En 1968 nous aurions bien aimé avoir la télévision pour voir Paris révolutionné.
Un jour, Bernard le filleul de maman, qui était étudiant à la fac, nous avait raconté pendant le repas, les bagarres de rues, les CRS chargeant, les jets de pierre. Tout ce que nous racontait la radio et que l’on voyait en photo dans le journal, mais franchement des images filmées aurait été tellement, tellement plus excitantes.
Si seulement nous avions la télévision !
Depuis longtemps ils en parlaient, mais, disait maman, uniquement lorsqu’elle existera en couleur… et puis la couleur était arrivée et maman avait dit en riant "uniquement quand elle sera en relief" …
Petits, lorsque nous passions quelques jours de vacances chez grand père et grand’mère à Strasbourg, on se plantait devant l’énorme poste et on regardait, on regardait la mire et puis ensuite la neige. Si on regardait longtemps, on voyait des petits points de couleur. On criait Grand’mère vient vite, la télévision est en couleur. Elle arrivait, regardait, ne voyait que des points blancs sur fond noir… et puis elle éteignait la télévision. Il nous restait alors le formidable disque de sœur sourire – Mets ton joli jupon mon âne, j’ai rendez vous Seigneur avec vous. C’était autrement plus dansant que la musique que papa écoutait en boucle sur son magnétophone à bande. Et puis un âne en jupon c’était plus rigolo que la musique classique.
Un dimanche soir, juste avant la révolution, nous étions allés voir Mamie en rentrant du Birkenhof. D’habitude nous ne restions pas très longtemps, c’était juste pour l’embrasser, voir si elle allait bien, grignoter quelques cacahuètes pendant que papa et maman discutaient avec elle. On filait dans la chambre d’amis et on dévorait les bandes dessinées que papa lisait lorsqu’il était petit – Bibi Fricotin, les Pieds Niquelés… Mais, ce soir là, Mamie venait tout juste de se mettre devant la télévision pour regarder "Sébastien parmi les hommes" ! Et là, après quelques minutes de flottement, tous sauf papa, avons été happés, fascinés, enchaînés. Plus question de s’en aller, papa minoritaire abandonna en allant lire dans le salon pendant que nous plongions dans l’univers magique de Sébastien. Ma sœur instantanément mis son dévolu sur Mehdi et moi je tombai raide d’amour pour Pierre Maréchal.
Alors tous les dimanches suivant nous passâmes la soirée avec Mamie, sa télévision et Sébastien. Ce qui conforta papa de ne JAMAIS acheter la télévision.
L’année passa… depuis longtemps nous n’allions plus regarder la télévision le dimanche soir chez Mamie…
1969, début avril, papa et maman nous appellent, ils sont dans leur chambre, ils ont une surprise à nous montrer. Nous accourons, une surprise c’est toujours intéressant.
Maman ouvre l’armoire qui grince, et tout au fond, par terre... une télévision !
Alors tout sourire papa nous en expliqua la raison :
- Nous avons raté mai 68, mais pas question que nous rations la démission du Général de Gaulle !
Et voilà pourquoi, enfin, la télévision est entrée dans la famille !
Un jour, Bernard le filleul de maman, qui était étudiant à la fac, nous avait raconté pendant le repas, les bagarres de rues, les CRS chargeant, les jets de pierre. Tout ce que nous racontait la radio et que l’on voyait en photo dans le journal, mais franchement des images filmées aurait été tellement, tellement plus excitantes.
Si seulement nous avions la télévision !
Depuis longtemps ils en parlaient, mais, disait maman, uniquement lorsqu’elle existera en couleur… et puis la couleur était arrivée et maman avait dit en riant "uniquement quand elle sera en relief" …
Petits, lorsque nous passions quelques jours de vacances chez grand père et grand’mère à Strasbourg, on se plantait devant l’énorme poste et on regardait, on regardait la mire et puis ensuite la neige. Si on regardait longtemps, on voyait des petits points de couleur. On criait Grand’mère vient vite, la télévision est en couleur. Elle arrivait, regardait, ne voyait que des points blancs sur fond noir… et puis elle éteignait la télévision. Il nous restait alors le formidable disque de sœur sourire – Mets ton joli jupon mon âne, j’ai rendez vous Seigneur avec vous. C’était autrement plus dansant que la musique que papa écoutait en boucle sur son magnétophone à bande. Et puis un âne en jupon c’était plus rigolo que la musique classique.
Un dimanche soir, juste avant la révolution, nous étions allés voir Mamie en rentrant du Birkenhof. D’habitude nous ne restions pas très longtemps, c’était juste pour l’embrasser, voir si elle allait bien, grignoter quelques cacahuètes pendant que papa et maman discutaient avec elle. On filait dans la chambre d’amis et on dévorait les bandes dessinées que papa lisait lorsqu’il était petit – Bibi Fricotin, les Pieds Niquelés… Mais, ce soir là, Mamie venait tout juste de se mettre devant la télévision pour regarder "Sébastien parmi les hommes" ! Et là, après quelques minutes de flottement, tous sauf papa, avons été happés, fascinés, enchaînés. Plus question de s’en aller, papa minoritaire abandonna en allant lire dans le salon pendant que nous plongions dans l’univers magique de Sébastien. Ma sœur instantanément mis son dévolu sur Mehdi et moi je tombai raide d’amour pour Pierre Maréchal.
Alors tous les dimanches suivant nous passâmes la soirée avec Mamie, sa télévision et Sébastien. Ce qui conforta papa de ne JAMAIS acheter la télévision.
L’année passa… depuis longtemps nous n’allions plus regarder la télévision le dimanche soir chez Mamie…
1969, début avril, papa et maman nous appellent, ils sont dans leur chambre, ils ont une surprise à nous montrer. Nous accourons, une surprise c’est toujours intéressant.
Maman ouvre l’armoire qui grince, et tout au fond, par terre... une télévision !
Alors tout sourire papa nous en expliqua la raison :
- Nous avons raté mai 68, mais pas question que nous rations la démission du Général de Gaulle !
Et voilà pourquoi, enfin, la télévision est entrée dans la famille !
10 commentaires:
Si De Gaulle apprenait ça! Hihihihi!
Dominique nique nique ! Nous avions le 33 tours en 25 cm, et si nous avions compris le second sens des textes...
Quand à la saga de Belle, moi aussi j'allais voir le feuilleton chez des voisins, "Belle et Sébastien". Mais je n'avais d'émoi que pour le chien :)
Ah mais là tu parles de Belle et Sébastien qui devait être le feuilleton précédent non ?
Pour Dominique, je crois bien que cette pauvre soeur sourire n'y avait pas pensé une seconde (ahhhhhhh l'inconscient :D)
Je ne l'ai plus depuis 2 ans. Je ne me sens pas has been pourtant
La télévision aussi était en grève. Le journal était présenté par Régis Faucon (un vrai journaliste*).Quand, par hasard, on le voit de nos jours à la télé, MonChéri ne manque pas de dire "Ah ! ce jaune !" 40 ans de rancune tenace ;-)
* Je crois qu'il devait cette saillie au "Canard enchainé"
je connais les brumes claires la neige rose des matins d'hiver.....
Medhi, je l'ai adoré jusqu'au "jeune fabre"
Ah oui, Claude Giraud... hummm.... j'étais gamin moi aussi quand je regardais ça et pourtant ça me faisait déjà un certain effet diffus... LOL
Oh les coquins !
Pour moi aussi c'etait "Belle et Sebastien" ce superbe chien d'avalanche tout blanc tout moussu et les premières adaptations de conte par Santelli ah lä La c'est bien loin. Ceci dit quand j'etais tout petit je me rappelle encore que nous n'avions qu'un poste radio et nous écoutions les émissions de Pierre Dac et Francis Blanche.
La télé c'est à la fois un miracle et une malédiction ;o)
Mais Belle et Sébastien c'était avant je crois, et malheureusement nous n'étions pas allés rendre visite à Mamie à ce moment là ;)
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