En partant déjeuner, nous sommes passées devant une maison dont plusieurs étages avaient brûlé.
Il y a fort longtemps, je vivais de petits boulots n'ayant pas fait d'études. Partie très tôt de chez mes parents, pleine de révolte, je me débrouillais depuis quelques années et profitais de la vie.
J'habitais en plein centre de Strasbourg, rue de la Haute Montée tout en haut, juste sous les toits, dans un appartement immense. Je cultivais tranquillement quelques plants de cannabis qui s'épanouissaient sur les bords de mes fenêtres. J'étais ouvreuse dans un cinéma de quartier qui passait dans une salle, des westerns et des films de kung-fu, et dans la salle attenante des films pornos. Nous étions une bonne équipe, apprenant des dialogues par cœur que nous nous répétions en attendant la fin des films.
Je travaillais sept jours d'affilée puis savourais les trois jours de repos en faisant la fête jusqu'au petit matin.
Le 15 août 1980, une de mes amies mulhousiennes, était venue se réfugier chez moi pour fuir un hypothétique tremblement de terre annoncé dans le Haut Rhin (nous nagions à l'époque en plein délire mystique, renforcé certainement par toutes les substances euphoriques que nous dégustions quotidiennement). J'avais aussi depuis plusieurs jours ramassé un couple de garçons qui ne savaient pas où dormir et dont je n'arrivais plus à me débarrasser.
Il était très tôt lorsque mon nom, hurlé dans la cour, me sortit de mon sommeil profond et légèrement comateux. Furieuse d'être réveillée un jour de congé, je me traînais jusqu'à la fenêtre de la cuisine prête à déverser toute ma rage sur ces voisins habitués à prendre à témoin l'ensemble des locataires de l'immeuble dans leurs querelles d'alcooliques.
- "Mam'selle B****, y'a l'feu chez vous !"
Chez moi ? Je venais de traverser l'appartement, et malgré mon état plus que vaseux, je n'avais pas croisé une seule flamme.
Furieuse je leur criais
- "Vous feriez mieux d'aller vous recoucher et me laisser dormir. Ca ne brûle pas, je suis fatiguée, j'en ai plus que marre de vos hurlements" Je refermais la fenêtre et allais me recoucher.
A peine rendormie, la sonnerie irritante de la porte me fait bondir du lit.
S'en était trop, ils allaient être surpris ! J'ouvrais la porte entièrement nue !
En face de moi 5 pompiers, le visage recouvert de masque, munis de sifflets pour se retrouver dans le brouillard épais de l'incendie, me regardaient stupéfaits.... instant de profonde solitude !
Je claquais la porte et donnais un tour de clef. Fonçais, tout en m'habillant, réveiller mon amie et prévenir mes locataires sangsues de notre rapide évacuation. Les pompiers attaquant ma porte à la hâche, enfin décente, je me précipitais pour leur ouvrir.
Ils étaient comme fous ! Toutes mes fenêtres éclatées, mon splendide ficus gigantea dont chaque feuille atteignait presque un mètre rapidement élagué sous leur coups de hache, pour libérer de la place vers la fenêtre où la grande échelle nous attendait. Mes plantations évacuées d'un geste prompte gisaient, piétinées, par terre !
Vite sauver l'essentiel, une paire de stiletto achetée la veille, ma collection de photos maton et hop, le harnais enfilé, un pompier devant, un pompier derrière qui gentiment m'aide, en me tenant les fesses, à descendre cette échelle qui n'en finit pas.
Arrivée au sol, je suis accueillie par les applaudissement de la foule amassée.
C'était un très bel incendie...
Il y a fort longtemps, je vivais de petits boulots n'ayant pas fait d'études. Partie très tôt de chez mes parents, pleine de révolte, je me débrouillais depuis quelques années et profitais de la vie.
J'habitais en plein centre de Strasbourg, rue de la Haute Montée tout en haut, juste sous les toits, dans un appartement immense. Je cultivais tranquillement quelques plants de cannabis qui s'épanouissaient sur les bords de mes fenêtres. J'étais ouvreuse dans un cinéma de quartier qui passait dans une salle, des westerns et des films de kung-fu, et dans la salle attenante des films pornos. Nous étions une bonne équipe, apprenant des dialogues par cœur que nous nous répétions en attendant la fin des films.
Je travaillais sept jours d'affilée puis savourais les trois jours de repos en faisant la fête jusqu'au petit matin.
Le 15 août 1980, une de mes amies mulhousiennes, était venue se réfugier chez moi pour fuir un hypothétique tremblement de terre annoncé dans le Haut Rhin (nous nagions à l'époque en plein délire mystique, renforcé certainement par toutes les substances euphoriques que nous dégustions quotidiennement). J'avais aussi depuis plusieurs jours ramassé un couple de garçons qui ne savaient pas où dormir et dont je n'arrivais plus à me débarrasser.
Il était très tôt lorsque mon nom, hurlé dans la cour, me sortit de mon sommeil profond et légèrement comateux. Furieuse d'être réveillée un jour de congé, je me traînais jusqu'à la fenêtre de la cuisine prête à déverser toute ma rage sur ces voisins habitués à prendre à témoin l'ensemble des locataires de l'immeuble dans leurs querelles d'alcooliques.
- "Mam'selle B****, y'a l'feu chez vous !"
Chez moi ? Je venais de traverser l'appartement, et malgré mon état plus que vaseux, je n'avais pas croisé une seule flamme.
Furieuse je leur criais
- "Vous feriez mieux d'aller vous recoucher et me laisser dormir. Ca ne brûle pas, je suis fatiguée, j'en ai plus que marre de vos hurlements" Je refermais la fenêtre et allais me recoucher.
A peine rendormie, la sonnerie irritante de la porte me fait bondir du lit.
S'en était trop, ils allaient être surpris ! J'ouvrais la porte entièrement nue !
En face de moi 5 pompiers, le visage recouvert de masque, munis de sifflets pour se retrouver dans le brouillard épais de l'incendie, me regardaient stupéfaits.... instant de profonde solitude !
Je claquais la porte et donnais un tour de clef. Fonçais, tout en m'habillant, réveiller mon amie et prévenir mes locataires sangsues de notre rapide évacuation. Les pompiers attaquant ma porte à la hâche, enfin décente, je me précipitais pour leur ouvrir.
Ils étaient comme fous ! Toutes mes fenêtres éclatées, mon splendide ficus gigantea dont chaque feuille atteignait presque un mètre rapidement élagué sous leur coups de hache, pour libérer de la place vers la fenêtre où la grande échelle nous attendait. Mes plantations évacuées d'un geste prompte gisaient, piétinées, par terre !
Vite sauver l'essentiel, une paire de stiletto achetée la veille, ma collection de photos maton et hop, le harnais enfilé, un pompier devant, un pompier derrière qui gentiment m'aide, en me tenant les fesses, à descendre cette échelle qui n'en finit pas.
Arrivée au sol, je suis accueillie par les applaudissement de la foule amassée.
C'était un très bel incendie...
2 commentaires:
C'est pas un blog que t'écris, c'est un roman d'aventures digne de M6 ;)
Sérieusement, le feu c'est le truc qui me fiche le plus la trouille dans ma vie. On a des alertes environ une fois par moi et la première chose dont je m'occupe c'est d'attraper mes chatounes terrorisées et de les mettre dans leur petite cage, puis de mettre mon passeport dans mon sac à main et 2-3 autres bricoles, de m'habiller... et de prier qu'on ait pas 20 étages à descendre à pieds... Les joies d'habiter dans une grande ville!
là nous étions plus en danger à cause de la fumée, parce qu'elle était très dense. Le feu lui même était quelques étages en dessous. J'ai été confrontée cinq fois à un incendie, mais dans des immeubles normaux.Par contre dans une tour, je serais comme toi. Et maintenant c'est sûr que je chercherais d'abord à protéger ma famille et ma chatoune (je crois que là j'avais aussi pris mon sac à main) Mais tu sais tu n'as pas vraiment de temps pour y réfléchir lorsque l'on t'évacue.
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