lundi 6 juillet 2009

nuits blanches

La première fois, Chamade n'en a pas dormi de la nuit. A trois heures elle errait entre les balcons et l'appartement, miaulant telle une mère appelant ses petits. A cinq heures n'y tenant plus, elle était venue me réveiller, sans doute pour que je calme son angoisse. C'est en me levant que j'avais réalisé qu'il n'était pas rentré de sa petite sortie Genevoise. Le SMS envoyé vers vingt trois heures trente m'avait juste informé qu'il ne rentrerait pas tout de suite "tout est OK", je m'étais endormie.
Découvrant son lit vide, j'avais eu un pincement au coeur, cinq heures, n'était ce pas un peu tard pour une sortie en Ville ? C'est alors qu'il avait poussé la porte, sa paire de basket à la main, ouvrant des yeux étonnés de me voir là, persuadé que j'avais guetté la nuit durant.
J'avais filé au lit, rassurée de le savoir vivant, le laissant aux pattes de sa gardienne manifestant sa joie et son courroux avec force miaulements.
Trois soirs de suite il a fait la fête, anniversaire d'un copain, soirée au bowling, Lake Parade. Chamade en a pris son parti, elle débute sa nuit avec moi, et dès le bruit de la clef dans la serrure fonce joyeusement retrouver son compagnon officiel pour démarrer une grasse matinée.


Il me faut maintenant apprendre à continuer à vivre, tout en le sachant "dehors". A chaque enfant il faut réapprendre à maitriser l'angoisse, ne pas étouffer, permettre l'envol, calmer l'imagination et surtout laisser savourer entièrement l'instant vécu. Ni trop, ni trop peu.

Me revient en mémoire ma toute première fois, celle où, la nuit finissant, j'avais moi aussi poussé doucement la porte pour ne pas réveiller mes parents, le cœur encore plein du bonheur d'un premier vrai baiser. J'avais été cueillie par une gifle me jetant à terre, quelques coups de pieds, des insultes. Mon dieu comme je les avais haï d'avoir sali ces instants magiques.
Les années ont effacé ma rage, petit à petit je comprends leur peur, pardonne leurs erreurs.

Ces erreurs, qui telles des vigies, me guident dans mon apprentissage à être mère.

Toujours faire confiance et accepter que mes enfants vivent leur vie, sans forcément que je sache où et comment ils la vivent.




19 commentaires:

Tellinestory a dit…

Et c'est un apprentissage qui semble ne jamais finir!

Alexandre Bernique a dit…

Il est amusant de voir cette répétition de situations :"Mais Maman, je suis grand(e), je suis (presque) adulte, si je veux rester dehors avec des amis, c'est bon, il y a pas mort d'homme ! C'est pas comme si je fumais des clopes ! (non, l'odeur de tabac c'est parce que mes potes fument, mais moi, tu me connais, je dis toujours non !)
Je me demande comment je réagirai en tant que parent.
Mais gifle, insulte et violence, ce ne fut pas très drôle pour toi Valérie.
Bisous

Olivier Autissier a dit…

C'est aussi dans ces moments-là que je t'admire. Je n'aurais et je n'ai jamais pardonné leur violence.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Anita,jusqu'à notre dernier souffle tu crois ?

Alexandre, cela se passe en fait très simplement. Il n'a pas a plaider sa cause et ni lui ni ses copains ne fument, du coup pas d'odeurs suspectes :)
Je n'ai pas été souvent brutalisée, c'est un des rares souvenirs violents physiquement qu'il me reste, chez nous les paroles étaient souvent bien plus meurtrières.

Olivier, être parent permet de prendre du recul et pardonner (et puis sans doute aussi mes années d'analyse, toujours elles :))

Pablo*NSN a dit…

Un âge (le leur) où ça change vite, sans doute... Il a quel âge maintenant, d'ailleurs ? 17 ? Ma fille aura 15 ans en décembre : chaque année scolaire (l'arrivée des vacances est une sorte de bilan) on se rend compte de combien elle a changé pendant les mois précédents : chaque année plus vite que la précédente. (Et plus vite, ou plus précocement, que les générations précédentes). Nous aussi on essaye de changer notre regard envers elle, mais je crois qu'on va beaucoup plus lentement. Pour l'instant, elle passe deux semaines en vacances loin de nous (ojos que no ven, corazón que no siente : 'si les yeux ne voient pas, le coeur n'en souffre pas', ou quelque chose comme ça, il doit exister une expression en français mais je ne la connais pas).

Fauvette a dit…

Elevée à la dure la petite Valérie...

Et heureusement les temps ont changé, toi tu sais faire confiance !

Valérie de Haute Savoie a dit…

Pablo, le 12 il aura 18 ans ! Tout à l'heure, en me rendant à une visite, j'écoutais France Inter. La journaliste interrogeait une femme, elle lui parlait de l'amour, et la jeune femme a dit exactement cela "si les yeux ne voient pas le coeur ne souffre pas"... et j'ai trouvé cela tellement juste, je me suis répété cette phrase, je me suis dit que tellement de choses auraient été moins douloureuses et destructrices si parfois je n'avais pas su. Et la lire là, aujourd'hui, je me dis que sans doute c'est un petit signe que je dois maintenant comprendre :) (Rien à voir pourtant avec mon billet)

Fauvette, notre génération était il est vrai élevée plus dans le brut, mais tout de même, je crois avoir eu droit malgré tout à l'éducation la plus intelligente que mes parents pouvaient donner.

Beo a dit…

Quel accueil tu avais reçu!!!

Je n'aimais pas rentrer tard, savoir un ou les deux parents éveillés, ou ne dormant que d'une oreille. Mais les questions ont toujours attendu au lendemain et je sentais leur confiance.

Le cirque de Chamade m'impressionne... vraiment! Tu crois qu'elle l'a senti arriver et que c'est pour ça qu'elle t'as réveillée tout juste avant? ;)

Valérie de Haute Savoie a dit…

Béo, tu crois ? Il me semble qu'entre le réveil de Chamade et l'arrivée de G. il y a eu plusieurs minutes tout de même.

Beo a dit…

Oui je sais mais je n'ai pas dit "entendu" arriver mais senti... parfois, je crois qu'il sentent notre approche.

Un peu comme si on commençaient à habiter les lieux de note home avant d'y poser les pieds tu vois?

LiliLajeunebergere a dit…

j'ai encore quelques années de répit, j'espère que je saurai trouver l'équilibre nécessaire, entre liberté et sécurité...

Lise a dit…

ta confiance comme le plus beau des cadeaux...J'espère savoir en faire autant quand il sera temps.

Lise

C a dit…

et ta grande revient de New York... je peux pas te le décrire tellement j'ai aimé. J'ai loupé ton appel j'étais au travail, mais si tu veux essayer aujourd'hui à 14h heure française.. j'essayerai d'être sortie de ma douche! sinon je t'écris un mail dans la semaine. je t'embrasse je t'aime.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Lillie je ne me fais aucun souci pour cela :)
En quête...de quoi, faire confiance est sans doute la première chose importante !

C, mais où donc était passé ton commentaire, heureusement que tu m'as appelé :D je me faisais du mouron !

Lancelot a dit…

Ah, zut, encore en retard, moi. Komdab.

Bon, tant pis, ça ne m'empêchera pas de te dire que j'ai beaucoup aimé cette note qui me fait l'effet des montagnes russes par la foule de sensations qu'elle soulève en nous. Attendrissement face aux lubies de Chamade, qui joue sa '2° Maman', amusement face au grand fils qui vit sa vie, et enfin, grand choc lorsque tu parles de ton souvenir à toi.
Les parents sont forts pour gâcher les souvenirs. Mais, bon... Eh ouais, on leur pardonne...

Valérie de Haute Savoie a dit…

Sans nul doute, j'en ai aussi gâché sans le réaliser ou alors trop tard.

Hervé a dit…

Dommage qu'elle soit partie en vacances (mais tant mieux pour elle !). Il découvre son blog et après la lecture de quelques billets il pense qu'il reviendra certainement. Il aime à lire, entre autres, l'expérience de parents dont les enfants ont quelques années de plus que les siens, histoire de se préparer aux choses.
Qu'elle soit remerciée de partager sa vie.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Eh bien je vous accueille avec plaisir, bienvenue chez moi :)

jipes a dit…

Difficille de laisser l'oiseau s'envoler du nid mais pour apprendre à voler il n'y a guère d'autres solution mais c'est vrai que l'on tremble pour eux :o(