Le standard : ton rendez-vous est arrivé
- Hé ! il est en avance là non ?
Le standard : Un quart d'heure oui !
- Il attend ! J'ai des trucs à finir et je vais faire pipi.
Le standard : Pas d'problème.
A l'heure je récupère les clefs, me retourne vers le tout jeune homme dont une oreille est ornée d'une sorte d'anneau enserré dans la lobe. Il est beau, une unique dreadlock sort de son bonnet péruvien bien enfoncé sur son visage. Il est emmitouflé, c'est vrai qu'il fait froid aujourd'hui.
Nous descendons l'escalier, silencieux. Une unique recommandation pour lui éviter de glisser sur les grosses plaques de glace qui traitreusement recouvrent par endroit le bitume.
La voiture démarre sans histoire et nous nous glissons dans la circulation.
Au premier feu je sais déjà qu'il est là depuis une semaine et qu'il vient du centre, Orléans, Tours, il est venu ici pour le travail.
Je meuble le silence. - Il paraît qu'il y fait plus froid aujourd'hui, qu'ici.
Entre deux quintes de toux, d'une voix tranquille il me répond.
- La nuit tout de même il fait -15 vous savez.
Je le regarde et sans y croire lui demande.
Vous ne dormez pas dehors ?
Si ! Il dort depuis son arrivée dans une maison abandonnée, sans fenêtre, sans chauffage, dans le froid glacial. Il a trouvé un compagnon de fortune, ils passent les soirées à attendre que le sommeil les apaise.
Oui sa mère sait qu'il n'a pas de toit, Non aucun endroit prévu pour les sans abris n'a voulu ou pu l'accueillir. Il est là, assis à côté de moi, sans révolte, confiant dans son avenir. Il trouvera un logement, ce n'est qu'un sale moment à passer.
Alors, plus tard, juste avant de partir, j'ai demandé si son dossier tenait la route, s'il avait une chance de décrocher l'appartement.
Puisqu'il avait sa chance, j'ai pour la première fois essayé d'influencer le destin.
- Hé ! il est en avance là non ?
Le standard : Un quart d'heure oui !
- Il attend ! J'ai des trucs à finir et je vais faire pipi.
Le standard : Pas d'problème.
A l'heure je récupère les clefs, me retourne vers le tout jeune homme dont une oreille est ornée d'une sorte d'anneau enserré dans la lobe. Il est beau, une unique dreadlock sort de son bonnet péruvien bien enfoncé sur son visage. Il est emmitouflé, c'est vrai qu'il fait froid aujourd'hui.
Nous descendons l'escalier, silencieux. Une unique recommandation pour lui éviter de glisser sur les grosses plaques de glace qui traitreusement recouvrent par endroit le bitume.
La voiture démarre sans histoire et nous nous glissons dans la circulation.
Au premier feu je sais déjà qu'il est là depuis une semaine et qu'il vient du centre, Orléans, Tours, il est venu ici pour le travail.
Je meuble le silence. - Il paraît qu'il y fait plus froid aujourd'hui, qu'ici.
Entre deux quintes de toux, d'une voix tranquille il me répond.
- La nuit tout de même il fait -15 vous savez.
Je le regarde et sans y croire lui demande.
Vous ne dormez pas dehors ?
Si ! Il dort depuis son arrivée dans une maison abandonnée, sans fenêtre, sans chauffage, dans le froid glacial. Il a trouvé un compagnon de fortune, ils passent les soirées à attendre que le sommeil les apaise.
Oui sa mère sait qu'il n'a pas de toit, Non aucun endroit prévu pour les sans abris n'a voulu ou pu l'accueillir. Il est là, assis à côté de moi, sans révolte, confiant dans son avenir. Il trouvera un logement, ce n'est qu'un sale moment à passer.
Alors, plus tard, juste avant de partir, j'ai demandé si son dossier tenait la route, s'il avait une chance de décrocher l'appartement.
Puisqu'il avait sa chance, j'ai pour la première fois essayé d'influencer le destin.
18 commentaires:
...
gorge serrée...
J'espère que ton influence sera bonne... et rapide.
Oui c'est dans ces moments là que l'on aimerait tenir une baguette magique ! croisons les doigts en espérant que ton aide le fera passer.
C'est quand même terrible de penser que ca se déroule sous nos yeux tous les jours....
Un quart d'heure d'avance pour être au chaud. Quelle tristesse... J'espère que son dossier aboutira rapidement.
Il peut avoir le logement s'il n'a pas encore de travail parce que sinon c'est le cercle vicieux ?! Pas de boulot - pas de logement / Pas de logement - pas de boulot !
Sa mère ne peut peut-être pas l'aider comme nous l'avons fait pour notre fille. Le logement financé par les parents, le travail suit plus facilement ! Mais tous les jeunes n'ont pas cette chance sous le "règne" de qui vous savez ...
Madeleine, sa mère est caution et apparemment largement solvable. Ce qui est terrible, c'est que ne travaillant que depuis une semaine il doit attendre pour pouvoir demander un acompte. Et il ne tient pas vraiment à clamer sur les toits qu'il loge dehors, du coup il ne peut pas demander de l'aide à son patron. Cela me travaille.
Je croise les doigts pour que ça marche vite pour lui...et pour tant d'autres.
Heureusement que tu es là! Tu ne peux pas lui dire un mot en douce, au patron?
Quel monde...
je sais ce qui me désole et me révolte le plus.
le fatalisme de cette génération pourtant toujours à la fois pleine d'espoir, ou que des enfants se retrouvent à la rue.
Je suis pas très vieille une dizaine d'années de plus que ce jeunes hommes mais que la vie s'est durcie depuis l'époque où j'avais son âge...
Et quel dommage qu'il ait quitté ma région, nous aurions pu lui venir en aide, en attendant. Mais c'est toujours le même probleme, quitter un toit pour un travail à perpette...
Si sa mère est largement solvable, pourquoi ne lui fait-elle une avance de loyer ? Je sais que c'est facile à dire mais bon, tout n'est peut-être pas clair... Toi qui est dans le domaine, il n'y a pas une loi qui a réduit les cautions ? Il y a quelques années, mon père a lu un article d'un quotidien de savoie. Le titre "un marginal est décédé à cause du froid" Stupeur, il s'agissait de son frère dont il n'avait plus de news depuis plus de 20 ans... Quand je regarde les infos et que je vois tous ces pauvres gens dans la rue. Nous ne pouvons refaire le monde, malheureusement...
Rectification. J'ai envoyé mon ptit message trop vite...
Si sa mère est largement solvable, pourquoi ne lui fait-elle pas une avance de loyer ? Je sais que c'est facile à dire mais bon, tout n'est peut-être pas clair... Toi qui es dans le domaine, il n'y a pas une loi qui a réduit les cautions ? Il y a quelques années, mon père a lu un article d'un quotidien de savoie. Le titre "un marginal est décédé à cause du froid" Stupeur, il s'agissait de son frère dont il n'avait plus de news depuis plus de 20 ans... Quand je regarde les infos et que je vois tous ces pauvres gens dans la rue. Nous ne pouvons refaire le monde, malheureusement...
Je croise les doigts moi aussi, que c'est triste d'en arriver là mais je crois bien que ce jeune homme a sa fierté pour ne pas demander d'argent plus que nécessaire à sa mère.
Du vrai courage pour ce jeune homme, en tous cas, dans cette histoire terrible.
La caution est réduite à un mois de loyer. Mais pour ce qui de l'avance de loyer ce n'est pas vraiment le problème puisqu'il faut que la personne présente un dossier où son salaire doit faire au moins trois fois le loyer ou alors des garants présentant en tout quatre fois le loyer. La mère est garante, maintenant il faut qu'il ne se fasse pas devancer par des dossiers finalisé avant. On croise les doigts, pour l'instant aucun dossier en concurrence mais il ne doit pas tarder.
Olivier, oui il est courageux et toujours souriant, agréable. Je crois bien qu'il a charmé mes collègues qui font tout pour qu'il ait toutes les chances.
Mais il n'y as pas de foyer de jeunes travailleurs où tu habites ? Aucune structure d'accueil ? Non ce n'est pas possible cette situation, cela me révolte.
Pour le foyer, aucun de ceux dont je lui ai parlé n'avait de place avant un ou deux ans ! Pour la maison coluche, ils n'ont plus de lit... Je lui ai dit d'aller à la mairie pour pouvoir voir avec eux les possibilités pour les urgences. Le problème étant qu'une ville frontalière draine beaucoup de monde et qu'en ce moment tous les accueils sont saturés. Je lui ai parlé en désespoir de cause de la gare qui a des salles d'attente au moins chauffées. Mais il semblait craindre d'être agressé. Je lui ai donné toutes les pistes auxquelles je pensais, mais c'est vrai que ne pouvant l'accompagner pour soutenir sa démarche, je me suis sentie vraiment très démunie et très mal de le laisser continuer son chemin.
Que c' est dur ....et mes lits qui sont vides !
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