Certains week end, l'hépato devenait pour quelques heures le service de garde des urgences générales. Débarquaient alors les "gastros" et "bronchiolites" suivies de leurs parents monopolisants les infirmières de leur bruyante impatience. Deux mondes distincts, d'un côté les greffés, de l'autre les urgences banales, aucune communication. Ils repartaient assez vite, nous les oubliions aussi vite. Parfois les urgences étaient hépatiques, là pas d'impatience parentale, juste l'effroi de la découverte brutale, la peur du diagnostic tant redouté.
Elle, elle était arrivée un matin, souriante, avec cette tranquille assurance des habitués. Se promenant dans les couloirs du service saluant parfois, d'un signe poli, les mamans au chevet de leur petits, caressant d'un mouvement léger les enfants à portée de main en attendant que ses parents aient fait l'admission.
Une fois admise, elle s'installa dans sa chambre. Vider la valise, sortir les livres, le lecteur cassette, orienter la télévision correctement, elle était chez elle.
Mais que venait-elle faire ici ?
Aucun doute elle faisait partie de la famille. Greffée sous cyclosporine, sa chevelure et ses sourcils denses l'attestaient, mais le teint de sa peau, uni, clair semblait celui d'une enfant en bonne santé ?
Dès son arrivée, Cyrielle eut le coup de foudre pour G. Il sortait depuis peu de sa chambre, son rejet semblant maîtrisé par le FK, lui restaient ses bonnes joues et son appétit insatiable dûs à la cortisone. Elle me demanda si elle pouvait lui donner à manger, jouer à la maman en somme. Lui était ravi et petit à petit nous avions fait connaissance. Elle venait là parce que depuis quelques jours elle avait des sortes d'hallucinations, des troubles visuels, l'hospitalisation devait en éclaircir la raison, mais apparemment cela ne semblait pas inquiétant, un prétexte pour faire un bilan, elle était greffée depuis cinq ans.
CINQ ANS !
Cinq ans et elle vivait ! Cinq ans et elle mangeait des chips salés, elle allait à l'école, elle ne faisait plus qu'un bilan par trimestre ! Cinq ans ! C'était donc possible ?
Un monde s'ouvrait à moi !
Et pendant qu'elle lui donnait son yaourt, je me voyais, un jour, accompagnant G., sa petite main chaude dans la mienne, vers l'école où je le laisserais au milieu d'autres enfants afin qu'il apprenne.
Cyrielle, de son sourire, venait de nous donner un avenir.
Aujourd'hui cela fait quinze ans que G. est greffé.
Elle, elle était arrivée un matin, souriante, avec cette tranquille assurance des habitués. Se promenant dans les couloirs du service saluant parfois, d'un signe poli, les mamans au chevet de leur petits, caressant d'un mouvement léger les enfants à portée de main en attendant que ses parents aient fait l'admission.
Une fois admise, elle s'installa dans sa chambre. Vider la valise, sortir les livres, le lecteur cassette, orienter la télévision correctement, elle était chez elle.
Mais que venait-elle faire ici ?
Aucun doute elle faisait partie de la famille. Greffée sous cyclosporine, sa chevelure et ses sourcils denses l'attestaient, mais le teint de sa peau, uni, clair semblait celui d'une enfant en bonne santé ?
Dès son arrivée, Cyrielle eut le coup de foudre pour G. Il sortait depuis peu de sa chambre, son rejet semblant maîtrisé par le FK, lui restaient ses bonnes joues et son appétit insatiable dûs à la cortisone. Elle me demanda si elle pouvait lui donner à manger, jouer à la maman en somme. Lui était ravi et petit à petit nous avions fait connaissance. Elle venait là parce que depuis quelques jours elle avait des sortes d'hallucinations, des troubles visuels, l'hospitalisation devait en éclaircir la raison, mais apparemment cela ne semblait pas inquiétant, un prétexte pour faire un bilan, elle était greffée depuis cinq ans.
CINQ ANS !
Cinq ans et elle vivait ! Cinq ans et elle mangeait des chips salés, elle allait à l'école, elle ne faisait plus qu'un bilan par trimestre ! Cinq ans ! C'était donc possible ?
Un monde s'ouvrait à moi !
Et pendant qu'elle lui donnait son yaourt, je me voyais, un jour, accompagnant G., sa petite main chaude dans la mienne, vers l'école où je le laisserais au milieu d'autres enfants afin qu'il apprenne.
Cyrielle, de son sourire, venait de nous donner un avenir.
Aujourd'hui cela fait quinze ans que G. est greffé.
13 commentaires:
Je serais tenté de dire plein de choses et j'ai peur de dire des bêtises en fait. Alors, je t'adresse un sourire sincère :)
Comme cela fait plaisir ce billet ! Merci Valérie.
Quel bonheur, non ? Joyeux anniversaire !
J'espère que vous avez fait couler le champagne ce soir :)
Particulièrement émouvant ce billet. Particulièrement.
Bonne journée Valérie
Comme quoi il faut toujours garder l'Espoir c'est une belle lecon d'humanité que tu nous offre Valérie ! Bon anniversaire alors !
C'est toujours bien de voir que cela marche et cela redonne confiance. A bientôt.
Et Cyrielle, savez-vous ce qu'elle est devenue ?
Je sais juste que ces petits troubles visuels n'avaient aucune conséquence sur sa santé. Elle n'était restée que cinq jours, les examens étant excellents elle était rentrée chez elle sans suivis particuliers.
Une si belle histoire .
Belle année à vous , Valérie. ( je vous lis depuis quelques temps déjà)
Lise
Merci Lise (quel joli prénom ;) )
J'irais faire un tour chez vous...
"c'est possible?
Oui, c'est possible.
-cinq ans?
-quinze ans.
-avec le bonheur?
-le bonheur, la gouaille, la flemme les jours avec et les jours sans, et tout et tout.
-c'est bien hein?
-ouais."
:)
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