Ma lectrice de voisine, toujours aussi pointue dans le choix de ses lectures, m'a déposé hier soir un Parismatch dont je viens de survoler un article parlant de la jeune femme récemment découverte sur un campus, après avoir été séquestrée durant des années.
"Séquestrée oui, mais..." dit une personne interrogée l'ayant plusieurs fois rencontrée, elle aurait pu alerter de nombreuses fois ceux qu'elle croisait "Pourquoi n'en a-t-elle rien fait ?"
Je ne sais si je l'ai déjà raconté... après ma longue nuit...
le jour commençait juste à se lever, il faisait froid, nous avions marché, marché, l'un à côté de l'autre, muets, moi légèrement en retrait, un ou deux pas tout au plus. Les herbes recouvrant les talus, blanches de givre, craquaient sous nos pas lorsque nos pieds s'écartaient du trottoir.
Nous avions descendu l'avenue déserte, nous étions rapprochés de la vie. Je voyais au loin les lumières d'un café vers lequel nous nous dirigions.
Il avait voulu acheter des croissants à la boulangerie adossée au bistrot. Côte à côte, je restai muette l'écoutant commander ses viennoiseries.
On nous avait salué d'un tonitruant "Bonjour m'sieur dame" dès la porte du café poussée. Je l'avais suivi, m'étais assise en face de lui, il avait commandé deux grands crème.
J'étais muette, la vie tout autour me parvenait derrière une vitre épaisse, intraversable, je buvais un café sans goût, croquais dans un croissant iréel. Je n'étais plus, tout simplement.
Morte à l'intérieur, le monde n'existait plus.
Ils étaient là, buvant, riant, froissant des journaux racontant la vie, les faits divers.
Ils étaient si loin, si loin de ma tombe d'où je n'imaginais pas un seul instant, qu'un jour j'en sortirai !
"Séquestrée oui, mais..." dit une personne interrogée l'ayant plusieurs fois rencontrée, elle aurait pu alerter de nombreuses fois ceux qu'elle croisait "Pourquoi n'en a-t-elle rien fait ?"
Je ne sais si je l'ai déjà raconté... après ma longue nuit...
le jour commençait juste à se lever, il faisait froid, nous avions marché, marché, l'un à côté de l'autre, muets, moi légèrement en retrait, un ou deux pas tout au plus. Les herbes recouvrant les talus, blanches de givre, craquaient sous nos pas lorsque nos pieds s'écartaient du trottoir.
Nous avions descendu l'avenue déserte, nous étions rapprochés de la vie. Je voyais au loin les lumières d'un café vers lequel nous nous dirigions.
Il avait voulu acheter des croissants à la boulangerie adossée au bistrot. Côte à côte, je restai muette l'écoutant commander ses viennoiseries.
On nous avait salué d'un tonitruant "Bonjour m'sieur dame" dès la porte du café poussée. Je l'avais suivi, m'étais assise en face de lui, il avait commandé deux grands crème.
J'étais muette, la vie tout autour me parvenait derrière une vitre épaisse, intraversable, je buvais un café sans goût, croquais dans un croissant iréel. Je n'étais plus, tout simplement.
Morte à l'intérieur, le monde n'existait plus.
Ils étaient là, buvant, riant, froissant des journaux racontant la vie, les faits divers.
Ils étaient si loin, si loin de ma tombe d'où je n'imaginais pas un seul instant, qu'un jour j'en sortirai !
9 commentaires:
En te lisant on peut comprendre pourquoi cette personne dont parle le journal n'a rien dit. Elle était surement dans une tombe, comme toi.
Bonne journée Valérie. Des câlins aux chats...
Terrible...terrible de te lire aussi. Ma jeune soeur a vécu ça... mais depuis 15 ans elle n'a plus de mots. Plus de vie.
Du coup, ton histoire me laisse sans voix...
Je sais que chaque chemin est unique. Du coup je suis bien contente que le tien, de chemin, t'ait ramenée à la vie.
Et pas de mots non plus pour nous les autres. Ma nièce a vécu quelque chose du même ordre il y a des années et je n'ai jamais osé lui en parler. J'ai peur de lui faire violence si j'aborde la première ce dont je ne l'ai jamais entendue parler. Mais toi Valérie, je comprends mieux cette humanité qui émane de chacun de tes mots, c'est comme ça que tu as survécu à l'inhumanité.
Tu es la preuve vivante que l'espoir peut renaître car à te lire depuis quelques temps j'ai senti l'amour et la sollicitude qui sont ta force alors bravo pour ca !
Comme tous les autres, au regard de ce témoignage poignant, je pense à ton humanité, ton optimisme et ton amour de la vie. Et ça n'en est que plus fort, plus impressionnant, plus admirable.
Tu décris ça si simplement, si bien...et c'est si douloureux à lire.
Bises et plein de soleil dans ta journée :)
Il t'en a fallu du courage, et de la force...
Je t'embrasse Valérie.
Oh je vais bien maintenant, très bien même si ce n'est un petit pincement au cœur à l'idée de quitter mon chaton chéri :)
Mais il est vrai que lorsque l'on est sous l'emprise de quelqu'un par la terreur, il est impossible d'appeler à l'aide...
J'aime te lire pour cette raison que tu rends limpide ce qui peut paraître confus.
Enregistrer un commentaire