourire: je crois que c'est inconnu en Suisse.... jamais entendu parlé de ça par ici!
C'est quand même une invention aussi intéressante que le lave-vaisselle ;)
Je ne sais, Béo, si cet engin existe toujours !
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