mercredi 16 juillet 2014

le réveil de l'angoisse

Sur le balcon d'à côté, abandonné, des pigeons doucement prennent leur quartier. Tandis que le brouhaha encore lointain du trafic anime la naissance du jour, leur roucoulement fait résonner des souvenirs d'enfance, alors que blottie dans le lit, je me réveillais heureuse, loin de l'école enfin fermée. 

Il fait de nouveau très beau, et l'humeur qui avait brutalement plongée dans des abysses insoupçonnées, remonte tel le martin pêcheur comme une fusée vers les cieux. Juillet le mois des départs et des arrivées, des états des lieux, des angoisses.

Je pensais que j'arriverais à m'endurcir, me ficherais comme d'une guigne de ce qui serait retenu sur le dépôt de garantie, et puis...

Il y a ces deux petits jeunes, démarrant dans la vie, ayant passé la nuit à déménager à l'aide d'un caddie, nettoyant encore à mon arrivée. Souriants épuisés, si contents d'avoir fini et qui laissent des fenêtres troublées, une hotte grasse, des plaques de cuisson encroutées sur les feux. Une douche dont l'eau s'écoule trop lentement, des traces qui sautent à mes yeux qui voudraient tant ne pas les voir. Alors je ne dis rien, je reviens le lendemain jour de repos, et je frotte, je gratte, je débouche et je repars heureuse. Ils ne le sauront pas, rien ne sera retenu sur leur dépôt de garantie et peut être même viendront-ils un jour apporter de l'eau au moulin des rages contre ces sales agences voleuses et inhumaines. Pas grave, je clôturerai leur dossier le coeur léger.

Parce que cela me réveille la nuit ; un mur aux traces multiples vais-je devoir le faire repeindre ? Une rayure sur un parquet, faudra t-il le faire poncer ? Chaque rencontre aussi enrichissante soit-elle, peut se révéler un crève coeur. 

Alors quand l'autre jour, le ventre serré comme à chaque fois, une famille tremblante m'a ouvert la porte devant un appartement rutilant sentant bon le propre et l'air frais, je les aurais embrassés. 

En les quittant je les ai remerciés de ce cadeau qu'ils me faisaient, laisser un appartement impeccable et mon âme légère...




mardi 8 juillet 2014

L'Automne est arrrriiiivvvééééé...

Le ciel bas et lourd, gris, rideau de pluie...

Samedi et dimanche, portée par un soleil étincelant, j'ai retapé mes jardinières qui devenaient friche pauvre, les digitales desséchées dressant leurs hampes raides et sans charmes, les géraniums sauvages aux feuilles recroquevillées, pauvres de fleurs, les pucerons maîtres du monde. Quelques plants de mini pétunias bleu roi, deux touffes de Gaura blanches, un pied de chrysanthème orange vif et des herbes aromatiques qui donnent au rebord de fenêtre un air de potager foutoiresque. Un petit coup de pyrèthre sur les pucerons collants, loin de Chamade dormant sous la couette, un peu de terre fraiche ici et là, et surtout un nouveau pied pour le parasol lavé à grande eau le matin.

Mon jardin citadin resplendissant, je me suis posée sur le fauteuil, à l'ombre du parasol, et j'ai lu en robe légère, seule tout le week end.

Samedi, tard le soir, alors que je bavardais au téléphone avec C. qui attendait dans l'aéroport de Melbourne son vol la menant à Maurice, quelqu'un, un cochon sans vergogne et sans doute aviné, est venu pisser devant la porte de l'appartement. Ce n'est que le lendemain dimanche, en revenant de ma balade à la jardinerie, alarmée par une odeur pestilentielle, que j'ai découvert la grande marre sèche et granuleuse qui s'étalait devant mon chez moi. Urkkkk ! Gants de ménage et serpillère, désinfectant, j'ai nettoyé à grande eau, vaporisé de l'essence de lavande, sous l'oeil ébahi de Chamade prudemment éloignée de cet univers inconnu hors de la frontière rassurante du pas de porte.

Hier sans crier gare la température a chuté, le ciel s'est couvert d'eau, ne seraient-ce les feuilles des arbres encore vertes et les marrons riquiqui cachés dans leur bogues, je jurerais l'automne arrivé. 

Je n'aurais peut être pas dû planter un chrysanthème...