Puisque le temps est à l'orage, que les peuples se soulèvent pour des âneries mal filmées, que les riches fuient le bateau pour garder leurs petits milliards au chaud, que les enfants meurent, que la banquise fond... j'ai besoin de fermer les écoutilles.
Avoir le moral en vrac ne sert à rien et ne fera pas avancer le monde.
Je rentre dans ma coquille le temps du trajet au bureau.
Finis les infos en continu, les Marine qui vocifère, les Copé et les Bertrand sirupeux, les Fillon qui, amnésique, donne des conseils à ceux qu'il considère illégitimes. Je glisse un disque dans le lecteur, et Mika me raconte l'origine de l'Amour.
Et le soir, alors que défilent les images affreuses, je me lève, je débarrasse la table, je caresse Chamade et j'enfouis mon nez dans sa fourrure douce, je respire son odeur chaude, me berce dans ses ronrons.
A quoi cela servirait-il que je pleure et fonde dans la déprime, le monde ne s'en porterait pas mieux. Je fais ce que je peux, à ma toute petite échelle. Ne gaspille pas l'eau (d'ailleurs cela se voit sur ma consommation qui se réduit de facture en facture), choisis mes produits bio, mange bio, essaye d'être la moins désagréable qu'il soit, fais tout pour que mes locataires soient bien et en sécurité chez eux.
Dehors les oiseaux se rassemblent pour s'envoler au loin, les nuages moutonnent et roulent dans l'azur, les marrons brillants cachent le bitume et sur mon chemin, un arbre découvre un peu tard qu'il est temps de fleurir avant que ne tombent les premiers flocons blancs.
Bientôt ma fille sera là...