mardi 9 janvier 2018

Je t'embrasserais si je le pouvais.


Quel âge aurais-tu ? Une petite trentaine d'année sans doute.
Tu aurais fini tes études. Tu aurais un ou une amoureuse, vous regarderiez ensemble certains soirs la mer ou les arbres froufrouter sous la brise tiède, vous parleriez peut être d'avoir un jour un enfant. Un fils dirais-tu, puis une fille ajouterais ta compagne ou ton compagnon. Brune au yeux clairs, blond aux yeux charbonneux. Oui Oh oui ! "Mais l'essentiel est que cet enfant naisse en bonne santé" rajouteriez-vous,  et vous auriez alors un sourire d'évidence.
Parfois tu appellerais ta mère, juste pour entendre sa voix, elle aurait ce petit pincement d'amour tendre et en raccrochant dirait à ton père "Que j'aime cet enfant".
Certains matins tu te réveillerais chagrin, la mine chiffonnée, tu aurais mal dormi, mal rêvé, tout serait source de grincement, la vie fait chier dirais-tu, sans savoir alors combien celle-ci te serait précieuse. En râlant tu mettrais en route la cafetière ou alors attendant que l'eau frissonne, tu préparerais ton mug pour un thé noir dans lequel tu verserais une ou deux cuillères de sucre roux. Debout à la fenêtre tu boirais à petite gorgée ton breuvage, regardant le soleil se lever sur l'horizon aride où les oliviers lentement quitteraient leur couleur grise pour se revêtir de ce vert si particulier brillant aux premiers rayons. Posant le bol vide sur le bord de la table tu étirerais tes bras immenses vers le ciel, effaçant d'un coup ce spleen matinal.
En grandes enjambées tu descendrais les quelques marches, faisant voleter la poussière rouge de la terre asséchée. Il ferait déjà chaud, et par la vitre ouverte de la voiture, viendraient se faufiler les odeurs et les bruits qui accompagneraient cette vie que tu brasserais avec force...

La vie mon dieu... Qui t'a quitté il y a vingt cinq ans... La vie que tu as redonnée à mon enfant qui lentement la quittait alors.

Tu m'accompagnes sans bruit, tu me regardes raccrocher le téléphone, sourire d'avoir entendu G. pester contre ces imbéciles, s'émerveiller de ses découvertes, s'inquiéter d'un avenir parfois incertain... mais s'inquiéter c'est déjà vivre... Et sans toi cela n'existerait pas, n'existerait plus...
Je t'embrasse mon si doux compagnon, je t'embrasse tendrement...

12 commentaires:

Valvita a dit…

J'ai vu dernièrement le film "Réparer les vivants" et j'ai pensé à toi ;-)

manoudanslaforet a dit…

Que d'émotions et d'amour...

Anonyme a dit…

Très beau texte, très émouvant et bel hommage à cette personne.


Odile

Bleck a dit…

Joli.

Bleck

Gilsoub a dit…

mille pensées, très touchant ton billet, plein d'émotions

Sylvie a dit…

Je te lis avec beaucoup d'émotion , comme à chaque fois que tu en parles .

Danyhube a dit…

ce qui est beau c'est que chaque année vous faites revivre cette personne!
c'est presque dommage que les parents qui ont perdu leur enfant ne le sachent pas et ne connaissent pas votre éternelle reconnaissance.

Matoo a dit…

Un si joli texte, bravo !! <3

Sacrip'Anne a dit…

Je t'ai dit, je crois, que je pense à toi à chaque fois que je vois un fourgon "Urgence Greffe" croiser mon chemin...

Anonyme a dit…

Comme Danyhube, oh oui !
Thérèse

Valérie de Haute Savoie a dit…

Commémorer chaque année, le 9 janvier, ce don qui a sauvé mon enfant, peut être d'autres ailleurs, est pour moi indispensable. Vous savoir accompagnateurs, par vos pensées, est très gratifiant, puissent-elles s'envoler vers ceux qui en ont besoin pour cet anniversaire sans doute douloureux. Je vous en remercie et vous serre fort dans mes bras.

Lce a dit…

tu parle si bien, chaque année, de celui qui t'a fait le cadeau de te rendre ton fils.... c'est si juste et si touchant Laurence @lopalomita