samedi 27 octobre 2007

les réunions

Nous étions cinq enfants, les deux premiers menaient leur scolarité sans heurts, bons bulletins, pas de retenue. Ma sœur était l'élève parfaite, faisant dès la sortie des cours ses devoirs et le petit dernier ne montrait pas encore de velléité à suivre mes traces. Alors, lors des rencontres parents-profs, il ne venait pas à mes parents, l'idée de "perdre" leur temps pour s'entendre dire que tout allait bien merci. La première semaine de ma cinquième je décrétai que cette année je redoublerais. Panique familiale ! Pour l'unique fois de sa vie de parent d'élèves, ma mère rencontra les professeurs en ce début d'année scolaire. Elle revint perplexe, aussi perplexes que l'étaient mes professeurs de mon obstination à prédire le redoublement. On me promit un vélo si je fléchissais, mais rien n'y fit, je redoublais ! Cahin-caha je traînai jusqu'à la première et pris mon envol loin de l'éducation nationale.
A mon tour je suis devenue parent-d'élève. Je fus même un temps parent-d'élève officiel, affiliée à la FCPE. Je tenais les stands des fêtes annuelles, je vendais des petits pains à la sortie des écoles, j'accompagnais les enfants à la piscine, bref j'étais très active et j'aimais passer ces moments avec les maîtres et maîtresses de mes enfants.
Rien à voir avec les rendez-vous quasi trimestriels entre les parents et les professeurs. Jusqu'à ce que mes enfants entrent au collège tout allait très bien, et puis première année collégienne pour ma fille et je retrouve l'angoisse enfantine . Passée la porte, l'odeur me renvoie des années en arrière. M'asseoir à une table, au fond de la classe, tourner le regard vers la fenêtre, je m'enfuis au delà des bâtiments, les profs parlent de la rentrée, de la classe, je suis déjà loin. D'année en année j'appréhende ces rencontres, je ne maîtrise pas mon trac, je suis l'éternel cancre et les professeurs, éternels juges. Je n'ai qu'une hâte, quitter au plus vite ces bâtiments.
Vous êtes la maman de ...? De C. ou de G. ! On fouille dans les fiches, on sort le dernier bulletin, voyons voyons ah oui ! Alors... - et mon ventre se serre, je tremble du verdict... Il, elle est un peu bavarde - je hoche la tête... je sais oui - Mais c'est un élève intelligent - ouf - Il n'y a pas grand chose à dire, il, elle ne pose pas de problème, participe, est agréable... - savent-ils ces enfants le bonheur qu'ils me donnent en ces instants là ?
C'est fini, je file au dehors, l'air frais me revigore ouf ouf ouf, libérée, je cours vers la maison, grimpe les escaliers, je suis légère, légère, jusqu'à la prochaine réunion.

Ce billet est un clin d'œil à celui de Samantdi.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Ma fille ainée n'est encore qu'en grande section de maternelle et pourtant je ressens déjà le sentiment de légèreté que vous décrivez lorsque son maître me dit que cela se passe très bien.
Je crois que jamais je ne pourrai faire partie des associations de parents d'élèves..
Bonne journée.

Valérie de Haute Savoie a dit…

A l'époque c'était un peu ma fenêtre sur la vie :) Je ne travaillais pas, j'avais deux grands malades à la maison du coup ces quelques moments passés ailleurs me faisaient le plus grand bien.

Anonyme a dit…

Euh... Ca ne m'arrivera jamais, mais je peux imaginer ça... Moi j'aurais envie de piquer des craies ! (ce que je ne fis jamais élève trop studieux et respectueux de l'ordre que je fus).
Si ce n'est fait, je te conseille la lecture de l'excellente bédé Retour au collège de Riad Sattouf (on rigole pas), c'est le même thème.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Je note je note...je finis Chagrin d'école de Pennac et ensuite je plongerai dans la bd Merci Spicynico !

Anonyme a dit…

J'ai été épargnée : il n'y avait pas de réunion de parents dans mon école, et au lycée non plus. Et pourtant je n'ai pas trois siècles !
En revanche, je suis allée aux réunions pour ma fille, et j'ai moi aussi été déléguée... J'ai découvert des profs qui se faisaient la gueule, je n'imaginais pas cela ainsi !