vendredi 29 juillet 2016

Et puis la nuit


Tout au fond sont les urgences. Il fait nuit et devant la porte qui coulisse au moindre souffle, une femme au téléphone murmure des mots terribles. A l'intérieur la lumière crue et l'habituel silence chargé d'angoisse. Trois grosses très grosses femmes avachies lorgnent un homme affalé dans une chaise à roulettes, à bout de souffle. 
A gauche l'accueil, une autre femme, étonnamment affable nous renseigne. Oui il est bien pris en charge, depuis à peine une demie-heure. On ne pourra en savoir plus que dans deux ou trois heures. Impossible d'aller le voir.

Alors nous repartons, le coeur un peu serré, un peu perdues. Tout à l'heure B. téléphonera pendant que j'essaierai de dormir pour être en forme s'il faut le chercher au milieu de la nuit.

Lorsqu'à six heures je me réveillerai, personne n'aura appelé pour nous demander de le chercher. Et quand à sept heures j'aurai des nouvelles, ce sera pour apprendre qu'il est en pneumo, mal en point.

Débutera alors une longue semaine d'incertitude. La fragilité d'une vie, le fil qui se tend et tremble, s'effiloche dangereusement.

On saura presque avec certitude qu'il a fait une très grave allergie médicamenteuse, une toxidermie compliquée par sa maladie. Il faudra encore des semaines avant qu'il remonte la pente.
Et ce week end encore je remonterai pour aller l'embrasser, là haut en Alsace.

jeudi 28 juillet 2016

l'apéro abandonné

Et puis maintenant la machine à laver ! 

B. et moi, grillant sous le soleil étincelant, nous lamentons. Week end de merde !
Je viens juste de manquer basculer en reculant avec la voiture, dans le champs à côté, la veille à Nice un minable a tué des dizaines de personnes, mes mollets sont dévastés par une attaque de fourmis.

Ah mais di'don ! dix neuf heures, Apéro !

Au diable les mauvaises nouvelles, en riant nous interpellons JP qui fait la sieste dans la chambre au chien assis. Ouh Ouh JP c'est l'heure de l'apéro !

Mhmmm B. s'inquiète, pas de réaction ? L'heure est grave.
Je vais voir lui dis-je et je monte l'escalier, prête à secouer notre grand dormeur.

Il grelotte, sous la couette, il fait trente degrés dans la chambre. A peine arrive t-il à ouvrir les yeux tant ils sont gonflés. Quatre à quatre je descends les escaliers, thermomètre, je remonte. 39,6 ° pas bon du tout.
Le 15 au bout du fil, historique de la maladie, description des symptômes. JP cherche son souffle, une ambulance est envoyée en urgence.

On imagine encore que le passage à l'hôpital sera bref, on l'embrasse lorsqu'il monte accompagné des ambulanciers dubitatifs sur la réalité de l'urgence.

A tout à l'heure et fait quand même un peu semblant d'aller mal, pas qu'ils nous prennent pour des zozos.

L'ambiance a chuté, l'apéro abandonné. Soudain tout semble si dérisoire, je sais déjà qu'il est inutile de se précipiter, remontent des souvenirs qui semblaient à jamais effacés.

Allez, on y va, Colmar est à une vingtaine de minutes, le temps qu'ils le prennent en charge, il sera peut être déjà là à attendre qu'on vienne le chercher.

Le soleil s'abîme dans les vignobles, le parking de Pasteur est presque vide et nous traversons l'hôpital désert. Tu iras rechercher la voiture parce qu'il doit être fatigué me dit B., inutile de lui faire faire tout ce chemin à pied...

mercredi 27 juillet 2016

un soupir

J'étais dans la pénombre de cette chambre d'hôpital, attendant que JP revienne de son scanner. Le vieux monsieur d'à peine soixante seize qui en paraissait quinze de plus, dormait enfoui sous ses couvertures, dehors quelques oiseaux pépiaient, je twittais, j'attendais, pas de bruit...

Et puis la fille du vieux monsieur que j'appelais en mon for intérieur, Maître Yoda tant il lui ressemblait, est arrivée, a posé son sac, s'est approchée du lit et a dit : Papa je suis là. Il a vaguement ouvert un oeil, noir, et a replongé dans un sommeil profond.

Nous sommes restées silencieuses, un moment, puis nous sommes regardées. Il a l'air si gentil votre père. Il a l'air a-t-elle dit, il est terrible en réalité. Nous avons entamé une conversation, chuchotée, son père avait une tumeur au cerveau, faisait des crises d'épilepsie et puisque caractère de cochon, refusait toute aide chez lui. Il était donc là, en surveillance, le temps de l'adaptation du médicament.
Seul depuis deux ans.

Assise sur la table, balançant légèrement les jambes, regardant son père dormir, moi dans le fauteuil bleu à roulettes, l'Ipad posé sur mes genoux. Le ventilateur bruissant. Puis, dans un soupir elle a dit : Les deux années passées ont été rudes. Ma mère d'abord, puis ma soeur un an après et le treize novembre mon fils, au Bataclan.

Mes yeux se sont noyés de larmes, le silence s'est posé comme un voile, sous ses couvertures Maître Yoda dormait.



mardi 12 juillet 2016

de l'intérêt de perdre pour dormir

La veille nous avions regardé les avions décoller au dessus du lac et les étoiles s'allumer en buvant champagne et rosé, allongés sur des couvertures qui petit à petit buvaient l'humidité de la nuit tombée. Avec ma copine A. nous avions fini la soirée très tard et ma nuit avait été courte. Finale ou pas j'étais crevée et je m'étais mise au lit tôt le lendemain, le chat collé contre moi, G. parti vers la fanzone de Plainpalais en milieu d'après midi.

Je m'étais assez vite assoupie, et lorsqu'un hurlement de joie avait retenti dans la cour, je m'étais enfilée mes bouchons d'oreille pour pouvoir continuer ma nuit. OK me suis-je dit, ils sont champions, ma nuit va être finie dans quelques minutes et pouf j'avais replongé aussi sec dans mes rêves.

Et puis... le réveil à sonné, j'avais dormi comme un bébé.

En saisissant mon Ipad la nouvelle du Huffington post m'informait que le Portugal était champion. C'était donc ça ma grande nuit.
J'étais triste pour mes collègues qui se réjouissaient tant, pour ces gamins qui partout s'étaient peints les joues en drapeau tricolore. Je ne comprends rien de rien au foot, je n'aime pas entendre des heures durant les commentateurs qui jamais ne se taisent, j'aime juste les ambiances festives et rigolotes.

Le lendemain je les ai bien fait rigolé au bureau en jouant l'éplorée, m'offusquant des klaxons portugais de la nuit, m'indignant qu'une main qui ne soit pas d'Henri ne soit sanctionnée et nous avons refait ce match que je n'avais pas vu.

Le soleil brillait, j'avais mis du rose sur mes orteils, mon dentiste a recollé mon onlay perdu en croquant une tomate il y a trois semaines. Le soir je retrouvai enfin mon ostéo pour une remise en place de tout ce qui avait été déglingués en novembre lors de ma chute mémorable. Une belle journée.

Et là, tout de suite, mon G. fête ses vingt cinq ans, et rien que ça rend ma vie encore plus belle !


vendredi 8 juillet 2016

la suite...

Et voilà la suite de mes lectures, les unes derrière les autres, de mai à juin. 

Harlan COBEN Tu me manques Le dernier paru en poche. Une jeune femme, du FBI, enquête sur le meurtre de son père. Voilà, c'est un bon polar. Mais comme toujours, que dire d'un polar sans en dévoiler l'histoire. Un bon Coben.

Patricia DARRÉ N'ayez pas peur de la vie après l'avoir vue dans une émission à la télévision, j'avais envie de lire ses livres et j'ai acheté le premier qui des trois est celui qui m'a le plus plu. Elle y parle de sa façon de voir l'au delà, pas de croyance religieuse. C'est un livre plein d'optimisme. 
Les deux autres livres de Patricia Carré m'ont été prêtés.
L'invisible et la science  J'aime bien cette confrontation avec la science. Certaines choses me semblent encore un peu curieuses, mais l'idée que la vie continue d'une autre façon après la mort me plait bien.
Les lumières de l'invisible Il y a des choses déjà évoquées dans les deux autres livres déjà lu. En fait c'est des trois le premier livre édité, donc ce sont plutôt les autres livres qui reprennent des histoires évoquées dans ce livre. Ces livres sont très faciles à lire, intéressants sans être vraiment convainquant.

M.J. ARLIDGE am stram gram Le début est vraiment bien, le polar bien glauque. C'est vers la fin que j'ai été déçue. L'histoire : des couples disparaissent, un seul revient vivant et détruit mentalement. Chaque survivant s'accuse du meurtre de celui qui a disparu avec lui, la seule façon de se libérer. L'inspecteur Helen Grace semble mêlée (du moins vers les deux tiers il semble qu'elle est visée par le tueur) aux enlèvements et meurtres.

Viceva STEN Les nuits de la St Jean J'ai lu les deux premiers livres de Viveca Sten l'année dernière et ils m'avaient semblé un peu léger. Ce troisième livre est vraiment bien, plus abouti. Une jeune fille disparaît en revenant de la fête de la st Jean. Elle ne réapparait qu'au bout de plusieurs mois, du moins un bras enterré est découvert pas des enfants qui jouent à cache cache dans la forêt. L'inspecteur Thomas Andreasson démarre l'enquête. On retrouve les différents acteurs des deux autres livres. La fin est triste et cela termine un bon polar


Gilbert SINOUÉ L'homme qui regardait la nuit Un chirurgien réfugié sur une ile grecque avec son fils qu'il cache. C'est le début d'une belle et poignante histoire. Il vie humblement de la médecine, et porte un drame qui a bouleversé sa vie au point de lui faire quitter un poste important de chirurgien cardiaque où il excellait et était admiré. On sait assez vite qu'il a dû faire une erreur lors d'une intervention, mais c'est tout le chemin qu'il va faire pour se l'avouer. C'est un livre que j'ai vraiment aimé, de la bibliothèque de la maison d'Alsace.

Iris WRONG Héroïque Bah bah bah j'ai détesté ce bouquin mais je suis allée au bout parce qu'il est intriguant et pas mal écrit. Je ne peux pas vraiment en dire plus, je n'ai ni accroché, ni compris. Et curieusement nous en avons deux exemplaires dans notre immense bibliothèque de la maison d'Alsace ?!?

Marion RUGGIERI Pas ce soir je dine avec mon père C'est la fille d'Eve Ruggieri, je ne l'ai su qu'après avoir fermé le livre. Sympa, mais l'impression de l'avoir déjà lu tant cela ressemble à d'autres livres de cette génération de trentenaire. Son père qui est de la mienne (de génération) ne veut pas vieillir et se comporte comme un copain un peu lourd. Il lui détaille ses histoires de cul et lui reproche de ne pas être assez sexy. Elle a un amant né à la même date que son père. Voilà, vite lu, mais pas indispensable.

  Liane MORIARTY Le secret du mari Le vrai bon livre de plage, que l'on ouvre et ne quitte plus avant la fin. Plusieurs portraits de couples, une histoire qui démarre par une lettre qu'une femme trouve par hasard dans son grenier et qui lui est destinée, mais qu'elle ne devra lire qu'une fois son mari mort. C'est bien foutu, c'est très facile à lire, franchement c'est un roman très sympathique

Ragnar JONASSON SNJOR Un polar islandais qui se passe en plein hiver, de la neige qui ensevelit tout. Un jeune policier est muté pour son premier vrai poste dans un commissariat d'un petit village où jamais rien ne se passe. A peine est il là que l'on retrouve dans un jardin une femme, étendue dans la neige, nue et ensanglantée. Presqu'au même moment une avalanche bloque l'unique sortie du village et Ari Thor le policier se sent pris au piège, se débattant avec une histoire d'amour à longue distance, sa fiancée ne l'ayant pas suivi. Bon, qu'est ce que j'en pense... Ce n'est de loin pas un mauvais polar, j'aime beaucoup ces ambiances du grand nord, l'énigme n'est pas évidente, pourtant il manque quelque chose pour accrocher vraiment. Je ne sais pas exactement quoi, une certaine épaisseur des personnages peut être.

Pierre LEMAITRE Trois jours et une vie Un jeune garçon, qui vit seul avec sa mère, dans un village tranquille. Un jour une voiture écrase le chien du voisin, un chien avec qui ce jeune garçon avait pris l'habitude de se balader, de l'emmener dans la forêt où il contruisait une cabane. Et là, sa vie bascule. Je n'en dis pas plus de l'histoire. Comme dans Au revoir là haut, il s'agit de la vie en province, loin de l'agitation des grandes villes, une sorte de résignation dans la lenteur. Même si les enfants découvrent avec passion les play station, on est loin, très loin de la frénésie qui agace les habitants des grandes villes. Franchement, je ne veux pas en dire plus, parce que j'ai aimé ce livre et qu'il faut en savoir le moins possible pour être entraîné dans cette spirale infernale.

 Arnaldur INDRIDASON Le Lagon Noir Tout au long du livre je me disais que je l'avais déjà lu. Et puis je vois qu'il n'est sorti qu'en 2016 en France, donc c'est impossible et pourtant j'en reste persuadée. Bref c'est un bon Indridason, mais déjà lu !

jeudi 7 juillet 2016

Allez Zou trois mois d'un coup


En Février je n'ai RIEN lu. Du moins je n'ai fini aucun livre. C'est donc en Mars que j'ai fini le livre qui débute ces trois mois. 

Jean D'Ormesson Je dirai malgré tout que cette vie fut belle Je me suis plongée avec délice dans les souvenirs de Jean D'Ormesson et malgré le dialogue parfois un peu redondant entre son surmoi qui lui intente un procès et lui même, cette vie déroulée est fascinante. J'ai un peu peiné à partir de la page 383, lorsqu'il s'envole dans l'infini, mais j'ai vraiment eu du plaisir à découvrir cette vie hors du commun.

 Maylis de Kerangal Naissance d'un pont J'avais tant aimé Réparer les vivants et si peu accroché en lisant A ce stade de la nuit, que je ne savais pas du tout ce qui m'attendait. Eh bien, ce livre est dans la même veine que Réparer les vivants. L'histoire d'une construction d'un pont dans une ville immaginaire de Floride, Coca, qui veut son pont, gigantesque et suspendu, rouge vermillon, qui nécessitera des centaines d'ouvriers et d'ingénieurs venus du monde entier. Ce sont ces hommes et ces femmes qui un jour débarquent et vivent ensemble cette aventure. Maylis de Kerangal a une écriture très poétique, que parfois l'on aimerait lire à haute voix, simplement pour entendre ce texte qui se déroule lentement, mais inexorablement, comme la vie.

 Stéphane ALLIX Le test J'adore ce genre de livre, j'en ai lu plusieurs à mon adolescence. L'au delà, les dialogues avec les morts, tous ce trucs qui me font rêver. Il s'agit d'un test que l'auteur à fait pour tenter de savoir si les morts, en l'occurrence, son père, lui diraient ce qu'il avait caché dans son cerceuil à l'insu de tous le monde. Alors, puisque je ne voudrais pas déflorer ce livre, je n'en dirai pas plus. Par contre, je m'étonne que l'on ne retrouve jamais d'animaux dans l'au delà. Et puis, sans trop en dire, l'auteur parle de réincarnation, mais si l'on se réincarne, comment alors peut on en même temps venir bavarder avec sa famille terrestre, et laquelle prime ?

 Céleste Ng Tout ce qu'on ne s'est jamais dit C'est l'histoire d'une mort, qui bouleverse une famille silencieuse. Une jeune fille disparaît, il reste le père, la mère et deux enfants. Il faut arriver à la fin du livre pour savoir ce qui s'est réellement passé, la famille, les amis, l'espoir, tout est si vrai que l'on reste avec cette famille même le livre terminé.

 Frédéric Beigbeider Windows on the world Un père et ses deux enfants, dans un restaurant tout en haut d'une des deux tours qui vont bientôt être pulvérisées. Il les a emmenés pour sans doute les épater un peu, s'occuper d'eux comme le font certains parents séparés qui veulent rendre leur rencontre inoubliable. Ils prennent leur petit déjeuner, les autres client autour sont comme eux, dans une vie banale mais qui va brusquement être leur dernier jour. En parallèle Frédéric va quelques années plus tard, prendre un petit déjeuner en haut d'une tour et réfléchir sur ce qu'il fait de sa vie. Moi j'aime bien Frédéric, je sais qu'il est souvent détesté, mais j'aime son impudeur et sa naïveté et j'ai bien aimé ce livre trouvé dans ma petite bibliothèque

 Camilla LÄCKBERG Cyanure Tout petit polar trouvé dans ma bibliothèque. J'avais envie de lire vite, un petit truc et si possible facile, le polar est pour cela parfait. Une famille se retrouve pour les fêtes de fin d'année sur une île isolée par une tempête de neige. Un membre de la famille meurt d'une dose de cyanure. Dans la maison un policier est venu fêter avec sa petite amie, qui est la petite fille du mort. Il est donc obligé de mener l'enquête. C'est une énigme assez simple, mais c'est exactement ce que je cherchais, lu en une petite heure, allongée sur la mezzanine, la fenêtre ouverte pour entendre le clapoti de la pluie.

 Harlan COBEN Une chance de trop Il était impossible que je ne l'ai pas lu et pourtant lorsque je trouvai ce livre dans ma bibliothèque je n'avais malgré quelques pages lues sur place, aucun souvenir, aucun. Je l'ai lu, je l'ai trouvé bien, mais jusqu'au bout je ne me souvenais pas de la fin, alors que mon cerveau me disait que je l'avais lu (il y a deux ans en fait) Donc je redis que ce polar est bon, l'intrigue est bien menée et jusqu'au bout. Un homme se réveille dans un hôpital, il est médecin a été gravement blessé lors de l'enlèvement de sa fille et sa femme a été tuée.Il est rapidement soupconné. Histoire classique, mais bien menée et j'espère que ces quelques notes feront que je m'en souviendrai et ne relirai pas une troisième fois ce livre !

 James PATTERSON Des nouvelles de Mary Toujours dans ma bibliothèque et toujours la flemme de lire, ce polar est facile mais lui aussi bon. Des stars du milieu du cinéma se font abattrent par une tueuse qui informe de ses meurtres par mail en signant Mary Smith. Un inspecteur apparemment récurrent chez cet auteur, mène l'enquête. C'est un polar, classique, il y a des morts, des suspects, des erreurs, c'est pas mal.

A demain pour la suite...