La nuit a été affreuse, maman est effondrée de voir papa souffrir autant, découvrir la réalité des nuits d'enfer que lui fait vivre cette foutue infirmière. Heureusement ! Qu'il ne soit pas seul dès le matin change son moral. Il est souriant dès que la morphine donnée à petites doses calme ses douleurs.
Je suis à peine arrivée que la bonne nouvelle tombe, une place s'est libérée à Cochin, papa sera transféré demain à 11 heures. Et nous mettons tous, notre espoir là dedans. Il n'est plus question maintenant de le laisser seul la nuit. Et pour la seconde fois maman restera auprès de papa.
La journée se passe tranquillement, maman, papa et moi, nous bavardons, il s'endort régulièrement, apaisé de nous savoir juste là. Maman lui donne son repas, insiste pour qu'il mange un peu plus, mais il n'a pas faim, et surtout, il fait de plus en plus de fausses routes qui le fatigue. Il boit avec grand plaisir le café que je lui ai fait le matin juste avant de partir, sur les conseil de ma petite soeur.
Le lendemain enfin, avec une heure de retard et un voyage terriblement douloureux, papa est dans sa chambre n°406 du pavillon Copernic, entouré de personnel compétent et si doux, quel changement.
Mon frère ainé, après une longue conversation la veille, où j'ai donné à mots couverts mon impression plutôt pessimiste de l'avenir, avait décidé immédiatement de venir nous rejoindre à Paris. Son train arrivé à midi, on se retrouve à l'Estrapade où j'y ai passé la nuit pour accueillir le matin tôt, la femme de ménage. Nous déjeunons en attendant de pouvoir aller à l'hôpital, maman va rentrer se reposer quelques heures, très éprouvée par ces deux jours non stop enfermée avec papa et nous voulons l'embrasser avant.
Mon père que j'avais prévenu de l'arrivée de T. en lui expliquant que l'on s'angoisse toujours plus lorsqu'on est loin, se réjouissait de le voir. Nous sommes allés à pied, heureux de nous retrouver, une petite vingtaine de minutes jusqu'à ce qui sera la dernière demeure de mon père.
A notre arrivée, à son chevet ma soeur peinant à retenir ses larmes et le médecin qui donne les résultats de la biopsie faite en tout début d'année, papa très fatigué nous sourit.
Il s'agit donc d'un cancer neuroendocrinien de la prostate, adieu radiothérapie... D'une part il est maintenant impossible d'envisager de faire subir encore et quotidiennement des trajets aller retour à papa, et d'autre part, seule la chimiothérapie pourrait avoir un effet sur les cellules, mais plus à l'âge vénérable de papa. On se dirige vers des soins palliatifs sans toutefois encore en dire le mot. Papa sait, il est médecin, il ne dit rien, écoute.
Nous sommes le 22 janvier, il lui reste sept jours à vivre...
Ton récit est très émouvant. Je le lis sans commenter jusque-là.
RépondreSupprimerCela réveille des souvenirs personnels. Les derniers jours de mon propre père. Mais aussi à titre personnel je fus « victime » d'une infirmière de nuit maltraitante. Cerise sur le gâteau : c'était une religieuse ! Je n'ai pas oublié. Je venais d'être victime de la polio et entièrement paralysé. Et pourtant j'avais 12 ans ! Comment de telles personnes peuvent demeurer en poste ? ?
Toute ma sympathie et ma présence avec toi dans ce récit.
Mon père me disait, lorsque nous parlions de cette affreuse bonne femme, lui qui était médecin, "Je ne comprends pas qu'une personne puisse être aussi mauvaise, aussi cruelle, alors que ce sont des métiers que l'on choisi justement pour venir en aide, être empathique..." Merci d'être là.
SupprimerMerci pour ton récit ! Souvenir similaire pour ma mère, partis en 1 mois et demi d'un cancer trop avancé découvert bien trop tard. Heureusement, les 15 derniers jours ont été dans un service de soin paliatif exceptionnel (institution Cognac Jay) ou l'on a même pu lui amener son chien !
RépondreSupprimerNous avions envisagé, si le cancer n'avait pas été si agressif, que papa pourrait aller justement au centre de soin palliatif de Cognac Jay dont nous n'avions entendu que du positif. Je suis contente que ta mère ait pu en profiter et ne pas souffrir comme mon père.
SupprimerJe rentre tout juste d'Irlande et je tombe sur tes posts si tristes. Les histoires d'hôpital me rappellent les moments d'angoisses, les incertitudes, les attentes, les méchancetés, les mauvaises nouvelles, les horreurs, qu'on a vécues pendant 7 ans avec ma mère à Paris. Je suis sincèrement désolée que ton père (et vous tous!) ait dû passer par tant de moments difficiles :(
RépondreSupprimer7 ans... mon dieu Dr CaSo combien cela a dû être épuisant et si triste. Et ce sentiment d''être parfois à la merci de certaines personnes qui ne devraient jamais faire ce métier. Heureusement qu'il y a plus de bonnes personnes que de mauvaises.
SupprimerComme il est douloureux de perdre les gens qu’on aime , et nos parents
RépondreSupprimerOn les aime tant ! J’ai le coeur serré à lire tes récits
Hug affectueux
Victoire
Merci Victoire 💕
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