mercredi 26 septembre 2012

S'alléger

Puisque le temps est à l'orage, que les peuples se soulèvent pour des âneries mal filmées, que les riches fuient le bateau pour garder leurs petits milliards au chaud, que les enfants meurent, que la banquise fond... j'ai besoin de fermer les écoutilles.
Avoir le moral en vrac ne sert à rien et ne fera pas avancer le monde. 
Je rentre dans ma coquille le temps du trajet au bureau. 
Finis les infos en continu, les Marine qui vocifère, les Copé et les Bertrand sirupeux, les Fillon qui, amnésique, donne des conseils à ceux qu'il considère illégitimes. Je glisse un disque dans le lecteur, et Mika me raconte l'origine de l'Amour. 
Et le soir, alors que défilent les images affreuses, je me lève, je débarrasse la table, je caresse Chamade et j'enfouis mon nez dans sa fourrure douce, je respire son odeur chaude, me berce dans ses ronrons.
A quoi cela servirait-il que je pleure et fonde dans la déprime, le monde ne s'en porterait pas mieux. Je fais ce que je peux, à ma toute petite échelle. Ne gaspille pas l'eau (d'ailleurs cela se voit sur ma consommation qui se réduit de facture en facture), choisis mes produits bio, mange bio, essaye d'être la moins désagréable qu'il soit,  fais tout pour que mes locataires soient bien et en sécurité chez eux. 

Dehors les oiseaux se rassemblent pour s'envoler au loin, les nuages moutonnent et roulent dans l'azur, les marrons brillants cachent le bitume et sur mon chemin, un arbre découvre un peu tard qu'il est temps de fleurir avant que ne tombent les premiers flocons blancs.

Bientôt ma fille sera là...

lundi 24 septembre 2012

Halte là !

Notre retour de vacances, malgré les kilomètres de vélo et brasse avalés, avait été ponctué par un bon kilo supplémentaire, nous qui n'avions vraiment pas besoin de cela pour avoir cet arrondi jovial si rassurant.
Qu'à cela ne tienne, nous étions restés sur notre lancée, sans pédalage et barbotage, la multiplication des pains !

Samedi dernier, clou de cette exponentialité, nous avions en très bonne compagnie, éclusé quelques bouteilles excellentes servies avec des mets délicieux et, comment dire, riches très riches.
Dimanche sonnait le glas de nos agapes, il était temps cette fois-ci, après des mois des années de tergiversation de mettre le holà.
Profitant de la semaine de jeûne de JP(*), je me suis mise au vert. Plus de caféïne, de chewing gum, de viennoiserie au bureau. Thé vert à la menthe, légumes à l'eau et poisson à midi et le soir, ahhh le soir, une soupe, une seule, mais quel délice.

Eh bien croyez moi, cette semaine loin d'être difficile, m'a redonnée le goût de bouger, de me pomponner, de retrouver un plaisir intellectuel oublié depuis longtemps, sans compter mon démarrage assez facile du cours de gymnastique hebdomadaire.

Alors dimanche, jour de reprise pour JP, je ne me suis pas jetée sur le pain, fromage et vin qui me semblaient il y a peu encore vital. J'ai simplement rajouté un peu de gras, et gardé ce qui a été une vraie découverte, le plat unique du soir, la soupe !
Le réveil moins embrumé et la bouche moins pâteuse, ce qui semble étonner Chamade qui vient humer avec circonspection l'haleine matinale comme un rite immuable, y est pour beaucoup.

Loin de moi l'idée de ne plus boire une goutte d'alcool, ou croquer dans un morceau de baguette camembert, mais je le ferai de façon parcimonieuse, par plaisir et non plus par gloutonnerie.

Il était temps !



(*) Depuis une petite année, JP fait une semaine de jeûne régulièrement, ayant constaté que cela calmait ses douleurs articulaires. Cela lui permet alors de lever un peu le pied sur les antidouleurs, divisant presque par deux les prises. Son jeûne consiste à boire un litre de jus d'ananas (bio du Togo, le seul qui ne lui procure aucune brûlure d'estomac) et d'avaler le soir une soupe légère de légumes.

mardi 11 septembre 2012

Rentrée

A peine plus âgé que C., Yaël a dès son arrivée, effacé tous souvenirs qui auraient pu encore s'accrocher tels des lambeaux vaporeux, de l'homme aux multiples casquettes (eh oui, juste avant de partir, Robert m'a rassurée sur son avenir, "Avec toutes mes casquettes, je n'aurai aucun mal à trouver un boulot" - C'est bien Robert, surtout ne change pas de cap).

J'ai donc un nouveau collègue, un futur partenaire, réservé (pour l'instant) agréable, le regard intelligent, rien qui ne fasse craindre une haleine de phoque, évidemment familier des ordinateurs. Je vais y aller doucement, ne pas lui faire peur, le cocooner, faire en sorte qu'il découvre toutes les facettes de ce boulot, et qu'il en apprécie la diversité et l'intérêt. 

Ce week end j'ai eu mes deux enfants au téléphone. C. va quitter son île dans quelques semaines, sans aucun doute cela lui sera déchirant, elle laissera derrière elle deux ans de bonheur qui lui auront donné pour l'avenir des souvenirs impérissables. Mais je l'ai sentie sereine, et je me permets maintenant de me réjouir de la revoir bientôt. JP lui imagine déjà leurs retrouvailles un jeudi matin alors que je serai au bureau. Il se prévoit une nuit blanche d'émotion la veille.
G. a repris la fac, plutôt content. Cet été, pour la première fois, il a travaillé, gagné un salaire. Un mois chez un vétérinaire, a tenir le secrétariat et être assistant durant les consultations et les opérations.


Chez Décathlon j'ai trouvé le pantalon et le tee shirt basiques qui me serviront de tenue pour mon cours de gym les mercredis soirs. Vais-je enfin me reprendre en main ?

jeudi 6 septembre 2012

Clap de fin

Voilà c'est fini, Robert remercié hier, il quittera de ce fait et son poste et mon blog.

Il est tombé des nues, en revenant de son entretien m'a foudroyé du regard "Tu vas être contente, je quitte l'agence vendredi".
Inutile de lui dire que la décision ne m'appartient pas, que je suis loin d'être la seule soulagée. Calmement, sans émotion je lui ai répondu que lui aussi devait sans doute être content, puisque à l'entendre depuis deux mois il ne trouvait guère de plaisir à ce boulot.

Lorsqu'il a été recruté mes premiers mots avaient été enthousiastes, pour lui, pour la chance qu'il avait eu en tombant là. Bonne ambiance, pas de routine, beaux locaux, super matériel, treizième mois, intéressement conséquent... Il m'avait regardé curieusement, comme s'il avait en face de lui une erreur.
Je crois bien que Robert ne tenait pas tant que ça à trouver du travail et que le hasard lui avait joué un tour lorsque la seule lettre envoyée en deux ans pour chercher un emploi avait non seulement été lue, mais qu'il avait été choisi.

Il ne lui a pas fallu longtemps pour digérer la nouvelle, quelques minutes à peine, sur son visage il ne pouvait cacher son soulagement.

Robert va retourner dans sa petite maison, avec bobonne qui bosse,  il bichonnera sa moto des heures durant et plus jamais ne bidonnera son CV, bien trop risqué.

Bon vent Robert !

mercredi 5 septembre 2012

Le coq-con

Voilà, maintenant tout roule, Robert est fier de lui !

Il sifflote, heureux d'avoir mis au pas ces bonnes femmes qui pensaient lui dicter son travail Non mais ! Robert, il arrive le matin pile à l'heure, déballe son baluchon, la popote faite par moman qu'il met au réfrigérateur, la serviette en papier qu'il range dans son tiroir vide de tous document, la fourchette et le couteau juste à côté. Puis Robert allume l'ordinateur, ça il sait faire, et regarde son planning. Pffrrr il soupire, bruyamment, rouspète, tapote la table et déplie son plan. Robert est en surchauffe, Robert n'est pas d'ici, Robert est de Paris.

 Des années qu'il habite en Haute Savoie, mais Robert est de Paris !

Le GPS programmé, les plans rapprochés, éloignés, à côté, tous bien imprimés et en couleurs, Robert se perd chaque jour dans cette contrée si éloignée de Paris. C'est un boulot trouver une rue, même si la veille déjà il y a fait un état des lieux, Robert à des passages à vide dans son cerveau.

Chaque jour il faut lui répéter, "Robert n'oublie pas les clefs, Robert prend un document vierge, Robert demande l'assurance, Robert..." Robert oublie mais c'est de la faute de ces bonnes femmes qui lui disent rien.

Robert est fier de lui, tout roule !

Et puis tant de choses amusent Robert, ces arabes aux drôles d'accents, ces anglais qui cherchent leurs mots, il adore ça le Robert. Ces yeux cherchent la complicité d'autres yeux qui voudraient comme lui ricaner. Ah là là c'est si bon de voir que l'on fait partie de la race supérieure, le Robert est si fier de lui, pas grave si ses collègues gardent obstinément les yeux baissés pour ne pas croiser les siens.

Ah oui vraiment, Robert est très content, ce boulot l'attendait, ils se sont bien trouvés !