Il fallait qu'il soit ovale, ovale et plat. J'arpentais lentement cet endroit que je savais riche en choix, les yeux rivés au sol, lentement, pour ne pas le laisser, LES laisser passer.
"Les" parce qu'il m'en fallait deux, identiques en taille et surtout en hauteur. Deux petits galets ronds, d'environ cinq centimètres de longueur, deux trois de largeur et surtout, surtout, un à deux de hauteur. J'avançais pas à pas, les mains dans le dos, absorbée par ma recherche, me penchant un peu plus lorsque l'un deux approchait mes critères. D'une main je le cueillais, puis le caressait, douceur, taille, je scrutais ma trouvaille et si, une fois testé, il me convenait, ne me restait plus qu'à lui trouver son jumeau, glissant celui-ci dans la poche de ma robe légère.
Le soleil chauffait mes épaules déjà brunes, au loin des faneuses brassaient le foin, dans l'étable s'ébrouait en faisant cliquer la chaîne, une vache prête à vêler et qui n'avait pu se joindre au troupeau qui paissait dans l'herbe drue.
De temps en temps une voiture passait rapidement sur la route qui traversait toute droite le hameau, j'étais seule au monde dans mes rêves.
Et puis je trouvais le second galet, sosie de celui que je ressortais de ma poche. Je les regardais un instant, vérifiant leurs conformités avant de les plonger dans l'auge glacée afin d'y retirer toute trace de boue séchée. Ils s'assombrissaient brusquement, se veinant joliment, puis, une fois lavés, redevenaient gris pâle et doux.
Accroupie, soulevant mes talons pour laisser un espace entre eux et la semelle de mes sandales blanches, je glissais le doux caillou, le calant dans le creux qui semblait avoir été taillé pour cela. Je reposais délicatement le talon et me relevais doucement.
Et voilà !
Conquérante, juchée sur mes talons, je devenais "femme", magnifique et désirable !
"Les" parce qu'il m'en fallait deux, identiques en taille et surtout en hauteur. Deux petits galets ronds, d'environ cinq centimètres de longueur, deux trois de largeur et surtout, surtout, un à deux de hauteur. J'avançais pas à pas, les mains dans le dos, absorbée par ma recherche, me penchant un peu plus lorsque l'un deux approchait mes critères. D'une main je le cueillais, puis le caressait, douceur, taille, je scrutais ma trouvaille et si, une fois testé, il me convenait, ne me restait plus qu'à lui trouver son jumeau, glissant celui-ci dans la poche de ma robe légère.
Le soleil chauffait mes épaules déjà brunes, au loin des faneuses brassaient le foin, dans l'étable s'ébrouait en faisant cliquer la chaîne, une vache prête à vêler et qui n'avait pu se joindre au troupeau qui paissait dans l'herbe drue.
De temps en temps une voiture passait rapidement sur la route qui traversait toute droite le hameau, j'étais seule au monde dans mes rêves.
Et puis je trouvais le second galet, sosie de celui que je ressortais de ma poche. Je les regardais un instant, vérifiant leurs conformités avant de les plonger dans l'auge glacée afin d'y retirer toute trace de boue séchée. Ils s'assombrissaient brusquement, se veinant joliment, puis, une fois lavés, redevenaient gris pâle et doux.
Accroupie, soulevant mes talons pour laisser un espace entre eux et la semelle de mes sandales blanches, je glissais le doux caillou, le calant dans le creux qui semblait avoir été taillé pour cela. Je reposais délicatement le talon et me relevais doucement.
Et voilà !
Conquérante, juchée sur mes talons, je devenais "femme", magnifique et désirable !
12 commentaires:
Tu es extraordinaire.
Déjà tout au long de ton récit je me suis laissé aller à l'interrogation de l'usage de ces galets, comme un vrai suspens. Et puis, cette chute, qui te ressemble tant, drôle et touchante.
Et sinon, c'était confortable :)
Olivier, j'ai été élevée avec comme ligne directive "il faut souffrir pour être belle"...
Ce texte a un parfum d'enfance et d'été qui va me suivre toute la journée.......merci !
Moi aussi, je me demandais ce qui nous attendait au bout et j'étais bien loin d'imaginer cette fin ! Merci pour cette nouvelle pierre... elle est précieuse.
Moi je pensais que tu allais faire des ricochets ! Conquérant ou princesse ? (quoique personnellement je ne me sois jamais bien senti totalement l'un ni l'autre...) :-)
Quel joli billet, il fallait y penser !
Wow le suspense et la chute!
Félicitations ;) Je n'aurais jamais imaginé cet usage!
Quel beau texte, une fois de plus :)
Et tu n'enfilais pas par hasard les chaussures (à talons s'entend) de ta mère ?!
(Je me souviens de sandales d'été blanches que j'avais hum ! un peu abîmées ! car je devais chausser du 35/36 et elle du 39. Le talon avait un peu souffert :))
Les galets te relevaient, mais leur poids t'empêchait d'être emportée par le vent. Et ils t'ont permis de rêver tout en gardant les pieds sur terre.
Ce matin Lili, l'été semble loin, cela sent la neige ici !
Comment Mel, tu ne faisais pas ça petite ? Je pensais que nous étions une tripotée à rêver de hauteur :)
Lancelot, j'étais loin de toute eau, et "être femme" était une de mes préoccupation principale :D
Oxygène, toi non plus tu ne te juchais pas sur des talons de pierre ?
Floh merci beaucoup.
Madeleine oh que si ! Ma mère avait des chaussures talons bobines qui me ravissaient et que je mettais dès que possible malgré la taille. Mais nous étions à la campagne, bien loin des talons de ville.
Rêver était ma seconde nature Pablo :)
Je ne m'attendais pas du tout au but recherché par ta quête!
Magnifique ce texte qui ramène l'enfance au premier plan de ce tableau estival
Merci Béo.
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