Des souvenirs ne me restent bien souvent que le bon, le mauvais, vécu intensément à l'instant, si intensément qu'il ne reste plus que quelques bribes légères.
De ce cinq décembre mille neuf cent soixante treize, j'ai gardé le ciel gris et mouvant, les nuages passant au dessus de mon tapis, rapides mousseux, survolant le platane dont juste une feuille s'accrochait encore tout au bout de sa maigre branche. Le macadam mouillé, râpeux, et le regard inquiet de cet homme déguisé en "flic". Pas de bruits, juste un affolement contrôlé et lointain. De la douleur je me souviens de mémoire, juste parce qu'à un moment, hurlant dans ce box vide, j'ai pensé "jamais je ne pourrais oublier une telle souffrance", ne m'en reste que le souvenir indolore.
Tout comme, accouchant de ma fille, le dos vrillé, malaxé, broyé, je m'étais dit alors "la fracture n'était donc qu'un avant goût de ce que serait une naissance ?" Et puis j'avais croisé le regard de myope de celle qui allait enchanter ma vie, laissant la douleur rejoindre le compost des souvenirs devenus inutiles mais fertiles.
De ma nuit du vingt huit janvier mille neuf cent quatre vingt trois me reste bien sûr des cicatrices fragiles, mais aussi des couleurs de vie...
Certains passages de ma vie, encore gorgés de souffrance, sont là, affleurant la mémoire, presqu'apprivoisés. Mais cette douleur là garde la trace vivante de ceux qui l'ont créée, elle s'évanouira lorsque je partirai.
De ce cinq décembre mille neuf cent soixante treize, j'ai gardé le ciel gris et mouvant, les nuages passant au dessus de mon tapis, rapides mousseux, survolant le platane dont juste une feuille s'accrochait encore tout au bout de sa maigre branche. Le macadam mouillé, râpeux, et le regard inquiet de cet homme déguisé en "flic". Pas de bruits, juste un affolement contrôlé et lointain. De la douleur je me souviens de mémoire, juste parce qu'à un moment, hurlant dans ce box vide, j'ai pensé "jamais je ne pourrais oublier une telle souffrance", ne m'en reste que le souvenir indolore.
Tout comme, accouchant de ma fille, le dos vrillé, malaxé, broyé, je m'étais dit alors "la fracture n'était donc qu'un avant goût de ce que serait une naissance ?" Et puis j'avais croisé le regard de myope de celle qui allait enchanter ma vie, laissant la douleur rejoindre le compost des souvenirs devenus inutiles mais fertiles.
De ma nuit du vingt huit janvier mille neuf cent quatre vingt trois me reste bien sûr des cicatrices fragiles, mais aussi des couleurs de vie...
Certains passages de ma vie, encore gorgés de souffrance, sont là, affleurant la mémoire, presqu'apprivoisés. Mais cette douleur là garde la trace vivante de ceux qui l'ont créée, elle s'évanouira lorsque je partirai.
4 commentaires:
Je trouve ce que tu écris de plus en plus beau.
merci Zélie, c'est tellement gentil.
C'est magnifique. Ta vie se déroule et je suis toujours autant happée. (D'ailleurs, tu peux suivre ma progression lente dans tes posts :-))
Je pense que l'oubli de la douleur est une question de survie. Voudrait-on encore faire un pas, un enfant, si l'on gardait en mémoire toute l'acuité de ces souffrances ?
Un enfant c'est sûr que non et pourtant cette douleur là en vaut tellement la peine.
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