Par la vitre je regarde s'éloigner JP et ma petite fille plantés sur le trottoir, un dernier au revoir de la main et je fais la connaissance des deux ambulancières qui se relaieront jusqu'à Paris. Elles sont très émues et pour l'une d'elles c'est son dernier voyage avant la retraite. Nous sommes tous les quatre curieusement très euphoriques, dans un état d'excitation joyeuse proche de celui précédent un accouchement. La route ensoleillée défile calmement, de temps en temps nous nous arrêtons pour le changement de conductrices, pour manger un morceau ou prendre de l'essence. G. se régale en regardant le traffic et nous bavardons, nous racontant nos vies comme de bonnes copines. A l'approche de Nantua nous rencontrons un bouchon, la tension reprend ses droits.... sirène... les voitures s'écartent, G est aux anges... nous passons et la tension retourne se cacher.
A l'entrée de Paris, un peu perdues, mes ambulancières paniquent.... A un carrefour, trois motards à qui nous expliquons la situation, décident de nous accompagner..... Sirènes, gyrophares, feux rouges bloqués.... deux motards devant, un à l'arrière, La classe internationale, les voitures s'écartent, nous traversons Paris à toute allure... bonheur absolu pour G.
Devant le porche du KB ils nous abandonnent en nous faisant de grands signes de la main.
L'ambulance devant les urgences, nous grimpons en chirurgie où nous sommes attendus.
Il est 13h00, le service est déserté, les enfants font la sieste, lumière tamisée. Cela ressemble à un rêve éveillé ce silence, après cette énergie dégagée par notre arrivée en fanfare. Comme si nous étions passés dans un autre espace temps. Une infirmière vient sans bruit.... oui ? c'est pourquoi ?
" Nous avons été appelé pour la greffe " - regard étonné - ce calme étrange... c'est une erreur... nous nous sommes trompés... je suis déjà ailleurs...
Elle se renseigne au téléphone, nous demande d'attendre l'anesthésiste, repart...
Nous restons seuls, toujours ce silence.
Il déboule, la blouse jetée sur les épaules, il est pressé, très pressé. D'un regard il balaye le hall, personne à part nous - exaspéré .... " Mais où est l'enfant ? "... je m'avance... il nous voit... interdit ! " On me parle d'une atrésie pour la transplantation " - " Oui ! " - je lui tends mon enfant...
Nous y sommes.... l'aventure peut commencer !
(janvier 1993)
A l'entrée de Paris, un peu perdues, mes ambulancières paniquent.... A un carrefour, trois motards à qui nous expliquons la situation, décident de nous accompagner..... Sirènes, gyrophares, feux rouges bloqués.... deux motards devant, un à l'arrière, La classe internationale, les voitures s'écartent, nous traversons Paris à toute allure... bonheur absolu pour G.
Devant le porche du KB ils nous abandonnent en nous faisant de grands signes de la main.
L'ambulance devant les urgences, nous grimpons en chirurgie où nous sommes attendus.
Il est 13h00, le service est déserté, les enfants font la sieste, lumière tamisée. Cela ressemble à un rêve éveillé ce silence, après cette énergie dégagée par notre arrivée en fanfare. Comme si nous étions passés dans un autre espace temps. Une infirmière vient sans bruit.... oui ? c'est pourquoi ?
" Nous avons été appelé pour la greffe " - regard étonné - ce calme étrange... c'est une erreur... nous nous sommes trompés... je suis déjà ailleurs...
Elle se renseigne au téléphone, nous demande d'attendre l'anesthésiste, repart...
Nous restons seuls, toujours ce silence.
Il déboule, la blouse jetée sur les épaules, il est pressé, très pressé. D'un regard il balaye le hall, personne à part nous - exaspéré .... " Mais où est l'enfant ? "... je m'avance... il nous voit... interdit ! " On me parle d'une atrésie pour la transplantation " - " Oui ! " - je lui tends mon enfant...
Nous y sommes.... l'aventure peut commencer !
(janvier 1993)
6 commentaires:
Bon courage. j'ai toujours redouté d'avoir un enfant malade et je tremble à te lire. Que tout se passe bien.
Il y a 15 ans de cela, et tout va bien maintenant ;)
C'est fou que personne ne vous attendait!
Moi, je refuse d'avoir des enfants pour plusieurs raisons, mais l'une d'elle est que je ne pourrais jamais supporter de voir mon enfant souffrir. Et c'est marrant (enfin...), la nuit dernière j'ai justement rêvé de ça: j'étais dans un lit d'hôpital et on venait me montrer mon petit bébé (je savais que c'était l'infirmière qui avait même choisi son nom parce que j'avais refusé de le faire) qui avait de gros problèmes de santé (neoplastic syndrome?!)... en le voyant, je n'ai pu que me dire "ce bébé ne doit pas vivre, je ne pourrai pas le supporter" et j'ai demandé les papiers pour refuser l'acharnement thérapeutique sur le bébé et sur moi. Parfois je me fais peur...
On nous attendait, mais G. n'avait rien de l'aspect d'un futur transplanté et l'anesthésiste ne pouvait imaginer que nous, si calmes, étions ceux qu'il cherchait. Ensuite cela c'est beaucoup agité :D
merci Valérie de nous faire partager ces moments de l'histoire de G. écrite avec tellement de talent
Ce récit me donne la chair de poule, pourtant tu le fais très sobrement, mais l'enjeu est si important... on connaît la suite, mais des personnes vivent cela en ce moment même... Dr Caso a raison de souligner à quel point les ennuis de santé conditionnent toute une vie, il faut en être conscient quand on a la chance d'être en bonne santé avec tout ce qu'il faut là où il faut et en état de marche...
Affectueuses pensées
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