- Ah ben il était temps hein, tous ces feignants qui prennent des arrêts maladie à tout bout de champ.
- Et les mi-temps thérapeutiques, c'est un scandale ces mi-temps thérapeutiques.
- Et t'as vu, les fonctionnaires qui râlent parce qu'ils vont avoir un jour de carence, UN jour, alors que nous hein !
- Oui c'est vraiment temps qu'on leur foute notre pied au cul à ces feignants.
Les lumières du bureau sont encore éteintes, ils ne m'ont pas entendue arriver, mug à la main pour me verser un café. Il est très tôt, ils se pensaient seuls dans l'agence et tranquillement déversaient leur petite haine ordinaire de l'autre, ils n'ont pas encore trente ans. Ils se tairont dès que j'apparaîtrai et dans ma tête je me fais déjà la leçon, ne dis rien ! c'est inutile de donner ton point de vue. Depuis le temps je sais que cela ne changera rien, absolument rien, ils sont tellement sûrs de la vérité présidentielle.
Bonjour... je me sers mon café, repars tranquillement.
- Mais c'est vrai ça, c'est normal que nous on a des jours de carence et pas eux ? Et encore, un tout petit jour pour eux !
Alors je reviens sur mes pas, et calmement, les regardant l'une et l'autre dans les yeux je dis doucement - Nos jours de carence on ne les sent pas passer, c'est l'entreprise qui nous le paie. Et je repars, mon mug à la main.
JP le soir me dira qu'il a croisé notre concierge, qu'elle lui a dit tout le bien qu'elle pensait de ce président courageux, parce que moi Monsieur, même malade je suis allée travailler, c'est pas comme tous ces feignants qui restent à la maison, qui sont tout le temps chez le médecin, qui prennent nos sous avec leur maladie.
Je me demande si je ne vais pas demander à celui ou celle qui serait là haut et qui serait notre grand manitou à tous, de leur envoyer à tous ces bien-pensants un bon gros virus de la mort qui tue, mais lentement, lentement, un truc à mi temps thérapeutique mais sans mi-temps thérapeutique de grosses flemmasses, juste pour voir comment ils verraient les choses, avec des jours de carence non pris en charge, une sécu au rabais, une mutuelle pour les riches.
C'est vrai ça,
il a raison Laurent Wauquiez : "Si jamais, quand vous tombez malade, cela n'a aucun impact sur votre indemnité et votre salaire, ce n'est pas très responsabilisant. Du coup, on a un peu l'impression que la sécurité sociale est quelque chose sur lequel on peut tirer sans qu'il y ait un impact"
Oui oui Laurent, un bon petit virus de la mort qui tue, mais lentement hein...