jeudi 27 février 2014

De la drogue sans doute

J'ai acheté, lors de mes dernières courses, des sachets bio pour chats. Un ensemble de pâtés en gelé, avec légumes hélas, mais bio.
Pourquoi pas m'étais-je dit, même si Chamade résolument carnivore ne consent à faire un écart que pour son herbe spéciale, quelques traces malheureuses de légumes ne seront peut être pas rédhibitoires. 
Va donc pour ces 4 sachets bio où le poulet et la dinde sont mis en avant et les légumes sans doute là pour rassurer les "mamanzumaines de chat".

A midi, heure délicieuse où je donne enfin  la cuillerée quotidienne de pâté à ma bouffeuse de croquettes, je teste un des sachets, une cuillère dans un tout petit plat, juste à côté des gamelles.

Et là, loin de faire sa chochotte habituelle : je hume, je me penche sur la pâté, recule, me rapproche, tourne autour, gratouille consciencieusement tout autour, part faire un tour, reviens repars, pour enfin du bout de la langue goûter avec méfiance lentement cette pâtée indigne ; la voilà qui se rue comme une affamée, goulue, et goinfre d'un coup le petit monticule.

Elle lèche relèche jusqu'à user la porcelaine, fait le tour de la cuisine poussant, tout en traquant la moindre trace restante, le récipient vide et brillant de propreté. Ne lâche plus l'objet de son bonheur.

Et depuis, jour ET nuit, elle ne cesse de m'encourager à lui donner une portion supplémentaire.

Que mettent-ils donc dans leurs pâtés ?

mardi 25 février 2014

petites nouvelles sans importances

Nous sortons lentement de cette curieuse saison si loin des hivers enchanteurs de mon enfance. 
Et même si la température est parfois descendue sous zéro, si certains matins il a fallu gratter le pare-brise, et si un jour, un seul, nous avons eu une petite averse de neige, cet hiver finissant n'aura été hiver que par ses jours raccourcis.

Je sais, il y a eu, au début de ma vie haute savoyarde, un mois de mars où la neige a couvert la ville,  donnant l'impression que nous étions brusquement transportés dans une station de haute montagne ; mais il me semble que nous allons vers les beaux jours, le soleil ne fait plus le timide, mes balconnières se réveillent, Chamade et les oiseaux fêtent chaque matin la naissance du jour.

Et j'ai des envies de voyages, de week end prolongés loin de mes propriétaires et locataires chagrins.

Ma fille est retournée à Melbourne, pèle de froid... décidément cette enfant n'est pas faite pour vivre loin des tropiques. Heureusement pour elle, son retour en France est prévu pour l'Eté, croisons les doigts qu'il soit torride.

De G. je ne peux parler d'un projet sans risquer, superstition, qu'il tombe à l'eau. Alors bonne mère je me tais, mais vous raconterai... plus tard.




lundi 17 février 2014

Anniversaire

Il y a 7 ans, je découvrais mon tout premier commentaire sur mon blog tout neuf. 
Je l'avais ouvert le onze février, et je m'y sentais tranquillement cachée, seule dans l'immensité de cet univers encore très étranger pour moi.
Brusquement dévoilée, je me rappelle cette étrange sensation d'être devenue vulnérable, alors que celle qui était venue déposer ce mot, était LA blogueuse qui m'avait mis le pied à l'étrier. 

Puis il y avait eu ce matin où un commentaire laissé sur le blog de Maître Eolas avait rameuté une trentaine de personnes sur ce très confidentiel espace, UNE TRENTAINE, mes stats avaient alors bondi.

J'écrivais bien plus souvent que maintenant, j'y pensais chaque instant, élaborant des billets pour le moindre petit évènement traversant ma vie. J'écrivais, et lisais des dizaines de blogs, chaque matin, twitter n'avait pas encore fait les ravages destructeurs. La blogosphère s'activait, déversant à mon réveil moult billets à lire avant l'arrivage suivant. 
J'en avais oublié les livres, je ne vivais plus que par mon blog.

Le temps à passé, beaucoup ont disparu, une poignée continue chaque matin, chaque semaine, à écrire, raconter.

Le mien vient d'atteindre son âge de raison.

vendredi 14 février 2014

Il y a ceux...

Il y a celui qui n'en peut plus d'avoir trop chaud dans sa salle de bain.
- Vous vous rendez compte que je dois prendre ma douche la porte ouverte !?! mais n'a jamais pensé à fermer la vanne du radiateur...

Celle qui a froid, les radiateurs ne chauffent pas. Mais une fois le plombier sur place, découvre que les machins posés en haut à droite du radiateur peuvent se tourner...  les radiateurs chauffent maintenant.

L'éternel dont brusquement toute son électricité est en panne. Et qui n'a jamais ouvert de contrat chez EDF (deux, rien que cette semaine).

Celui dont les murs moisissent et qui a bourré toutes les aérations de mouchoirs en papier.

La propriétaire, qui pour faire des "économies de chauffage" a obturé les aérations avec du papier peint et qui maintenant est furieuse parce que les murs sont moisis. 
C'est la faute des locataires, ils devaient laisser les fenêtres ouvertes, jour et nuit ! Et demande que cela soit noté dorénavant dans le bail...

Pas de chien, pas d'enfant, pas de plante... mais ensuite hurle au téléphone que l'on ne loue pas assez vite son appartement.

Ceux qui ne veulent pas de détecteurs de présence dans les communs, pas de platine interphone, pas de vigik nécessaire pour ouvrir la porte d'entrée en raison du shabbat, mais exigent un appartement dans un immeuble neuf...

Et puis il y a ceux qui débarquent un jour à l'agence, une boîte de chocolats à la main, voulant avant de quitter la région, nous remercier d'avoir été si compétents.




jeudi 13 février 2014

comment se pourrir la vie

Tous les jours, TOUS LES JOURS, une voiture se gare sur son emplacement de parking, tous les jours et ils n'en dorment plus.
C'est un nouvel immeuble, des garages plein la soute, mais au dessus il n'y a qu'une petite dizaine de places, numérotées, juste à côté de la porte d'entrée, si pratiques pour se poser vite vite avant de rentrer chez soi. 
Oui, mais elles sont privatives et ceux qui payent pour ces places aimeraient bien pouvoir s'y garer.

Mettez un petit mot sur le pare-brise, expliquez leur que c'est un emplacement privé.
- Mais on l'a déjà fait me dit-elle d'une voix jeune et légèrement gémissante, mon mari n'en dort plus...
Est-ce toujours la même voiture ? Ne pouvez-vous essayer de rencontrer le conducteur au moment où il se gare ou lorsqu'il repart ?
- On a tout essayé, tout.
Je vais voir si votre propriétaire donne son accord pour faire poser un arceau...
- Mais on en a un me coupe t-elle
?!?... pourquoi ne le remontez vous pas lorsque vous partez ?

Grand silence au bout du fil... la flemme sans doute.

lundi 10 février 2014

Réparer les vivants

Simon Limbres est mort au lever du jour, il avait 19 ans, adorait le surf, la mer, la vie. 

" Ce qu'est le coeur de Simon Limbres, ce coeur humain, depuis que sa cadence s'est accélérée à l'instant de la naissance quand d'autres coeurs au-dehors accéléraient de même, saluant l'évènement, ce qu'est ce coeur, ce qui l'a fait bondir, vomir, valser léger comme une plume ou peser comme un pierre, ce qui l'a étourdit, ce qui l'a fait fondre - l'amour ; ce qu'est le coeur de Simon Limbres, ce qu'il a filtré, enregistré, archivé, boîte noire d'un corps de vingt ans, personne ne le sait au juste, seule une image en mouvement créée par ultrason pourrait en renvoyer l'écho, en faire voir la joie qui dilate et la tristesse qui resserre, seul le tracé papier d'un électrocardiogramme déroulé depuis le commencement pourrait en signer la forme en décrire la dépense et l'effort, l'émotion qui précipite, l'énergie prodiguée pour se comprimer près de cent mille fois par jour et faire circuler chaque minute jusqu'à cinq litres de sans, oui, seule cette ligne là pourrait en donner un récit, en profiler la vie, vie de flux et de reflux, vie de vannes et de clapets, vie de pulsations, quand le coeur de Simon Limbres, ce coeur humain, lui, échappe aux machines, nul ne saurait prétendre le connaître, et cette nuit là, nuit sans étoiles, alors qu'il gelait à pierre fendre sur l'estuaire et le pays de Caux, alors qu'un houle dans reflet roulait le long des falaises, alors que le plateau continental reculait, dévoilant ses rayures géologiques, il faisait entendre le rythme régulier d'un organe qui se repose, d'un muscle qui lentement se recharge - un pouls probablement inférieur à cinquante battements par minute - quand l'alarme d'un portable s'est déclenchée au pied d'un lit étroit, l'écho d'un sonar inscrivant en bâtonnets luminescents sur l'écran tactile les chiffres 05:50, et quand soudain tout s'est emballé. "

Dès la première phrase il n'est plus possible de lâcher ce récit écrit par Maylis de Kerangal. Simon a un père, une mère, une petite amie. Son cerveau est mort, et c'est tout ce qu'il va falloir d'amour pour amener ceux qui l'aimaient tant, à faire le don de ses organes, qui est raconté dans ce livre.
On y rencontre le médecin qui accueille Simon, la jeune infirmière qui fait ses premiers pas aux urgences, le coordonnateur, et d'autres encore, tous vont faire partie de cette histoire qui se déroule de 5h50 à 5h49 le lendemain, 24 heures de douleur et d'espoir.
L'écriture, magnifique, est comme ce coeur qui bat dans ce corps mort et qui semble encore si présent. 

S'il n'y a qu'un livre à lire cette année, c'est celui-là !

mardi 4 février 2014

péter en 3D et autres nouvelles

Cela fait maintenant plus d'un mois que je cohabite avec un abcès sous la gencive particulièrement virulent. Quinze jours d'antibiotique n'y ont rien fait, et hier il était temps que l'on traite la responsable de cet alien déplaisant. Une heure et demie la bouche écartelée, une furieuse envie de faire pipi et le bruit de la fraise vrillant mes tympans. Je suis ressortie totalement épuisée mais soulagée que cela se soit si bien passé. Ma dentiste est une orfèvre, délicate et précise.

Une semaine en solo, Antoine fête l'enterrement de vie de garçon d'un copain, il lui faut bien huit jours, et je crapahute donc d'un appartement à l'autre. D'un bouge à l'autre devrais-je dire. Je ne cesse de m'étonner de la faculté qu'ont certaines personnes à détruire un appartement en si peu de temps.
Vendredi c'était le départ d'une jeune et ravissante jeune femme. Entrée en novembre 2012 dans un appartement refait totalement à neuf, elle le quitte sans avoir jamais fait une seule fois le ménage, une saleté incroyable, il va falloir refaire tout l'appartement, peinture, sol, changement de meubles, tout absolument tout est à jeter.
Hier, je récupérais un autre appartement, loué depuis fin 2011, lui aussi neuf à l'entrée, et des heures de nettoyage à prévoir pour pouvoir relouer décemment.
Ce qui m'étonne toujours, c'est la tranquillité de ces locataires, parlant de vétusté alors qu'il s'agit de ménage, de simple ménage (balayer, laver, tirer la chasse, vider les siphons de la tonne de merde...). Ce n'est pas de la saleté d'un jour due au déménagement, c'est de la crasse d'un an, voir deux ou trois, jamais jamais nettoyée. Rien que d'ouvrir la porte d'entrée fait déjà défaillir tant l'odeur infecte imprègne les murs.

Samedi nous sommes allés voir Minuscule, en 3D, dans une salle remplie d'enfants. Explosion de rire lorsque la coccinelle pète aux nez des mouches à merde. Une ode à l'été, grands champs fleuris, soleil et douceur du sud.

En sortant de l'agence un chat se chauffait au soleil, assis sur le capot d'une voiture, le nez en l'air. Rien ne troublait son plaisir.