jeudi 30 juin 2016

Mon zoreil est de retour

A dix huit heures quinze (20h15 là bas) il décollait de la Réunion, trois heures après, l'aéroport d'Istanbul était attaqué par les sombres connards. Mes enfants prennent l'avion, ils traversent les cieux et même si je m'efforce de ne pas m'angoisser, je ne suis pas sereine tant que les roues n'ont pas touché le sol.

Alors au milieu de la nuit, le sachant là haut, entre deux sommeils je déroule twitter, pas d'avion perdu, les morts d'Istanbul suffisent à la haine. Au réveil à cinq heures et demie, il foule le tarmac, je suis égoïstement soulagée.

Je le retrouve en rentrant du bureau, il est beau évidemment, je l'embrasse, le garde un peu dans mes bras. Chamade le suit de loin, pas d'effusion, jamais, c'est un chat et un chat reste digne en toutes circonstances, mais tout de même elle le suit.

On se raconte un peu nos vies de ces dix derniers mois, on boit un peu de rosé, on goûte l'excellent rhum qu'il nous a rapporté, le soir tombe et il s'étonne qu'il soit si tard.

On s'attardera encore un peu sur le balcon,


Chamade déjà hésite, où dormir nuit...


jeudi 23 juin 2016

de la violence sur touiteure

Je n'ai presque pas dormi cette nuit, un moustique agaçait mes nerfs, il faisait (enfin) trop chaud, des idées tournaient en boucle, alors j'ai saisi mon Ipad et remonté ma TL.

Il y avait une dame dont un de ces enfants était à l'hôpital, fracture du bras, souffrant atrocement et qui était ignoré par le personnel médical. Je ne connais pas cette dame, je tombe sur des réponses qui me font supposer qu'il y a une discussion, je ne dors pas vous dis-je, alors je la remonte. Que cette femme perde patience puisque l'on ne s'occupe pas de son enfant, je le comprends, j'ai vécu tant de temps auprès de mon G., il a tant souffert lui aussi, des mois durant. Pour la fracture, je connais aussi, la mienne, fracture de pouteau colle, avait déplacé toute ma main au centre de mon avant bras, dieu que j'ai souffert, hurlé, appelé au secours jusqu'à ce que l'on m'endorme. De ce temps, celui de G. malade, celui de mon accident de voiture, twitter n'existait pas, de toute façon je n'ai pas le réflexe de partager mes douleurs sur le réseau. Mais je lis et me souviens d'une journée de mars 93...

Notre service était rempli d'enfants nouvellement transplantés. Certains adoptant leur foie tranquillement, la plupart se battant pour le garder, faire en sorte que leur corps accepte cet organe offert, mais violemment rejeté. Parce que nos cellules sont difficiles à convaincre que l'étranger que l'on installe là est fait pour les aider à continuer à vivre. Bref, des parents unis dans ce combat et unis au fameux corps médical tant décrié en ce moment sur twitter.

Vient le week end où le service est de garde et déboulent alors des parents avec des enfants pleins de gastro et bronchiolite. Vous dire comme on était ravi de tous ces miasmes qui risquaient de fragiliser encore plus nos petits immunodéprimés !
Mais non seulement ils nous apportaient leurs enfants pleins de mouchoux et cacas mous, mais en plus ils vociféraient, engueulaient NOS infirmières si pleines d'amour. Il fallait s'occuper de leurs bébés en priorité, rien n'était fait assez rapidement, ils étaient PRIORITAIRES gueulaient-ils dans le service. Et nous, que l'on avait retranchés le temps du week end de garde, portes fermées, enfants scotchés au lit, nous nous faisions traités de mauvais parents ayant mis au monde des malades et c'était normal que l'on privilégie les leurs qui eux étaient des enfants nés bien portant. Deux mondes absolument différents. Celui qui vivait depuis des mois, des années avec les médecins et les infirmières, mains dans la mains, unis pour sauver nos enfants, et celui qui découvrait brutalement la maladie, la peur, l'angoisse et qui en voulait à la terre entière.
Nous étions hébétés de tant de violence.

Dimanche soir le service avait retrouvé son calme, les parents rentrés chez eux avec leurs morveux et du doliprane en poche, nous, portes ouvertes, nos enfants attachés à leur potence déambulant dans les couloirs colorés.

Je reste étonnée, encore maintenant, de cette violence agressive qui avait accompagné ce jour de garde et me dit qu'il est vraiment facile de vomir et exiger des médecins qu'ils soient à notre service lorsque l'on ne connait pas ce qu'ils endurent d'émotions et d'angoisses tout au long de leurs journées.

Des cons y'en a partout, mais j'ai rencontré plus de médecins compétents et attentifs, que de charlots imbus de leur personne voilà !

mercredi 22 juin 2016

locataire, un métier !

Je lui ai écrit un mail, assez concis, demandant qu'il entretienne sa haie qui déborde de partout et envahi les voisins. C'est comme ça, tu es locataire d'une maison, tu entretiens ta haie chaque année, tu tonds ta pelouse, tu fais en sorte que cela soit agréable à l'oeil des autres.

Il me répond aussitôt, gentiment, il va le faire, il n'est pas paysagiste dit-il, mais promis, ce week end il s'y met. Cela fait quatre ans qu'il est entré dans la maison, quatre ans qu'il n'avait pas fait cet entretien, il n'avait pas entendu lors de la signature qu'il en serait chargé et puis bof, il n'est pas franchement branché nature, mais promis il s'y attaque.

Je lui répond d'un simple conseil, puisqu'il n'est pas professionnel, la hauteur d'une haie c'est en général un mètre quatre vingt, et basta, j'envoie et passe à autre chose.

Hier on me passe le proprio, bonjour bonjour et vite je rassure, oui oui j'ai bien écrit la lettre à votre locataire comme vous me l'aviez demandé. Et là, elle rit. Je sais, je sais, je viens d'avoir les voisins au téléphone. Il taille, pour tailler il taille !

Il coupe tout, laisse juste le tronc, il ne reste maintenant plus que des poteaux, plus une feuille, plus une branche, une rangée de poteaux bien espacés, les voisins sont atterrés et nous rions rions...

Pas paysagiste disait-il...

jeudi 16 juin 2016

de la foudre traitresse

Il pleut, il pleut vraiment, des seaux des cordes comme vache qui pisse, il pleut !

Hier, deux heures avant la fin de ma journée au bureau, les ordinateurs ont été enfin reliés au serveur et j'ai pu commencer à rattraper le retard qui s'amoncelle depuis lundi matin. Bien sûr les grandes urgences avaient été gérées en direct avec les entreprises à qui j'avais promis croix de bois croix de fer de légaliser ma demande par un bon de travaux dès que je le pourrai, mais que c'est long une journée sans outil de travail, une fois que les bureaux sont rangés, nettoyés, affaires triées, archives descendues aux garages. C'est long et c'est chiant.

J'ai bien fait défiler plus que de raison mon fil twitter, bruissant de mille mauvaises nouvelles, peu de trucs drôles, et si souvent rabâchées. J'ai papoté avec mes collègues, bu du café, détartré la bouilloire, me jetant sur les rares appels téléphoniques qui franchissaient on ne sait pourquoi le fossé creusé par la panne.

Une fois la connexion rétablie, je me suis attelée à mon retard, le nez dans le guidon, mes notes colorées et détaillées pour aller plus vite. En partant j'avais abattu un paquet de travail, et je suis rentrée épuisée pour me vautrer dans un fauteuil, Chamade en doudou collée à moi.

Tout n'est pas encore au top, il n'y a plus de télécopieurs, aucun, tous morts, et je trafique en prenant en photo les devis signés que je m'envoie ensuite par mail sur ma boite pro pour pouvoir les joindre à mes commandes. Je cours à l'étage pour chercher ce que j'imprime, je deviens experte du rapide futé.

Un qui est fier et content, c'est mon bracelet qui me félicite le soir de m'être tant agitée !

mardi 14 juin 2016

Le jour d'après

Un orage ayant détruit nos outils de travail, la pluie pour seul paysage, assise derrière mon bureau à ne rien faire, mon coeur est resté tourné vers Orlando. Tous ces hommes et ces femmes, parce que nés homosexuels, massacrés par un sinistre crétin, triste lundi...




J'ai avancé mon réveil d'un quart d'heure avec interdiction d'allumer mon Ipad avant d'avoir fait mon yoga. Je me lève et les yeux encore tout embrouillés, je me déplie, tire et étire, me plie sous l'oeil averti de Chamade qui n'en perd pas une miette. Je m'étais laissée aller, trouvant tous les prétextes pour ne pas avoir le temps de cette demie-heure matinale, et mon corps est parti en sucette. Douleurs diverses, angoisses et agacements, il était largement temps de me reprendre en main. 



Tout à l'heure la grande bâche qui efface un peu l'horizon va être retirée, c'est l'autre façade, la mienne, qui va maintenant se cacher. En faisant mon yoga, dans la chambre côté rue, je me faisais la réflexion que ce brusque retour à la visibilité totale était un peu déstabilisant. Je me suis sentie nue aux regards extérieurs. 
C'est fou comme l'on s'habitue à l'inhabituel.  

lundi 13 juin 2016

De la peinture

Max Ernst

La semaine s'était traînée si lentement, si difficilement, que samedi en me regardant JP avait dit d'un air résigné et désolé : "Tu ne pourras pas aller voir Zao Wou Ki demain !" Dernier jour de l'expo à Martigny d'un peintre dont je n'avais jamais entendu parler (oui je sais, ignare est mon deuxième prénom).

La veille nous étions à l'inauguration d'une librairie à Annemasse, UNE LIBRAIRIE ! Je crois bien que j'attendais cela depuis dix ans. Toutes l'une après l'autre avaient fermé mis à part un truc qui vendait les derniers bestsellers emballés dans des couvertures dignes de romans photos.  Il n'y avait plus que la FNAC ou Cultura bien trop loin pour s'y arrêter en rentrant du bureau.
Alors, vendredi soir, grâce à une copine de blog, nous étions là, avec Jean Christophe Rufin, le maire, la députée et un excellent punch avec petits canapés.

Samedi, courses laborieuses, coiffeur et fauteuil. Je n'en pouvais plus, alors faire deux heures de route dimanche, rien que d'y penser m'épuisait.

Et puis j'ai dormi, fait du yoga, pris deux trois cafés, nous sommes partis sous un ciel plutôt clément. Cela faisait si longtemps que nous n'étions plus allés à la Fondation Gianadda.

Au premier abord j'avoue qu'immédiatement je n'ai pas accroché. Dubitative devant ces toiles, j'ai déambulé, lentement, intéressée mais sans coup de coeur. Et puis nous avons regardé un film projeté dans une petite salle au sous sol. Et lentement la découverte s'est faite. Zao Wou Ki peignant, racontant, souriant, sa vie, ses recherches. Sa peinture est devenue vivante et je suis retourner revoir les toiles une à une. Et ce qui me semblait au départ taches et traits fouillis, s'est mis à vivre et prendre de la profondeur, de la transparence, bruissant d'un souffle de vent imperceptible.

Zao Wou Ki

Nous avons retrouvé avec plaisir les sculptures dans le si beau parc qui a lui seul vaut le voyage. Les montagnes tout autour où des nuages s'accrochaient légers, le grand Assistant de Max Ernst avec sa bonne bouille tranquille, et nous sommes repartis, vers Chamonix. Les montagnes couvertes de fleurs, les buissons de lilas croulant sous les grappes, les sommets encore enneigés.

Ce n'est que sur la route, une fois descendus des montagnes, que la pluie s'est mise à tomber...

jeudi 9 juin 2016

ma petite pharmacie

Six mois que j'ai découvert cette huile essentielle qui devient au fil des jours de plus en plus essentielle, mon élixir qui soigne tout !

Cela a commencé avec mon ongle tout moche qui aux dires de mon médecin, serait irréversiblement squatté par un champignon. Il pousserait certes, mais tomberait, repousserait, retomberait... Bref aucune solution si ce n'était un médicament qui aurait sur mon foie un effet (ou non) peu réjouissant.

En cherchant une solution, j'étais tombée sur plusieurs personnes qui racontaient la guérison d'ongles grâce à l'huile essentielle de Tea Tree. Chaque soir et chaque matin j'ai badigeonné mon ongle qui petit à petit est redevenu rose et joli, bien ancré dans mon pouce. Miracle et merveille, j'étais en adoration et plaçais le petit flacon tout en haut de mes remèdes fétiches.

Tea tree par çi, tea tree par là, lalala...

Dimanche, après une soirée bien arrosée en fort bonne compagnie, je me réveille fa-ti-guée. L'âge ma bonne dame me suis-je dit. Me trainant de la cafetière au bureau, geignant comme mémé, je suis fa-ti-guée et BOOM rhume ! Le nez fontaine, la réserve de mouchoirs se tarissant à vue d'oeil, maaalade, adieu vieillesse, bonjour virus.

Tisane, crème ultra riche de l'Occitane sur le nez, plus d'odorat, rien qu'une rivière se transformant au fil de la journée en fleuve, ma crue perso.

Trois jours, je n'en peux plus me disais-je hier soir, avachi à l'ombre de mes pivoines qui n'avaient plus aucun parfum, tristesse.

Ah ! Mais si l'huile essentielle de tea tree est magique pour tout, pourquoi pas quelques gouttes dans ma tisane me suggéré-je in petto, et plic plic plouf, quelques gouttes versées dans mon mug. J'avale une grosse gorgée de breuvage, un oeil sur l'écran de télévision, un autre sur mon ipad. Au fait dis'don' c'est quoi exactement la posologie pour une tisane, combien de gouttes et quels miracles en attendre ?

Je clique... Tea tree oil toxic... les risques principaux à ingérer de l'huile de... Ouat iz the fuck pensé-je ! Je lâche ma série et précise mes questions qui toutes aboutissent aux mêmes avertissement, JAMAIS JAMAIS ingérer d'huile de machin. même à faible dose... Ataxie, malaise, insuffisance respiratoire, désorientation coma...   une seule goutte peut tuer un chat, UN CHAT wopopo là je suis mal.

Je ne dis rien durant quelques minutes, puis en ricanant, mal à l'aise, je raconte à JP, qui me regarde avec des yeux ronds. Ben appelle le centre anti-poison tout de suite ! J'hésite, j'hésite et puis allez j'appelle.

Je raconte, le médecin écoute, avez-vous des symptômes ? Non non dis-je alors que je sens mes poumons me lâcher, mon coeur s'affoler et pourquoi pas mon cerveau déconner. Mais je connais ma propension à somatiser, je sais le vrai et le faux qu'essaye de me faire passer mon cerveau d'angoissée. Assez vite il me rassure, non je peux dormir tranquille, prend mon nom et nous raccrochons.

Quand même, avant d'aller me coucher je me lave de partout, on ne sait jamais, si je comate cette nuit, il vaut mieux que je sente bon pour ceux qui se pencheront sur mon corps qui décède...