jeudi 30 mai 2013

Danser sa haine

Je descendais la montagne Ste Geneviève, il faisait beau et tournait au dessus de ma tête un hélicoptère.
Je venais de déjeuner chez mes parents, n'avais plus qu'une heure avant de quitter la ville, au loin la rumeur sourde  montait jusqu'à moi, emplie de sifflet et de cris, mais la rue était paisible.
Certains passants tout de même tournaient la tête vers ce brouhaha qui enflait au fur et à mesure de ma descente, l'angoisse lentement montait, les cris et les sifflets ne laissaient plus guère de doute, ils étaient là !
Et brusquement je les ai vus, des centaines de personnes vociférant, habillées de rose et de bleu, agitant des drapeaux français et cucul-rose-bleu, le boulevard St Germain envahi.

Je me suis mise à trembler, la rage m'a submergée.

Ils avançaient, lentement, musique assourdissante, certains dansant sur un air de Cold Play, "Hollande touche pas à mon mariage, occup'toi d'mon chômage", "Pour que la manif continue, n'oubliez pas de donner à nos quêteurs qui sont là, n'oubliez pas donnez, participez à cette grande cause, donnez donnez..." "Hollande touche pas...

Alors sans regarder vers quoi, vers qui je fonçais, j'ai traversé, insultant sans retenue, cette masse niaise qui toute sourire vociférait sa haine de l'autre. 

Une fois rue de Bièvre, laissant derrière moi cette manifestation inhumaine, j'ai pensé à cette si belle soirée passée avec PascalRderien
Nous nous étions retrouvés au café Beaubourg, ses baskets bleues assorties à mon châle. Une réunion Meetic au dessus de nos têtes, deux coupes de champagne sur la table, instantanément à l'aise, nous avions parlé des heures, de chats, d'appart, de famille, d'amis et évidemment du mariage pour tous.

J'ai pensé à lui que l'on violentait de la sorte, au nom d'un Dieu bon et miséricordieux.

Fasse que s'il existe vraiment, il leur mette le nez dans leur caca d'une façon ou d'une autre.


mercredi 29 mai 2013

Y retourner

Il a plu évidemment, trois jours pleins, et des averses entre les rayons d'un soleil méritant. Mon parapluie a rendu l'âme, mes ballerines une fois bien détrempées ont fait place à une paire de baskets achetée en urgence dans un magasin bondé de touristes en quête de bottes de pluie ou n'importe quoi, pourvu que cela protège des ruisseaux et flaques d'eau.

J'avoue, dimanche soir mon moral s'est fichtrement cassé la gueule, mais C. était là, et ma première rencontre de blogueur mardi a effacé d'un coup toute la grisaille qui menaçait.

rue Montorgeuil 2ème arr.

Et après une semaine très dynamique, j'ai fini par un bel après midi avec Marloute et Leeloolène, la petite R. et un chat gris majestueux.

Je suis repartie en me jurant que je reviendrai, et qu'il ne faudra pas deux ans pour que je le fasse.

samedi 18 mai 2013

dépot de plainte

Distribution du courrier :

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vendredi 17 mai 2013

Paris ma douleur

Ces quelques mots mis en ligne l'autre jour et qu'une petite trentaine ont lus avant que je ne les efface parce que trop aigris, m'ont donnée beaucoup de grains à moudre.
 
Paris, ma douleur !

Il y a bien longtemps, je sortais de l'enfance, pataugeant dans l'angoisse et la tristesse, priant le ciel à chaque étoile filante de faire que mon avenir soit moins sombre que ne l'était ce présent, j'avais tout juste 12 ans.

Je vivais en province, partais chaque matin le cœur en vrac, dans cette école où je mourrais lentement. Le soir je regagnais mes rêves de princesse aimée et insouciante, le corps svelte, les cheveux caressant mes épaules.
Bien sûr je riais, je chantais, j'aimais, je n'étais qu'une petite fille romantique, que sa mère trouvait déjà trop ronde, mais malgré tout jolie.

Et puis un jour Paris est entré dans notre vie. Ma mère en a fait sa liberté.
Elle partait le mercredi matin avant que nous ne soyons réveillés, revenait le vendredi soir lorsque nous étions déjà couchés. Trois jours loin de nous, pour se retrouver, se reconstruire, elle était "en analyse". De là bas elle revenait heureuse, les yeux pétillants, les parisiennes si belles si chics si minces, la Capitale !
Et dans ses mots la province peuplée de ploucs m'engluait un peu plus dans mon mal être.

Alors pour ne pas me noyer, sans doute ai-je compris qu'en rejetant ce Paris formidable dont je ne ferai jamais partie je pourrai malgré cette tare d'être née en province, trop ronde et pas assez chic, construire un avenir, mon avenir.

Je dépose les armes, demain je serai à Paris.

mardi 14 mai 2013

le joli mois de Mai

J'étais partie cinq jours, suis reviendue, repars la semaine prochaine... que j'aime ce mois de mai !

Qu'importe les averses, la petite laine du matin, les gens chagrins, il me reste le lilas, le jasmin, les tomates cerises qui poussent sur le balcon. Le soleil qui éclaire jusqu'à point d'heure, la peau qui doucement prend des couleurs, les fenêtres ouvertes jours et nuits, décidément je ne suis pas une fille de l'hiver.

Samedi ou dimanche je monterai à la capitale, pour revoir ma mère plus vue depuis un an, et ma fille qui a traversé les océans deux jours durant, pour venir passer ses examens de fin d'année.
Une semaine de gris et de pluie si j'en crois les prévisions, faut-il que j'aime ma fille pour perdre une semaine de vie dans cette ville honnie.

Oui oui je sais, faut pas le dire, cette ville que le monde entier nous envie...

lundi 6 mai 2013

Poudre aux yeux

Songeuse, je contemple les petits tubes testeurs de fond de teint, essayant l'un après l'autre les textures, les couleurs, hésitant entre les différents bénéfices affichés. A la maison, le flacon de terracotta liquide, tête en bas, n'assurera plus qu'une petite semaine de maquillage, mais trop de choix me laisse indécise et je repars les mains vides.
Allez, j'ai encore toute une semaine et d'ici là grâce au soleil, un peu de poudre suffira peut être à me donner bonne mine.


Il me regardait intensément, couché sur le matelas à langer de fortune, fait de serviettes éponges trouvées dans la salle de bain de cette chambre où nous venions de passer la nuit. Je l'avais lavé, caressé, un peu massé avec une huile douce, un moment de tendresse avant les inévitables prises de sang, pesage, mesurage, palpations de toutes sortes. Nous étions arrivés la veille au soir, et si tout allait bien nous repartirions tout à l'heure en Haute Savoie, si tout allait bien...
L'angoisse me tenaillait le ventre, le jour n'était pas encore levé, l'hôtel était silencieux et sous la lumière crue de l'ampoule, son teint était blafard, mauvaise augure.
Mais il était l'heure, d'une main le sac de voyage, l'autre tenant fort le porte bébé je refermai doucement la porte de la chambre.
Dix minutes de marche rapide pour arriver au CHU du Kremlin, l'air vif, les trottoirs encore vides, en arrivant sur la place de la mairie, sous un réverbère, je regardais son visage si pâle, ils le garderont c'est sûr !
Alors, malgré le temps qui presse, je m'arrête, fouille dans mon sac, sort le petit boîtier de terracotta, caresse du pinceau son visage qui aussitôt prend des couleurs.
En arrivant dans le service, elles s’extasieront toutes sur ces bonnes joues ensoleillées par le soleil de Haute Savoie.
Le soir nous quitterons Paris.