lundi 24 juin 2013

Demain est un nouveau jour.



Ne pas regarder la pluie qui tombe, mais se rappeler du soleil hier, flamboyant, alors que je lisais la délicatesse.

mercredi 19 juin 2013

Cueillez dès aujourd'hui...




Je me suis garée tout au bout de l'impasse et je suis sortie,  le vent léger comme une caresse, poser le pied sur le gravier, sentir chaque muscle à sa place, je suis là, j'ai le temps. Il est possible que j'arrive quelques secondes en retard à l'agence, qu'importe... Je suis allée au bout du bout de l'impasse pour cette rose, la regarder, la sentir, ce petit bout de vie...

La matinée passée, je suis repartie vers mon impasse, laisser derrière soi tous ces gens si hargneux... Tout au bout elle est là, le parfum exalté par le soleil lourd, fermer les yeux...

....

Sous le tilleul, désemparés, on hésite à se quitter, la journée s'est enfin terminée. Solène demande le chemin, perdue, elle n'aime tellement pas conduire, mais il faut qu'elle y aille... alors je me décide, viens, je t'emmène !"
Findrol après tout, ce n'est pas si loin, et j'ai moi aussi tant envie de la serrer dans mes bras, l'embrasser, lui dire combien je l'aime avant qu'elle ne s'en aille à Lyon.

Garance est allongée, elle sourit, qui pourrait penser que dans sa tête grandit une tumeur ?

jeudi 13 juin 2013

Petit moment de grâce

Je suis partie un peu plus tôt, à pied, et je plonge régulièrement mon nez dans les fleurs de sureau qui jalonnent le chemin, je vais faire un état des lieux, il fait beau. Les sureaux, les rosiers, le soleil, en ballerines je trotte, j'aime tellement les parfums qui éveillent les souvenirs de mon enfance.
Je longe la voie ferrée où les herbes ont envahi les rails, les oiseaux piaillent, dans un jardin une vieille dame chapeautée ratisse les gravillons en gestes lents, un chat traverse la rue et tout au fond les dernières cimes enneigées finissent de fondre.

Le locataire n'est pas là, pas encore sans doute, et puisqu'il fait beau je reste dehors et bavarde avec une dame qui jardine dans son jardin tout au fond de l'impasse. Il y a des iris énormes, des giroflées dorées, un cerisier qui n'est là que pour les oiseaux tant les fruits sont hors de portée. Son fils a demandé au jardinier de tout couper et l'on s'insurge devant ce massacre programmé, hors de question lui dit-on. S'il tient tant à tout raser,  qu'il fasse sa pelouse chez lui, mais laissons cette nature foisonnante s'épanouir encore. 

Et puis le locataire arrive, un peu grincheux mais qu'importe, ces quelques minutes valent de l'or et je quitte la dame en souriant, elle vient de dire que je suis jolie !

mardi 4 juin 2013

Nuit chaude à Strasbourg

Rue de la Haute Montée, à Strasbourg, septième étage sans ascenseur, trois cent mètres carrés, un puit de lumière au centre de l'appartement et à l'étage en dessous Lucie.
Nous avions très vite sympathisé, elle et ses quatre enfants aux noms de rockers, Johnny, Elvis, Vince, et Jimmy, moi la bohème énigmatique.
Tout la haut il n'y avait qu'un robinet d'eau froide, les toilettes sur le palier, trois immenses pièces, un couloir circulaire et pas de chauffage. A l'étage au dessous, baignoire, eau chaude, chaleur, amitié.
Je lui écrivais les mots qu'elle ne savait lire, elle me prêtait sa salle de bain et nous buvions ensemble des cafés en regardant Godard à la télévision.
Un jour que je venais de couper mon petit doigt en deux, celui ci pendouillant misérablement, retenu par un bout de peau qui miraculeusement n'avait pas cédé, elle avait tout laissé en plan, les enfants à l'école, m'avait conduite dans le seul centre SOS mains existant en France, juste à côté sur les quais.
Un autre jour elle m'avait frottée tout le corps à l'eau de javel pour tuer une gale dont je me croyais atteinte.
On se voussoyaient, elle connaissait mes tristesses, je connaissais ses malheurs, son amant, ses blessures.

Un soir alors que les enfants venaient enfin de s'endormir, nous buvions un café et bavardions tranquillement. Il faisait doux, la fenêtre était ouverte sur la cour tranquille, le ciel gardait les traînes d'un soleil depuis longtemps couché, l'homme de la maison ne rentrerait de la SEITA qu'aux premières lueurs du jour.
De temps en temps Lucie se levait, prenait la cafetière, nous versait une tasse, la reposait sur la plaque, et revenait s'asseoir sur le canapé, il faisait presque chaud, nous avions retiré nos gilets... Oui il faisait étonnamment chaud ce soir là.
Vraiment chaud d'ailleurs. 
C'était à moi de remplir les tasses, debout devant la fenêtre je regardais l'étage du dessous, celui où habitait le beau-frère de Lucie.
Tiens ? Baba ne travaille pas cette nuit ?
Si bien sûr, il est parti avec Yanek tout à l'heure.
Pourtant il y a de la lumière chez lui, comme s'il avait allumé des bougies.
D'un bond elle est à côté de moi, regarde les lueurs qui dansent derrière les volets de bois, pâlit, d'une voix blanche dit - il faut appeler les pompiers.

Derrière la porte fracassée d'un violent coup de botte, la fournaise terminait de ravager ce qui avait été l'appartement de Baba. 

lundi 3 juin 2013

jour tranquille à l'agence

Nous sommes au téléphone, de l'objet de son appel nous sommes passées au bavardage tranquille d'une rentrée de vacances. Je lui raconte un bout de Paris, elle me parle du match de rugby qu'elle ira voir, dehors le soleil tente de réchauffer ce jour venteux.

"Mais maintenant tu raccroches, on doit sortir, il y a le feu" dit Ludivine. Je lève les yeux étonnée, au bout du fil Chantal finit sa phrase. Ludivine est pâle, IL Y A LE FEU Il faut sortir, les pompiers le demandent  RACCROCHE ! Sans bruit, sans odeur, sans pompiers ? L'agence est si calme, mes jeunes collègues telle un bande de collégiens excités descendent l'escalier en riant, le soleil brille... Euh... Chantal je dois te laisser, il y a le feu. Prendre mon sac, mon iphone, mon cartable, bref coup d'œil, ne rien laisser de moi, souvenirs anciens... je sors.

Dehors le soleil et le vent, les habitants de l'immeuble se sont rassemblés dans un coin, l'agence elle, piaille et papote de l'autre côté, mais ni fumée ni feux ! Au loin les sirènes se rapprochent pendant que sort, soutenue pas ses voisins, celle qui vient par miracle d'être sauvée.

Alors nous levons les yeux vers cet étage où quelques minutes avant un jeune peintre travaillant au ravalement de façade avait, de son échafaudage, lancé un regard distrait dans l'appartement dont il refaisait l'encadrement de fenêtre. De la fumée noire s'échappe maintenant, et l'odeur caractéristique nous enveloppe, la dame pleure, assise sur un plot de béton, ses cheveux ont brûlé.

Le jeune peintre stupéfait avait vu l'appartement qui s'embrasait, la femme assise dans un fauteuil, absente...

La vie tient parfois à peu de chose...