samedi 21 avril 2007


Je n'ai pas fait d'études, rien de rien. J'ai lâché l'école très rapidement.
Au tout début, je me rappelle du jardin d'enfants, à Strasbourg, comme de ma première prison. Jolie prison où l'on pénétrait par un bel escalier en pierre ouvragé. Il était tenu par des soeurs et des "Mademoiselles". Là-bas j'y ai appris à lacer mes chaussures sur un petit cadre en bois sur lequel était clouées deux bandes de tissus rivetées que l'on assemblait avec un cordon. Mes souvenirs d'apprentissage s'arrêtent là. Il y avait une grande cour, du soleil, et ma petite soeur.
Puis nous avons quitté Strasbourg et sommes arrivés à Mulhouse où là je suis allée à l'école maternelle de Ste Ursule. Toujours des bonnes soeurs et des maîtresses. Mes souvenirs se résument à quelques flash back - Une certaine Laurence Piquet qui n'arrêtait pas de faire des bêtises et qui du coup se retrouvait "au piquet" ce qui nous faisait rire aux larmes. Un certain Serge M* qui m'avait entraînée dans les toilettes pour me montrer son zizi, nous nous étions fait surprendre et punir sévèrement par une bonne soeur passant par là. Et de temps en temps la venue de mon père qui faisait des conférences sur l'éducation des enfants. Cela nous donnait à ma soeur et moi une sorte de prestige dont je profitais éhontement en refusant, sous prétexte qu'il faisait gratuitement ces conférences, de faire la révérence aux soeurs.
Nous avons quitté l'école maternelle mais sommes restées dans le giron de Ste Ursule. Le vrai cauchemar commençant. Là bas j'ai vraiment démarré ma carrière de mauvaise élève, exprès. Bien que je souffrais de ce rôle, j'étais incapable d'en sortir. Ma soeur brillait et cela nous à valu quelques années plus tard de nous retrouver dans la même classe - cauchemar ultime. Comme nous étions dans une école catholique, nous avions droit à toutes les manifestations religieuses. La Sainte Marie restant ma préférée parce que très romantique. Nous chantions en procession le long des chemins traversant le parc de l'école, et l'odeur des buissons fleuris me rendaient très mystique. Par contre je détestais la période précédant Noël. Nous avions, en classe, une crèche située tout en haut d'une montagne de papier marron tacheté. Chaque élève était représentée par un mouton sur le dos duquel était écrit son nom. A chaque bonne note le mouton grimpait vers la crèche, à chaque mauvais note il redescendait d'un cran. Le mien ne bougeait pas ou très peu. Il grimpait parfois d'un cran mais retournait à sa solitude dès la note suivante, j'en étais mortifiée.
Je ne sais plus exactement pourquoi mes parents préférèrent nous faire continuer notre scolarité dans le public, mais pour cela il nous fallut quitter Ste Ursule la dernière année de primaire. J'atterris donc à l'école Cour de Lorraine. J'eus cette année là un vrai bonheur. Ma maîtresse, Melle Jamm, me fit découvrir le plaisir d'apprendre. J'allais en classe le coeur léger, et bien que cette école aie été objectivement vieille et sombre, j'en garde le souvenir de marronniers remplis de soleil.
Ensuite le collège. Que dire. Dès le premier jour j'étais rentrée en déclarant que cette année j'allais la redoubler. Je suis devenue cancre absolu. Personne ne comprenait mon attitude. Les professeurs en général m'avaient jetée très rapidement dans la catégorie irrattrapable. Mon père me fit passer tous les tests de QI possibles, et puisqu'ils étaient plus qu'honorables, décida de laisser tomber. Je sombrais effectivement. J'intégrais donc une seconde cinquième, avec, comme "camarade de classe", ma soeur. Rien à dire de cette année. La rupture avec ma famille était consommée. Parfois, je me faisais plaisir en rendant un devoir où je brillais. Cela confortait mes profs et mes parents, j'étais de la pire engeance.
Je fus jetée en seconde G3. Le premier jour nous fûmes accueillis par notre professeur principal qui nous prévint que nous étions "la poubelle du Lycée", je lui demandais s'il appréciait son rôle d'éboueur ? J'étais classée.... Je passais en première où ma principale activité fut l'école buissonnière. La nuit je préparais le concours pour entrer à l'école des Beaux Arts. Je me couchais vers 4 heures du matin.
Je passais le concours que je réussis facilement, il est vrai que c'était une petite école et qu'il ne représentait pas une grande difficulté. Peu après mes 18 ans, ma mère avec qui je n'avais quasiment plus de contact, me demanda de partir.
Je quittais donc la maison quelques minutes après son injonction, un sac rempli de quelques affaires et me fit héberger le temps de trouver un appartement, par les parents d'une amie.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Ohh la vilaine ;) La seule chose que j'avais envie d'étudier, au lycée, c'était l'anglais. Le reste, je m'en fichais royalement. Et c'est seulement vers 23 ans que j'ai enfin eu envie d'étudier sérieusement... Ce qui me fait détester le genre d'attitude "vous êtes la poubelle du lycée." C'est ridicule et mesquin de juger (et de démolir) ainsi des enfants qui ont encore le temps de changer s'ils trouvent un jour leur voie.

Valérie de Haute Savoie a dit…

tu sais je crois que je n'étais pas faite pour les études. J'aime apprendre mais quand JE le décide ;-)
Entrer dans une salle et devoir ingurgiter sans un mot est au dessus de ce que ma liberté peut supporter.

Anonyme a dit…

C'est vrai que l'école ne sait pas donner l'envie d'apprendre aux élèves.
Mais tu ne devais pas être si cancre si tu es allée jusqu'en première. Dans mon collège, je pense qu'à peine 20% des élèves de ma classe en 6e ont eu leur bac. En fin de 5e et en fin de 3e, la moitié de la classe est partie en CAP/BEP. J'espère qu'ils y ont trouvé leur voie.

Anonyme a dit…

Tu parles d'emblée de prison en parlant de ta scolarité ! Une privation totale de ta liberté ?
J'apprécie le ton de ton billet, et ton écriture.
Valérie de Haute-Savoie ou Valérie la Rebelle ?

Valérie de Haute Savoie a dit…

Je viens juste de lire ton mot Fauvette.
Oui pour moi l'école a toujours été une prison étouffante. Et même adulte, alors que je devais rencontrer les profs de mes enfants, le fait de rentrer dans une classe déclenchait une angoisse difficilement maîtrisable. L'école provoque chez moi un sentiment d'humiliation. Il faudrait d'ailleurs que j'approfondisse çà ;)

Anonyme a dit…

J'ai adoré lire à haute voix cette note cette note. A bientôt.

Anonyme a dit…

Les fameuses G3. oui, je e souviens que c'était la menace pour tout lycéen ayant une baisse de régime... vous irez en G3...

Valérie de Haute Savoie a dit…

Tiens c'est marrant, j'en parlais à mon mari à midi justement, quelle bêtise de stigmatiser une filière franchement :) Et dire que je m'éclate dans mon boulot d'assistante de direction !