(suite...)
Ils étaient là, cinq garçons, atterrés, muets, honteux d'avoir raillé ma prétendue folle nuit, et moi désolée d'être responsable de cet abattement. Je ne me sentais pas coupable, mais il me semblait que, tout de même, je ne valais pas plus que çela, et que, tôt ou tard, j'aurais eu de toute façon cette fin. Je trouvais excessif cette empathie, je n'en demandais pas tant, juste m'enfermer à la cave et ne plus bouger, jamais. Mais pour eux il fallait agir et vite, m'éloigner, me mettre à l'abri...
JP, abattu, appela sa sœur qui habitait la région, lui raconta succinctement ce qui nous arrivait. Elle exigea que l'on m'amène chez eux, quelques habits jetés dans un sac et nous étions en route. Je me souviens de ce voyage où régulièrement nous regardions si nous n'étions pas suivis, où malgré tout nous arrivions à parler, peut être même avons-nous rit.
Mon beau frère prit les choses en main, fermement, calmement. Pendant que F. ma belle-sœur, me conduisait chez un médecin pour constater les marques de l'agression, lui de son côté prenait contact avec un ancien copain de lycée, inspecteur à la brigade des mœurs à Lyon.
Le médecin fit très attention pour ne pas me brusquer, mais je ne risquais rien, je n'étais rien ! Tout cela me semblait démesuré. Sans doute exagérais-je ce que je venais de vivre, et l'imposture n'allait pas tarder à être découverte. Je me sentais, malgré moi, embarquée dans une histoire qui prenait des proportions bien supérieur à ce qu'elle aurait dû être.
Mon certificat détaillé dans la poche, nous sommes retournés dans leur maison où nous attendait l'ami de P. mon beau-frère, et un de ses collègues. Ils étaient venus de Lyon, lâchant tout... perdre leur temps juste pour m'entendre !...
Je les revois, assis en face de moi, écoutant attentivement ce que je racontais, me posant de temps en temps des questions, tentant de me persuader que je devais porter plainte. Mais j'avais juré à mon agresseur que s'il me laissait la vie sauve je ne porterais pas plainte, et pour rien au monde je n'aurais failli à cette promesse. J'avais juré, et s'il me restait encore une chose pouvant me rattacher au genre humain, c'était cela, respecter ma parole !
L'ami de P. me demanda d'appeler mon père, qu'il me dise si je pouvais ne pas respecter cet engagement. Au bout du fil, ma mère ! D'une voix éteinte je lui explique que voilà, cette nuit, j'ai été violée... elle n'a pas le temps de bavarder... elle a des invités qui vont arriver d'une minute à l'autre... elle me passe mon père !
Lui m'écoute, m'écoute vraiment et cela m'étonne. Il me dit qu'une promesse faite sous la menace n'a pas de valeur. Oui je peux, je dois porter plainte. Il m'embrasse, on raccroche.
Eh bien soit, s'il le faut, je porterais plainte.
Ils étaient là, cinq garçons, atterrés, muets, honteux d'avoir raillé ma prétendue folle nuit, et moi désolée d'être responsable de cet abattement. Je ne me sentais pas coupable, mais il me semblait que, tout de même, je ne valais pas plus que çela, et que, tôt ou tard, j'aurais eu de toute façon cette fin. Je trouvais excessif cette empathie, je n'en demandais pas tant, juste m'enfermer à la cave et ne plus bouger, jamais. Mais pour eux il fallait agir et vite, m'éloigner, me mettre à l'abri...
JP, abattu, appela sa sœur qui habitait la région, lui raconta succinctement ce qui nous arrivait. Elle exigea que l'on m'amène chez eux, quelques habits jetés dans un sac et nous étions en route. Je me souviens de ce voyage où régulièrement nous regardions si nous n'étions pas suivis, où malgré tout nous arrivions à parler, peut être même avons-nous rit.
Mon beau frère prit les choses en main, fermement, calmement. Pendant que F. ma belle-sœur, me conduisait chez un médecin pour constater les marques de l'agression, lui de son côté prenait contact avec un ancien copain de lycée, inspecteur à la brigade des mœurs à Lyon.
Le médecin fit très attention pour ne pas me brusquer, mais je ne risquais rien, je n'étais rien ! Tout cela me semblait démesuré. Sans doute exagérais-je ce que je venais de vivre, et l'imposture n'allait pas tarder à être découverte. Je me sentais, malgré moi, embarquée dans une histoire qui prenait des proportions bien supérieur à ce qu'elle aurait dû être.
Mon certificat détaillé dans la poche, nous sommes retournés dans leur maison où nous attendait l'ami de P. mon beau-frère, et un de ses collègues. Ils étaient venus de Lyon, lâchant tout... perdre leur temps juste pour m'entendre !...
Je les revois, assis en face de moi, écoutant attentivement ce que je racontais, me posant de temps en temps des questions, tentant de me persuader que je devais porter plainte. Mais j'avais juré à mon agresseur que s'il me laissait la vie sauve je ne porterais pas plainte, et pour rien au monde je n'aurais failli à cette promesse. J'avais juré, et s'il me restait encore une chose pouvant me rattacher au genre humain, c'était cela, respecter ma parole !
L'ami de P. me demanda d'appeler mon père, qu'il me dise si je pouvais ne pas respecter cet engagement. Au bout du fil, ma mère ! D'une voix éteinte je lui explique que voilà, cette nuit, j'ai été violée... elle n'a pas le temps de bavarder... elle a des invités qui vont arriver d'une minute à l'autre... elle me passe mon père !
Lui m'écoute, m'écoute vraiment et cela m'étonne. Il me dit qu'une promesse faite sous la menace n'a pas de valeur. Oui je peux, je dois porter plainte. Il m'embrasse, on raccroche.
Eh bien soit, s'il le faut, je porterais plainte.
8 commentaires:
C'est étrange comme je ne saurais dire pourquoi, mais je comprends parfaitement cette impression d'exagérer après coup, de ne plus se faire confiance dans ce qu'on ressent, dans ce qu'on a ressenti.
Drôle d'impression en te lisant, du coup.
Difficile de lire et de refermer la porte doucement pour ne pas te déranger, difficile aussi de dire quelque chose. Ce qui m'étreint, c'est ce sentiment d'imposture que tu as ressenti. Tellement injuste mais sans doute obligé après une telle violence, avec aussi la honte, la culpabilité. Ce qui m'épate, c'est ta force, tu es arrivée à te battre, à faire reconnaître ce que tu as subi, souffert. Des bises.
J'essaye de raconter comme je l'ai vécu à ce moment là, mais bien évidemment maintenant je ne suis plus dans cet état, il y a la vie.
Il y a la vie, c'est vrai mais surtout ce que tu as su en faire, avec tellement de talent !
Tu as eu de la chance d'avoir ces amis qui t'ont écoutée et protégée! Peut-être que tu avais l'impression qu'ils en faisaient trop, mais en même temps, ça a dû t'aider de ne pas être complètement seule (même si peut-être tu te SENTAIS seule, tu VOYAIS que tu ne l'étais pas).
Grosses bises.
Dr CaSo, sans doute que cela a dû me faire tenir, mais c'est vrai que sur le moment j'étais plutôt sonnée ;)
Ce qui me frappe, c'est l'atteinte destructrice à l'estime de soi. J'attends la suite de ton billet mais j'espère que ce type a été arrêté, jugé et soigné.
Une chance d'avoir été très bien entourée, sinon tu aurais sombré.
Je vais continuer ma lecture plus haut... Des bises Valérie.
Enregistrer un commentaire