La nuit a passé calmement, parfois il semble inconfortable ou rêve t'il ? Mais il n'ouvre plus du tout les yeux, s'apaise vite, nous sommes hors du temps, doucement il s'éteint.
Le professeur Goldwasser vient le voir, cet homme dégage une bonté hors du commun, il discute longuement avec maman, et nous regrettons que papa ne puisse lui aussi prendre part à cette conversation qui l'aurait passionné.
Je laisse la place à mon petit frère qui restera dormir avec maman. Tout comme papa avant de sombrer dans cette torpeur, a dit et redit en alsacien à maman combien il l'aimait, maman passe sa nuit à lui chuchoter son amour.
Le lendemain je prends à nouveau la relève, maman rentre se reposer quelques heures, il pleut affreusement. Mon grand frère me rejoint. Je suis assise à côté de la tête de son lit, je lui caresse légèrement le crâne, doucement pour ne pas l'agacer, parfois je lui masse un peu les mains, les pieds, nous discutons mon frère et moi, évoquons des souvenirs, rassurons papa sur l'avenir de maman.
A un moment je pose mon iPhone à côté de lui, et passe les variations Goldberg intégralement. Parfois T. sort faire un tour, je reste là, vigie de cette vie qui doucement nous quitte.
Dans l'après-midi, la porte s'ouvre et un homme simplement vêtu, un sac à dos porté sur l'épaule, semble hésiter à entrer. C'est un prêtre, appelé par qui ? Nous l'invitons à entrer, mes parents ont été un temps très croyants, et malgré tout, ont gardé un fond chrétien même s'ils ne vont plus à la messe depuis très longtemps. Ce n'est pas à nous de dire si oui ou non il peut rester un moment avec papa, mais nous lui disons ses doutes, combien il a été consterné d'apprendre les agressions dont ont été victimes des enfants par des prêtres. Nous les laisserons seul un instant, papa est suffisamment intelligent, s'il peut encore percevoir quelque chose, pour faire la part des choses.
Le soir nous nous retrouvons tous autour du lit, au moment de partir je vais embrasser papa, et je repars à pied avec T. laissant ma soeur et maman prendre leur garde nocturne.
Dans la nuit je me réveille à trois heures vingt sept et me rendors. Papa venait de quitter notre vie.
J'ai lu hier, la journée a été bien remplie et un peu stressante, je n'ai pas eu le temps, l'idée, les mots d'un commentaire. Aujourd'hui, la journée est plus calme, je suis heureuse de venir passer un moment avec vous dans cette chambre, avec votre père, vous tous qui vous y succédez pour ne pas le laisser seul et surtout l'entourer de tout votre amour, tendresse, des mots et gestes les disant. Quel soulagement qu'il soit dans cet environnement après le début d'hospitalisation catastrophique à Vitry !
RépondreSupprimerEn vous lisant, je me suis souvenue du fait que vous vous étiez réveillée à l'heure de la mort de votre père. Je trouve cela fou et beau à la fois.
Bon dimanche
S'il avait dû rester à Vitry, cela aurait été terrible, et nous ne garderions pas ce souvenir apaisé de mon père, allongé et serein au moment de sa mort. Heureusement qu'une place c'est libérée.
SupprimerToute cette douceur pour accompagner son départ, on vous sent tous unis, vous racontez bien ce chemin, merci pour vos mots
RépondreSupprimerMerci Pat 💞
Supprimer(bien évidemment j'ai lu attentivement chacun de ces billets et je n'ai pas pu laisser de commentaire jusqu'à maintenant)
RépondreSupprimerEn juin 1998 j'ai passé une mauvaise nuit dans un hôtel à Nérac en pleine nuit j'ai été réveillé brutalement, exactement au même moment ma mère est décédée dans une clinique Bordelaise, c'est un souvenir intime et terrible.
Bleck
Lorsque en 1983 mon frère aîné est mort, la nuit, étouffant, ses poumons tellement infectés qu'il ne pouvait plus respirer, j'ai fait un cauchemar terrible. J'étais dans un tuyau très étroit où l'air manquait et je fuyais un agresseur. Le lendemain j'apprenais que mon frère était mort cette nuit là. Est ce le lien de l'amour qui vibre lorsqu'il se rompt et nous traverse au moment de la mort de ceux qu'on aime ?
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